Séminaire du CRIST, 15 décembre 2017

Le fantastique et l’horreur à l’écran

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Le vendredi 15 décembre 2017, la séance, Le fantastique et l’horreur à l’écran, a accueilli Sophie Ménard (UQAM), pour une conférence intitulée «Hitchcock et les oiseaux, ou l’art de dénicher et de faire peur», et Elaine Després (UQAM) pour une conférence intitulée «Migrants, autochtones, mythes et monstres dans The X-Files».

       

Communications de l’événement

Sophie Ménard

Hitchcock et les oiseaux, ou l’art de dénicher et de faire peur

«En découvrant The Birds de Hitchcock, paru en 1963, beaucoup de spectateurs se sont posé cette question relayée dans le film par la jeune Cathy Brenner: “What’s the matter with all the Birds?”.

Plusieurs explications ont été avancées, essayées puis rejetées par le célèbre cinéaste: la responsabilité des Russes dans les attaques aviaires, l’obsession nucléaire de l’époque ou encore la révolution des oiseaux dirigée par une sorte d’hirondelle Castro faisant référence à la crise de Cuba et à l’échec de l’invasion de la Baie des cochons.

Ces hypothèses sociohistoriques qui ancrent le film dans l’imaginaire social américain sont pourtant délestées de la version finale de l’oeuvre, qui reste volontairement fuyante et évasive sur la nature de la conduite inouïe des oiseaux de Bodega Bay. Le film garde toutefois la trace de plusieurs autres fictions virtuelles, moins historiques, qu’il délègue aux personnages. De la tempête maritime qui attire les oiseaux vers la terre, aux problèmes de migration et d’orage, en passant par la fin du monde, la pleine lune, le démon, la déclaration de guerre la rébellion de la nature contre l’homme, on peut dire que le spectre rationnel et irrationnel des solutions est hétérogène.»

Elaine Després

Migrants, autochtones, mythes et monstres dans «The X-Files»

«Une série comme The X-Files est loin de procéder à une simple remédiation du folklore qui serait perçu comme un corpus déterminé et immuable de récits dont on pourrait jouer à identifier des éléments tous au long des épisodes. En cela, la série ne serait pas une grande réussite.

La série problématise plutôt le déracinement, l’acculturation, la résistance à travers le surgissement de monstres issus de folklores déracinés, dans une Amérique, au contraire, enracinée. Ces monstres qui surgissent sont souvent hybrides, mettant de l’avant le fantasme de syncrétisme de la culture américaine. The X-Files est un champ de bataille pour les croyances et les régimes cognitifs coexistant entre et dans les communautés. L’obsession de la vérité que met en scène la série à travers la quête de ses personnages est constamment mise en échec, mais pas dans un relativisme nihiliste. L’image télévisuelle demeure crédible à la fin et trace d’un réel, qui finit par n’être accessible que par la multiplication des perspectives et des récits.»

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