Article d'une publication

Twilight of the Superheroes

Chloé Tazartez
couverture
Article paru dans Nouvelles, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Eisenberg, Deborah. 2007. Twilight of the Superheroes. New York: Picador, 225p.

  

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Les attentats du 11 septembre 2001 ouvrent ce recueil de nouvelles. S’il n’en est plus fait mention au cours des autres textes, leur ombre plane néanmoins sur la société américaine qui y est décrite. Le recueil se ferme sur un adolescent, Oliver, qui a passé les premières années de sa vie à l’étranger, et qui semble avoir été marqué par son expérience là-bas, notamment par un attentat dont ses parents et lui auraient été témoins. Nous sommes au début du 21e siècle. Nathaniel imagine comment il raconterait à ses futurs petits-enfants la fin du siècle précédent et le début du 21e, Lucien est pétrifié après les attentats, se sentant vieux et se demandant comment les livres d’histoires rapporteront ces événements du 11 septembre. Les autres nouvelles du recueil nous présentent des personnages désillusionnés, qui ne croient plus en un futur, qui n’ont plus confiance en eux et qui ne comprennent plus le monde dans lequel ils évoluent. À l’image du superhéros de Nathaniel, Passivityman, il semble qu’ils ont perdu leurs super-pouvoirs, et qu’ils s’enfoncent dans un léthargie mortifiante. La prise en charge de la vieillesse, la folie, la solitude, sont autant de thèmes abordés dans ces nouvelles.

  

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Recueil de nouvelles

   

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Nous avons à faire le plus souvent à un narrateur hétérodiégétique avec une focalisation interne sur certains personnages. La première nouvelle, qui donne son titre au recueil est subdivisée en plusieurs sous-parties titrées, ce qui donne un aspect assez fragmenté à la narration. Les autres nouvelles ne présentent une division qu’en paragraphes.

   

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est plutôt particularisée. La première nouvelle (la seule où il est directement question des attentats), se déroule principalement à New York. Nathaniel et ses amis habitent dans un appartement qui possède une vue sur les tours, l’Empire State Building et la statue de la liberté. Ils sont aux premières loges pour assister aux crashs des avions. Il est fait allusion aux autres avions seulement lorsque Lucien prend lui-même un avion dans lequel on demande aux chrétiens de lever leur main, puis de donner leur sentiment sur leur foi. Il pense que l’avion dans lequel il se trouve aurait pu très bien être détourné, qu’il n’y a aucun moyen d’être sûr du contraire.

   

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

i) Les événements sont présentés par bribes, ou bien ils sont sous-entendus. Nous n’avons que la description du crash des deux avions dans les tours jumelles, et cela reste une image furtive, suspendue dans le temps. La description vise davantage la transcription de la sensation que les témoins ont pu avoir, que la précision des faits. Les événements reviennent à plusieurs reprises durant la nouvelle, à une fréquence qui augmente un peu au cours du récit. Ils sont le point de non retour, le mur insurmontable. ii) Le métro et l’avion sont mentionnés, mais ils ne sont pas mis en scène et ne possèdent pas de fonction symbolique forte. iii) Les médias et moyens de communication sont quasi inexistants durant tout le recueil de nouvelles.

   

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Les personnages de la première nouvelle du recueil, «Twilight of the Superheroes», sont des témoins directs des attentats, il est même question à un moment des possibles débris qui ont pu tomber dans les verres de Nathaniel et ses amis, alors qu’ils se trouvaient sur la terrasse de leur appartement (p.16). Les avions sont passés presque au-dessus de leur tête. Lucien, lui, a entendu quelque chose, puis il lui a semblé que la télévision annonçait un événement, il est sorti de sa galerie et a vu la fumée. Puis il s’est rendu sur le site pour tenter de retrouver Nathaniel. Nous avons le point de vue d’un jeune homme et celui d’un homme d’âge mûr, tous deux vivant à New York.Chacun aborde les événements en rapport avec sa vie personnelle, individuelle. Les personnages se replongent dans leur passé et tentent vainement d’imaginer un avenir. Lucien se demande de plus la réception qu’auront ces événements dans le futur, en tant que faits historiques. Il se demande comment ils seront racontés dans les livres d’histoire, comment ces livres seront illustrés et quelle sera l’attitude des élèves face à ces pages de l’histoire qu’ils devront tourner. Dans les autres nouvelles, le 11 septembre rôde, mais il n’est jamais fait mention des liens que les personnages pourraient avoir avec les attentats. La seule chose évidente, c’est que les personnages sont tous des Américains qui vivent dans la société de l’après-11 septembre.

  

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Pas de son.

  

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Pas de travail iconique.

  

Autres aspects à intégrer

N/A

   

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

Deborah Eisenberg is nearly unmatched in her mastery of the short-story form. Now, in her newest collection, she demonstrates once again her virtuosic abilities in precisely distilled, perfectly shaped studies of an American reality that has become increasingly chaotic, brutal, and out of control, both personally and politically. From a group of variously ambitious sublet just across from the World Trade Center in the year 2000; to a family whose tranquility is strangely poisoned by its years spent in poor foreign lands; to the too-painful love of a brother for his schizophrenic sister, whose life embitters him to the very idea of family, Eisenberg widens her range to focus her impeccable eye on a terrifying contemporary world in which «everything that happens is out there waiting for you to come to it.»

