Colloque, 13 avril 2018

Le mouvement inuit des #sealfies: l’humain et le phoque en métamorphose dans l’écran digital

Alexia Pinto Ferretti
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L’animal et l’humain. Représenter et interroger les rapports interespèces, événement organisé par Jérôme-Olivier Allard, Fanie Demeule, Marion Gingras-Gagné et Marie-Christine Lambert-Perreault

À l’hiver 2014, le phénomène des #sealfies sur les plateformes Twitter et Facebook a retenu l’attention des médias canadiens. L’élément déclencheur du mouvement fut un égoportrait réalisé par la présentatrice américaine Ellen Degeneres avec des vedettes hollywoodiennes lors des Oscars. Degeneres aurait ensuite décidé de verser publiquement son cachet à la Humane Society of the United States, un organisme se positionnant historiquement contre la chasse aux phoques dans le Grand Nord canadien. Pour répondre à ce geste, plusieurs Inuit commencèrent à diffuser sur les réseaux sociaux des égoportraits dans leurs plus beaux habits faits de peaux de phoque, d’où le jeu de mot «sealfie», pour mettre de l’avant que leur mode de vie traditionnel préconise un type de chasse responsable. Cette présentation visera d’abord à expliquer les différentes dynamiques propres à ce mouvement en abordant l’épineuse relation entre les Inuit et les organismes s’opposant à la chasse aux phoques. Par ailleurs, le terme #sealfie mérite d’être approfondi puisqu’à travers la conjonction des mots anglais self et seal, l’identité inuit s’unit à celle de l’animal dans l’espace d’une photographie. Plus qu’un simple jeu de mots, ce terme illustre la croyance chamanique présente dans plusieurs récits mythologiques inuit (ex: Sedna) relatant que les animaux possèderaient une âme ou se métamorphoseraient en humain et vice versa. Le court-métrage Tungijuq (Félix Lajeunesse, 2009) ou les oeuvres de l’artiste originaire du Nunavik Ulaayu Pilurtuut sont d’autres exemples contemporains qui illustrent cette vision holistique de l’environnement où les identités des êtres vivants sont interchangeables. Ces différents cas seront analysés comme des pistes de compréhension qui traduisent certes de l’importance de la chasse chez les Inuit, mais aussi de leur respect de la vie animale et plus largement du cercle de la vie. [Texte d’Alexia Pinto Ferretti]

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