Colloque, 17 mars 2011

Tristes topiques. Nature, culture et capitalisme «sauvage» chez Michel Houellebecq

Sylvain David
couverture
Économie et fictionnalité dans la France moderne et contemporaine, XIXe-XXIe siècles, événement organisé par Christian Biet, Stéphanie Loncle et Martial Poirson

Dans Extension du domaine de la lutte, le premier roman de Michel Houellebecq, le narrateur a pour particularité, notamment, de produire des fictions animalières, soit des petites fables à significations paraboliques qui mettent en scènes un bestiaire varié.

Dans l’une de celles-ci, un chimpanzé est fait prisonnier par une tribu de cigognes et il déclare: «De tous les systèmes économiques et sociaux, le capitalisme est sans conteste le plus naturel. Ceci suffit déjà à indiquer qu’il devra être le pire.» Une telle vérité n’est apparemment pas bonne à dire car, pour avoir proféré de telles paroles, le singe se voit immédiatement mis à mort par les cigognes.

On a donc finalement un paradoxe qui se profile: d’une part on a un capitalisme naturel, ce qui est relayé par la mise en scène d’animaux, mais qui est assimilé au pire, ce qui est connoté par la mise à mort du singe.

Sylvain David est chercheur régulier à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Il fait aussi partie du programme de recherche interdisciplinaire RADICAL (Repères pour une articulation des dimensions culturelles, artistiques et littéraires de l’imaginaire contemporain). Il est professeur agrégé au Département d’études françaises de l’Université Concordia, où il enseigne la littérature du XXe siècle et la littérature contemporaine. Ses recherches actuelles portent sur l’imaginaire de l’«après» dans le roman et l’essai français depuis l’après-guerre et sur le mouvement punk comme esthétique et éthique. Il est l’auteur de l’essai Cioran.

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