Article d'une publication
Architecture de l’imaginaire
Quelques années après la découverte de la Shoah, Adorno déclarait que la poésie était impossible. La lenteur de la parution des fictions traitant de cette période a pu sembler lui donner raison: il a fallu, après la fin de la guerre et le retour des rescapés, des années pour qu’émerge ce qu’on appelle maintenant la littérature de la Shoah. Des années pour comprendre ce qui s’était passé, des années à compiler des témoignages, des artefacts, des aveux. Des années aussi pour que les œuvres, images et témoignages soient lus, vus et acceptés. Avec les attentats du 11 septembre, la question du témoignage, ou plus simplement de la réponse, à ce que l’on pourrait appeler un traumatisme historique ne se pose pas de la même manière. Avant tout, poètes, écrivains, cinéastes et artistes n’ont pas eu à attendre pour voir : les attentats ont eu cette particularité de transformer le monde entier en témoin privilégié de ce qui se passait à New York.