Table ronde, 6 février 2013

Quel après pour le post-? Débat sur l’héritage du postmodernisme américain

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Le 6 février 2013 s’est déroulée au Café-bar de la Cinémathèque québécoise une table ronde, organisée par le comité étudiant de Figura, intitulée «Quel après pour le post-? Débat sur l’héritage du postmodernisme américain». Simon Brousseau, Moana Ladouceur et Sébastien Sainte-Croix Dubé ont échangé leurs réflexions au sujet de l’héritage du postmodernisme et leurs points de vue sur les courants dominants de la scène littéraire américaine.

Communications de l’événement

Moana Ladouceur

Que faire de la part métafictionnelle des oeuvres contemporaines?

«J’ai préféré laisser la parole à des chercheurs qui, comme les auteurs qu’ils étudient, ont vécu l’époque postmoderne sans lui appartenir vraiment. Littérature post-postmoderne. Critique post-postmoderne. Pour moi ça allait de soi.»

Moana Ladouceur est doctorante en études littéraires à l’UQAM. Après s’être penchée à l’occasion de son mémoire de maîtrise sur Dave Eggers et son usage paradoxal de la métafiction comme destruction/renforcement de l’illusion référentielle, elle s’intéresse maintenant à Kazuo Ishiguro et à la possibilité de l’engagement littéraire postmoderne dans tout ce que cet engagement peut avoir d’euphémique, de silencieux et d’ambigu. Ses intérêts de recherche portent sur la littérature contemporaine, du postmodernisme à aujourd’hui, et plus particulièrement sur les productions anglaises et américaines.

Simon Brousseau

La plongée dans le réel de David Foster Wallace

«David Foster Wallace est un drôle d’oiseau. Dans un entretien de 1993, alors que la rédaction d’Infinite Jest était bien entamée, il a affirmé, je le cite, “être le seul postmoderne qui vénère sans réserve Tolstoi”. Dans le même entretien, il situait son recueil Girl with Curious Hair dans la tradition moraliste. Il disait appartenir à une génération qui ne possède aucun héritage moral et croyait que l’écrivain contemporain doit d’abord et avant tout aborder la question des valeurs partagées. Tout ça ne cadre pas tellement avec le postmodernisme. On a même parfois l’impression, en exagérant un peu, que Wallace se rapproche de l’argumentaire avancé par John Gardner en 1979 dans son livre On Moral Fiction où celui-ci qualifiait les écrivains postmodernes de dangereux nihilistes dont les oeuvres ne pouvaient prétendre au statut d’art véritable.»

Simon Brousseau a complété un doctorat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal. Il prépare une thèse, sous la direction de Bertrand Gervais, à propos du retour du sujet et de la problématisation de l’héritage postmoderne dans l’œuvre de l’écrivain américain David Foster Wallace. Il est le directeur adjoint de Salon double.

Sébastien Sainte-Croix Dubé

La postmodernité est une bête, une bête grise

«La postmodernité, c’est une bête ça, une bête grise aux limites physiques encore méconnues et, malgré sa mystérieuse apparence, cette petite bête a été beaucoup trop abusée. Rares sont les terminologies, tous domaines confondus, ayant connu une aussi large expansion. Une expansion que nous peinons, cinquante ans après les premiers balbutiements lancés par Baudrillard, Jameson et Lyotard, à définir unilatéralement. Les confusions et les nuances autour du terme sont si nombreuses qu’il est difficile d’en discuter simplement. Toujours est-il que nous sommes coincés avec ce mot et tous les écrits qui l’accompagnent. Par chance, la bête laisse des traces, des empreintes récurrentes, qui nous permettent de la traquer. Il s’agit de thèmes, de mouvements, de principes qui, par leur accumulation et leur superposition, en viennent à être connotés comme un ensemble de schèmes dit postmoderne.»

Sébastien Sainte-Croix Dubé erre dans la jungle uqamienne quelque part entre sa maîtrise en études littéraires et la bièrologie. Critique, cinéphile, insomniaque et brasseur de bière, il participe entre autres à la revue en ligne Pop-en-Stock, à l’Artichaut ainsi qu’à l’atelier de géopoétique La Traversée. Son champ d’études gravite autour de la culture du divertissement et de David Foster Wallace. La postmodernité est donc pour lui rien de moins qu’une pure obsession.

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