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Menaçante ou menacée? Mutations de la forêt nordique dans «Bivouac» de Gabrielle Filteau-Chiba

Jody Danard
couverture
Article paru dans La forêt vibrante sous les mots, sous la responsabilité de Rachel Bouvet et Fabien Ronco (2024)

«[…] la forêt boréale n’est pas un buffet all you can eat» (Filteau-Chiba 2019): dans son triptyque publié entre 2018 et 2021, l’autrice québécoise Gabrielle Filteau-Chiba met en scène des protagonistes féminines et nordiques qui s’engagent activement dans la lutte environnementaliste. Alors qu’Encabanée (Filteau-Chiba 2018) présente la forêt nordique comme un environnement hostile dans lequel la protagoniste Anouk peine à (sur)vivre, les romans Sauvagines et Bivouac illustrent une forêt davantage menacée et fragile, et qui nécessite l’intervention du sujet littéraire pour être repensée et sauvée.

Dans le troisième roman du tryptique, les protagonistes Anouk et Raphaëlle décident de quitter leur cabane isolée dans le Kamouraska pour rejoindre la Ferme Orléane, une communauté autosuffisante en Gaspésie. En parallèle de leur récit prend place celui de Riopelle, un activiste rencontré dans Encabanée faisant partie d’un groupe écologiste qui souhaite stopper la construction du projet Patriot pipeline. Il s’agit de l’aménagement d’un oléoduc dans la forêt du Kamouraska, dont la réalisation engendrerait une coupe à blanc dans la forêt nordique et la coupe de Gros Pin, un pin blanc ancien que les héroïnes affectionnent particulièrement. Raphaëlle et Anouk finissent par se joindre à la lutte «opération Bivouac» contre le projet et prévoient d’occuper les terres censées être rasées. Le roman se finit par la mort tragique de la protagoniste Raphaëlle qui décède alors qu’un homme détruit à la pelle mécanique le bivouac dans lequel elle se trouve.

Le dernier roman du triptyque témoigne ainsi d’un changement d’une part dans la représentation de la forêt nordique, qui passe d’un espace historiquement hostile dont il faut se protéger, à un espace menacé que le sujet se doit de protéger. D’autre part, on observe une reconsidération de la forêt qui évolue d’un espace utilisé comme ressource inerte à une entité vibrante, vivante et fragile. Notre problématique principale sera donc la suivante: quels processus narratifs et esthétiques illustrent un changement de paradigme de la forêt nordique dans Bivouac? Celle-ci permettra plus largement d’apporter des pistes quant à la perception de la forêt nordique du sujet littéraire dans la littérature québécoise de l’extrême-contemporain, répondant ainsi à un desideratum de la recherche.

La première partie sera consacrée au cadre théorique interdisciplinaire en proposant une triangulation de théories à la fois littéraires et environnementalistes. Le premier fondement théorique traitera de l’imaginaire du Nord (Chartier 2018) et de ses représentations littéraires qui influencent inévitablement la forêt nordique, composante récurrente de cet imaginaire. Le deuxième fondement théorique évoquera le changement de paradigme concernant un besoin de sauvegarde de la forêt nordique, premièrement lié au Nord et à sa disparition graduelle due au réchauffement climatique, et deuxièmement lié à l’industrie de la foresterie. Le troisième fondement théorique présentera les théories environnementalistes centrales pour le roman Bivouac, qui témoignent d’un besoin urgent de reconsidération de la forêt nordique chez le sujet littéraire. Cette première partie posera dès lors la base pour une analyse textuelle du roman de Gabrielle Filteau-Chiba qui atteste d’un changement de paradigme de la forêt nordique. Cette analyse sera articulée autour de trois axes complémentaires. Le premier axe traitera ainsi de l’abolition de la hiérarchie forêt-humain tandis que le deuxième axe se penchera sur la reconsidération de la forêt, perçue ici davantage comme une entité vibrante et vivante plutôt qu’une matière inerte. Le troisième axe, qui découle des deux aspects susmentionnés, évoquera l’activisme inévitable qui surgit chez le sujet littéraire.