   

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

«[Transfuge – ]Alors, que signifie votre titre ? Ce que je voulais dire, c’est que ce n’est pas un hasard si tous les superhéros de bandes dessinées ont autant marqué la mémoire collective : ils incarnaient cette mythologie qui permet à une culture de comprendre ses fondements et donc de se renforcer. Mais, très vite après le 11 septembre, l’image des États-Unis a changé pour être celle d’un pays vengeur, sadique et vénal, un pays haïssable. La politique extérieure américaine n’avait pas profondément changé, non. Mais ce que j’ai senti, c’est que les Américains ont été vite persuadé qu’ils envahissaient l’Irak ou l’Afghanistan pour voler leurs ressources naturelles ou pour s’imposer, par la force brute, dans une région stratégique. Bref, face à une telle politique étrangère américaine, nous avions soudainement un sentiment de honte, de déshonneur, d’impuissance. Il est donc devenu très difficile de s’accrocher à cette image de gentils géants et de superhéros. Le titre de l’opéra de Wagner, le Crépuscule des dieux, se traduit en anglais par Twilight of the Gods. The Twilight of the Superheroes me parut donc une bonne adaptation du titre de l’opéra de Wagner – avec cette grandiosité ridicule, cette sentimentalité de bande dessinée et cette colère évidente. (…) [Transfuge] Dans la plupart des nouvelles du Crépuscule des superhéros, apparaissent en arrière-fond les Twin Towers s’écroulant, comme si la blessure du 11 septembre demeurait dans l’esprit de chaque Américain en permanence… J’ai écrit la plupart de ces nouvelles entre 2001 et 2005, une période cruciale pour notre pays. Depuis ma naissance, en 1945 jusqu’à très récemment, vivre dans ce pays signifiait vivre dans la stabilité et la sécurité. La middle class, s’épanouissant chaque jour un peu plus, était habitée par la supposition générale d’une prospérité invulnérable, aussi illusoire qu’ait pu être cette supposition. L’attaque cataclysmique de ces deux tours, choisies comme emblème graphique de la suprématie du commerce américain, a cristallisé quelque chose en nous. Non seulement le 11 septembre a représenté la violence et la colère qui pouvaient être dirigées contre notre pays, mais très vite, cette image a aussi justifié la violence et la colère de notre propre gouvernement. Il y a une grande colère à New York, ces dernières années, un réveil des consciences. La sérénité a disparu, et peut-être que c’est tant mieux. [Transfuge] Dans la première nouvelle du livre, vous décrivez la vie à New York après le 11 septembre comme une vie dans “un film de propagande”… Oui, chacun se donnait un mal fou pour se persuader que rien n’avait changé à New York. Cela demandait un effort considérable et, comme toute propagande générée par une source identifiable, cela fonctionnait: les habitants de New York ont ainsi suspendu leur esprit critique.» «Le grand entretien: Deborah Eisenberg», Transfuge, n°26, janvier 2009, pp.49-55

   

Citer la dédicace, s’il y a lieu

For my darling Wall.

  

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

   

Impact de l’œuvre

L’impact de l’oeuvre m’est inconnu.

  

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Dans ce recueil de nouvelles, les attentats frappent dès le premier récit et les deux avions qui percutent les tours jumelles constituent des images qui hantent et obsèdent les personnages. Après cette entrée en matière directement dans le vif du sujet, il est intéressant de constater que s’il n’en est plus fait mention dans les nouvelles suivantes, les attentats les conditionnent tout de même. Cet aspect un peu fantomatique des événements les présente comme ce qui ne peut pas être effacé, ignoré ou bien surmonté: «waiting for that day to not have happened. But il had happened. And now it was always going to have happened.» (p.28). Toute la valeur donnée aux attentats se situe dans ces trois courtes phrases. Ils deviennent un mythe, une figure qui se trouve derrière tout ce dont il est question dans la vie de personnages américains.

   

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

«Well sure, who knows where Russel had been? Who knows where he would have been on that shining, calm, perfectly blue September morning when the rest of them were here having coffee on the terrace and looked up at the annoying racket of a low-flying plane? Why should they expect Russel – now, nearly three years later – to imagine that moment out on the terrace when Lyle spilled his coffee and said, “Oh, shit,” and something flashed and something tore, and the cloudless sky ignited.» (pp.11-12)

«Oh, that day ! One kept waiting – as if a morning would arrive from before that day to take them all along a different track. One kept waiting for that shattering day to unhappen, so that the real – the intended – future, the one that had been implied by the past, could unfold. Hour after hour, month after month, waiting for that day to not have happened. But il had happened. And now it was always going to have happened.» (p.28)

   

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

N/A

   

Couverture du livre

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