Colloque, 9 juin 2022

Des lettres aux œuvres? Les échanges épistolaires de Françoise de Motteville et Anne-Marie-Louise d’Orléans

Fanny Boutinet
couverture
Femmes en correspondances (XVIIe-XVIIIe siècle), événement organisé par Nathalie Freidel, Emma Gauthier-Mamaril et Judith Sribnai

Dans sa communication, Fanny Boutinet s’intéresse aux échanges épistolaires de Françoise de Motteville et Anne-Marie-Louise d’Orléans durant l’année 1660. Ces échanges lui permettent dans un premier temps d’observer l’importance de réseaux épistolaires féminins au sein de la cour de France. Elle aborde ensuite les rapports de continuité entre la production épistolaire de ces autrices et leur travail de mémorialiste. Ce second temps envisage la question de la littérarité des lettres et leur rôle dans la construction d’une œuvre scripturaire plus vaste.

L’année 1660 marque la fin de l’itinérance de la cour à la frontière espagnole. Ce voyage est l’occasion de vifs échanges entre les dames de la haute aristocratie, les unes ayant suivi la cour alors que les autres, restées chez elles, attendent des nouvelles régulières. Françoise de Motteville, ainsi que Mademoiselle de Vandy, au service d’Anne-Marie-Louise d’Orléans, remplissent ce rôle de «correspondantes» auprès de la comtesse de Maure et des marquises de Sablé, du Plessis-Bellière et de Montausier, soit les anciennes habituées de l’hôtel de Rambouillet. La teneur historique de ces échanges explique leur conservation par Valentin Conrart, qui copie deux de ces lettres. À cette exception près, cette correspondance féminine est aujourd’hui perdue. La dimension extraordinaire du voyage de cour et les écrits qui l’accompagnent permettent ainsi d’observer ce réseau féminin et curial invisibilisé par la disparition des documents. Les lettres-relations se doublent d’échanges mondains et littéraires dont la publication restreinte matérialise un réseau de lectrices. Françoise de Motteville et Anne-Marie-Louise d’Orléans entament un dialogue épistolaire, fortement inspiré des romans pastoraux, qui doit publiquement témoigner de leur fine culture lettrée. La diversité des productions épistolaires de ces deux autrices polygraphes nous conduira à envisager les circulations qui s’établissent chez elles de l’écrit épistolaire à l’écrit mémoriel, le premier se révélant un riche matériau pour l’écriture de leurs mémoires.

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