  

La forêt nordique: un lieu historiquement hostile

La forêt nordique s’intègre inévitablement dans un imaginaire associé au Nord et revêt par extension les spécificités reliées à ce dernier. Elle se retrouve finalement à l’intersectionnalité de l’imaginaire lié au Nord et des discours tenus sur la forêt. Afin de comprendre comment la forêt nordique s’est historiquement imposée comme un lieu hostile, il est tout d’abord nécessaire d’expliciter (1) les images de la forêt associées à l’imaginaire du Nord et développées de façon diachronique et (2) l’impact des discours véhiculés sur la représentation de la forêt.

L’imaginaire du Nord, que Daniel Chartier définit comme un système de signes issu d’une construction discursive et culturelle, relie les caractéristiques esthétiques communes attribuées au Nord (Chartier 2018, 12). Ce système de signes prend en compte non seulement la perspective historique et exogène des peuples non nordiques, qui se sont approprié le Nord comme une surface de projection, ainsi que la perspective actuelle et endogène (Chartier 2018, 10). Le caractère esthétique distinct associé au Nord prend forme à travers ces signes, lesquels émergent et se développent à partir de valeurs morales et éthiques, d’une simplification des formes, une palette de couleurs spécifiques et de topoï ou lieux communs tels que la forêt (Chartier 2018, 9). Le Nord se définit historiquement comme un lieu hostile pour le sujet littéraire, en particulier de par ses conditions climatiques difficiles, l’isolement qu’il engendre et l’absence de ressources (Borm et Chartier 2018). Ce rapprochement entre le climat et le sujet a notamment généré l’essor d’un déterminisme biologique que la Théorie des climats du philosophe Montesquieu (1748) illustre. L’habitant du Nord y est décrit comme quelqu’un de «fort», «courageux», «franc», «grossier», moins «sensible pour les plaisirs», moins «sensible à la douleur» et qui aime le «mouvement» : son portrait physique rappelle celui de sa psyché, puisque son corps est «fort» et «grand» (Montesquieu 1748 Livre XIV, chap. 2), lui permettant donc de survivre à cet environnement plus rude. Ces dimensions se retrouvent inévitablement dans les représentations de la forêt nordique qui se constitue ainsi en «[…] territoire hostile dans lequel certains se retrouvent malgré eux […]» (Bouvet 2022, 64) et qui force le sujet littéraire à s’abriter ou s’encabaner. Dans Encabanée (Filteau-Chiba 2018), le premier roman du triptyque de Gabrielle Filteau-Chiba, la protagoniste Anouk partage spécifiquement ses difficultés à survivre dans la forêt du Kamouraska et à s’adapter aux conditions climatiques.

La dimension hostile de la forêt est non seulement impactée par les représentations liées à sa nordicité, mais également par les discours tenus jusqu’au milieu du XXe siècle et qui présentent la forêt nordique comme une entité encore sauvage et “inapprivoisée”. Ces réflexions interviennent notamment alors que  l’arpentage du sud du Québec est finalisé et que l’Homme se tourne vers la partie Nord dont les «[…] contrées demeurent des lieux méconnus, inhospitaliers et hostiles à bien des égards» (Flamand-Hubert 2015, 308). Maude Flamand-Hubert, historienne de la forêt de l’université Laval, explique notamment l’inquiétude que ressent l’humain à l’idée d’arpenter ces territoires forestiers :

À la veille de la création de la Commission de colonisation, en 1902, les craintes de devoir «battre la forêt, de coucher sous la tente ou à la belle étoile, d’affronter les forêts» alimentent l’imagination des parlementaires. La longue marche vers les Hauts est un parcours parsemé d’obstacles. Été comme hiver, la plénitude de la nature peut se transformer en un épouvantable cauchemar de froid, de chaleur, d’humidité, de neige ou de pluie, de vermines et de moustiques, à rendre fou ou à entraîner dans la mort même les plus aguerris. (Flamand-Hubert 2015, 308)

Cet aspect met en relief une perspective davantage colonisatrice dans laquelle la forêt s’affirme comme obstacle fatal à l’appropriation du territoire par l’Homme: elle le repousse, le met à l’épreuve du territoire de par les conditions de survie plus éprouvantes.

