Colloque, 9 juin 2022

La conversation éternelle: Jeanne Guyon dans ses lettres à Fénelon (1688-1690)

Bastian Felter Vaucanson
couverture
Femmes en correspondances (XVIIe-XVIIIe siècle), événement organisé par Nathalie Freidel, Emma Gauthier-Mamaril et Judith Sribnai

Bastian Felter Vaucanson s’intéresse à la relation entre style épistolaire et théologie dans les lettres de Mme Guyon, en particulier celles à Fénelon (1688-1690). Dans cette communication, il montre que la stratégie épistolaire de Mme Guyon s’appuie sur une tradition érasmienne qui associe des topoi épistolaires, tel que la naturalité de la conversation privée et l’amitié, à une théologie néo-platonicienne centrée sur la relationnalité de l’être divin, et de la création. Il poursuit en proposant que les lettres de Mme Guyon à Fénelon doivent être définies comme des lettres spirituelles privées conçues pour faciliter l’énonciation d’une théologie dite «mystique» à l’époque, mais qui se comprend elle-même comme une pratique dévotionnelle plutôt que comme un savoir théorique, et qui pour cette raison ne peut être exprimée à travers la dogmatique formaliste de la théologie institutionnelle. En d’autres termes, il soutient qu’il faut lire Mme Guyon comme une épistolaire érudite et que l’on risque reproduire sa condamnation contemporaine en la lisant comme une voix marginalisée. Même si sa position théologique ne pouvait être incorporée dans la théologie institutionnelle de l’Église catholique, elle était l’une des principales représentantes d’une tradition qui a influencé d’importants théologiens à Versailles, à Rome et dans les monde protestant. Le médium épistolaire était essentiel à ce succès.

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