Hors collection, 01/01/2010
L’OIC: un environnement de recherches et de connaissances
Un des principaux projets du Laboratoire NT2, du centre Figura et du programme de recherche interdisciplinaire RADICAL (Repères pour une articulation des dimensions culturelles, artistiques et littéraires de l’imaginaire contemporain) ces prochaines années, est de développer de façon importante l’Observatoire de l’imaginaire contemporain (OIC).
L’Observatoire se présente comme une plate-forme encyclopédique en ligne consacrée à la compréhension de l’imaginaire contemporain, dans ses aspects artistiques, littéraires et culturels, ainsi que théoriques et épistémologiques, et porte sur les productions esthétiques actuelles, leurs principes et fondements, leur poétique, leurs objets, leurs effets de lecture et de spectature. Cet Observatoire est conçu comme un environnement de recherches et de connaissances (ERC), c’est-à-dire une ressource complexe mise en ligne, offrant des résultats de recherche et des strates d’analyse permettant d’exploiter un thème et d’animer une communauté de chercheurs.
Un ERC n’est pas simplement une vitrine ou un site d’informations institutionnelles, mais une ressource dynamique, organisée et en développement continu. Il est un lieu de diffusion de recherches, ouvert à tous et déployé en temps réel, permettant de dynamiser une communauté et d’exploiter un champ de façon soutenue.
Une telle ressource est à la culture de l’écran ce que le codex est à la culture du livre, c’est-à-dire son dispositif premier d’organisation, de transmission et de valorisation d’information. L’idée des ERC n’est pas nouvelle, un site comme Wikipedia en fait aisément la preuve, tout comme Érudit, le portail de revues, de dépôt d’articles et d’ouvrages électroniques. En fait, depuis l’ouverture du cyberespace, elle est en progression constante, et les avancées du web 2.0 en simplifient grandement l’organisation. Si l’idée n’est pas nouvelle, il convient de compléter sa conceptualisation, dans la perspective d’une utilisation, dans un projet comme l’OIC, de ses principes organisateurs.
Premier constat: un ERC est un foyer d’activité de recherche. Il n’est pas qu’un lieu de diffusion, il est une occasion de recherche, un principe organisateur, tout comme le livre ou la revue savante. Il est évident que la diffusion sur Internet des données recueillies et des résultats de leur utilisation permet le développement organique de communautés de chercheurs préoccupés par les mêmes thèmes et objets de recherche. Cette diffusion offre en temps réel un transfert permanent des données. Les résultats sont rendus disponibles au fur et à mesure de leur élaboration, ce qui favorise la diffusion, la validation ainsi que la participation des utilisateurs, auxquels sont fournies des données organisées et préalablement traitées, qui appellent des analyses et des modalités subséquentes d’appropriation.
Deuxième constat: un ERC permet le renouvellement des stratégies de diffusion de la recherche. Il favorise la diffusion de résultats intermédiaires de recherche, ce qui permet d’occuper ouvertement un territoire de recherche, de rendre présent des parties du processus de recherche (plutôt que les seuls résultats finaux), de susciter des collaborations, de dynamiser une communauté de chercheurs, etc. Le Répertoire ALH du NT2 est un exemple d’ERC. Le Répertoire est une base de donnée en ligne témoignant de l’apparition d’une culture de l’écran, par le biais des arts et des littératures hypermédiatiques. Il vient constituer une ressource originale, car les œuvres identifiées et décrites n’avaient jamais été réunies en un véritable catalogue. Sur la base de ce Répertoire, ont été développé des outils et des espaces d’échange et de communication, afin non seulement de témoigner d’une culture naissante mais de participer à son essor: des fiches bonifiées, des cahiers virtuels, des dossiers thématiques, des web films sur le processus créateur, etc.
Troisième constat: un ERC s’inscrit entre les deux pôles traditionnels d’un programme de recherche. Le premier pôle d’un tel programme est l’idéation initiale et, dans sa forme institutionnelle, la demande de subvention, rédigée, approuvée, financée. Le deuxième pôle est la diffusion des résultats finaux de la recherche (monographie, collectif, article scientifique, œuvre, etc.). Entre les deux se déploie un processus complexe de recherche qui comprend collectes de données, recherches bibliographiques, acquisition des données, description et interprétation des données, formation d’assistants de recherche, développement d’arguments complexes, diffusion des premiers résultats de recherche, (en groupe de recherche, en séminaire, en journée d’études, en cahiers de recherche). L’utilité des ERC est de rendre disponible une partie de ces étapes et de leur accorder une visibilité plus soutenue, par une présence continue dans Internet.
Quatrième constat: un ERC contient une diversité de documents et d’informations. Les documents peuvent être des originaux, rédigés et conçus pour l’ERC, ou des documents remédiatisés, soit des reprises, soit des extraits ou des synthèses de documents plus importants. Les documents présents sur un ERC peuvent être des billets succincts, des entrées à caractère encyclopédique, des dossiers critiques (comprenant plus d’un article), des cahiers virtuels (des collectifs), des documents archivés, des conférences filmées ou enregistrées, des colloques en ligne, des liens à d’autres ERC ou à des sites Web thématiquement liés. UN ERC n’a donc pas de forme préétablie, mais se présente comme un potentiel d’organisation et de diffusion.
Cinquième constat: un ERC est un dispositif de diffusion de la recherche en plein développement et qui s’inscrit parfaitement dans la logique de l’imaginaire contemporain.