C’est finalement l’intersectionnalité des discours reliés à la foresterie et la difficile colonisation, et de ceux tenus sur le Nord et ses conditions climatiques exigeantes qui forgent et renforcent l’idée d’un territoire hostile et inhospitalier pour l’être humain. Ces discours créent par extension l’illusion d’un espace robuste et résistant qui se suffit à lui-même : la forêt est un espace qui se protège de l’action de l’Homme en le rejetant. Pourtant, cette image sera contredite lors du XXe siècle qui voit naître les premiers mouvements de conservation au Québec (Flamand-Hubert et Lewis 2019, 221) et qui contribue à transformer les représentations de la forêt nordique. Depuis les années 2000, cet aspect se présente d’autant plus actuel en raison du réchauffement climatique et de la surexploitation des ressources qui se font progressivement ressentir et entraînent inexorablement un changement dans les représentations de la forêt.

  

Changement de paradigme lié au besoin de sauvegarde

Les changements liés à la croissance et au climat depuis le début du XXe siècle laissent place à un nouveau paradigme qui présente la forêt comme reflet inverse de la représentation susmentionnée. Celle-ci évolue dès lors de forte à fragile, de protégée à menacée ou encore d’intouchée à surexploitée. Ce changement de paradigme s’opère notamment sur une double échelle à la fois (1) nordique, en lien avec le phénomène de «dénordification», et (2) forestière, liée à la surexploitation des ressources.

Les changements climatiques, et en particulier le réchauffement climatique, viennent impacter directement la forêt nordique en entraînant une transformation radicale de son identité. Cet aspect devient non négligeable pour la forêt du Québec, puisque le Canada se retrouve particulièrement touché par ces bouleversements comme le démontre le Rapport sur le climat changeant du Canada, qui explique notamment que «[l]e réchauffement passé et futur au Canada est, en moyenne, environ le double de l’ampleur du réchauffement mondial» (Bush et Lemmen 2019, 5).

Daniel Chartier mentionne que ce processus de réchauffement vient de ce fait perturber les représentations du Nord dans le discours :

Ces réflexions interviennent alors que le monde vit depuis au moins cent ans dans un état de «dénordification» qui repousse toujours plus haut la frontière du Nord […] À mesure qu’il est habité, exploré, occupé, réchauffé et fondu, le Nord disparaît. En retour, cette «disparition» entraîne parallèlement sa raréfaction, ainsi que l’intérêt et l’attention qu’on lui porte. (Chartier 2022, 114)

Le déplacement de la frontière du Nord bouleverse dès lors l’équilibre et l’image de la forêt nordique qui repose sur son climat maintenant déstabilisé. Cette conséquence met par ailleurs en lumière la fragilité jusqu’ici invisibilisée de la forêt nordique: alors que sa robustesse semble s’atténuer à mesure que le climat se réchauffe, sa possible disparition entraîne un changement de représentation.

Ce même processus est observable en ce qui concerne l’industrie de la foresterie, de l’aménagement forestier et de l’exploitation des ressources qui se dirige de plus en plus vers des mouvements de conservation. Au Québec, et à partir du début du XXe siècle, deux visions contraires cohabitent, que Maude Flamand-Hubert et Nathalie Lewis résument ainsi:

On constate en effet qu’il est difficile de concilier des visions divergentes de la forêt, prise en étau entre les rapports d’exploration optimistes qui entretiennent le mythe de la forêt inépuisable et la vision conservationniste qui s’installe peu à peu et qui se préoccupe de la pérennité d’une ressource limitée dans l’espace et menacée par la surexploitation. (Flamand-Hubert et Lewis 2019, 217)

La coexistence des deux opinions s’explique dans la mesure où la conception davantage utilitariste perçoit la forêt comme inépuisable puisque renouvelable, tandis que le mouvement conservationniste intervient notamment «[…] en réaction aux craintes de pénurie de matière ligneuse ainsi que pour faire face aux problèmes générés par la déforestation comme l’érosion, l’exposition aux vents ou l’assèchement des cours d’eau» (Flamand-Hubert et Lewis 2019, 214). Cette angoisse est alimentée par la disparition graduelle de certaines espèces utilisées par l’industrie de la foresterie (Flamand-Hubert et Lewis 2019, 217). Pourtant, au Québec, le mouvement conservationniste se heurte à une idéologie agriculturiste extrêmement valorisée dans le discours public qui freine son avancement (Flamand-Hubert et Lewis 2019, 220). La littérature se présente comme vecteur idéologique important dans cette opposition : le roman du terroir est notamment le reflet exemplaire de ces représentations tournées vers les paysages ruraux agriculturistes et les valeurs traditionnelles familiales et religieuses.

