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Words Written in Dust. Percer la façade brillante des tours

Annie Dulong
couverture
Article paru dans L’atelier de l’écrivain 2, sous la responsabilité de Le groupe Interligne, Denise Brassard, André Carpentier, Louise Dupré et René Lapierre (2010)

La poussière est tombée. Ce ne fut pas lent. Elle s’est abattue sur tout ce qui se trouvait à proximité, a recouvert objets, visages, hommes, femmes, voitures, chaussée. Elle ne se ressemblait pas: elle dont le mouvement est silencieux, imperceptible, elle dont on constate avec étonnement la présence, elle s’est abattue, en quelques minutes, en même temps que ce bruit ressemblant à un coup de vent. Elle a pétrifié chaque objet, comme si elle avait interrompu quelqu’un au milieu d’une phrase. Elle continuerait à tomber, lentement, jusqu’à ce que de fine couche elle devienne épaisse de quelques centimètres, comme une neige folle. Elle feutrerait les pas, les bruits, elle envelopperait le Lower Manhattan de silence. Elle se solidifierait, plus tard, au fil des jours, des semaines, des mois, enveloppant les tasses, assiettes et mannequins, fruits et pâtisseries, les pétrifiant comme ces objets retrouvés intacts sur l’épave du Titanic. Des natures mortes.

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