C’est une nouvelle fois l’intersectionnalité des conséquences liées d’une part au réchauffement climatique, et d’autre part à la surexploitation des forêts qui vient remodeler les représentations littéraires de la forêt nordique. En littérature, celle-ci évolue entre des aspects antinomiques passant de forte à fragile et de protégée à menacée. Ce changement de paradigme se traduit de manière éloquente auprès du sujet littéraire qui témoigne de plus en plus d’une reconsidération de la forêt nordique.

  

Un besoin de reconsidération de la forêt nordique

Les changements de représentations de la forêt susmentionnés entraînent inévitablement une réaction du sujet littéraire. Cette partie, appliquant un raisonnement davantage inductif lié à la lecture de Bivouac, exposera alors plusieurs théories environnementalistes présentes dans le roman qui témoignent d’une reconsidération de la forêt nordique chez le sujet littéraire. Les théories s’articulent ainsi autour des trois axes analytiques proposés: (1) l’abolition de la hiérarchie avec la nature, (2) la  reconsidération de la matérialité de la forêt et (3) l’activisme et la protection de celle-ci qui résulte des deux premières pensées.

Bivouac témoigne d’une notion de hiérarchie repensée avec la nature  dans laquelle l’humain et la nature se trouvent sur une même position, et non dans un rapport de force déséquilibré. Cette idée se révèle ubiquiste dans les nouvelles théories environnementales occidentales, si bien qu’elle peut être considérée comme le point de départ de toute reconsidération environnementale. Cette reconsidération découle notamment de l’influence historique du dualisme cartésien, séparant l’esprit et le corps, et qui a indéniablement contribué à ce que l’Homme se distancie de la nature pour la traiter comme ressource (Henry 2011).

Une des théories fondatrices pour cette égalisation Homme-nature est celle de l’antispécisme : le spécisme est défini «[…] comme l’idée selon laquelle l’espèce à laquelle appartient un être vivant constitue en soi un critère de considération morale» (Bonnardel et al. 2018, 13) et se rapporte à la manière dont les Hommes justifient leur oppression sur les animaux de par l’appartenance à leur espèce. La théorie de l’antispécisme souligne par ailleurs le mécanisme de distinction à la source de cette oppression qui est héritée du dualisme cartésien susmentionné (Bonnardel et al. 2018, 35). Ce dernier, dont le principe postule la séparation de l’humanité du reste de la nature, est remis en question dans de nombreuses théories environnementalistes, notamment dans le mouvement écoféministe impulsé par d’Eaubonne (1978) qui prône que «les logiques de destruction de la nature et d’oppression des femmes sont concomitantes et trouvent leurs origines dans la radicalité des valeurs du pouvoir patriarcal structurées au sein du système capitaliste et des institutions d’État» (Lejeune 2021, 13). L’écoféminisme démontre ainsi que la hiérarchie patriarcale qui s’impose à la fois aux femmes et à la nature perpétue ce système de domination. La perspective de l’écocentrisme rejette également cette hiérarchie en se questionnant davantage sur la valeur intrinsèque de la nature plutôt qu’à son rapport à l’Homme (Larrère 1997, 33).

Bien que ces propos résonnent comme une novation pour l’Occident, dans les théories environnementales issues des peuples autochtones, cette indistinction entre l’Homme et la nature va depuis longtemps de soi:

Les Autochtones ont une vision «holistique» du monde […] La notion autochtone d’égalité repose sur le caractère essentiellement sacré de tout ce qui vit. Et si tout ce qui vit est sacré, toutes les choses vivantes sont égales. Les peuples autochtones imprègnent de ce principe liant l’amour et le sacré toutes les choses, les animaux et les humains. (Doyle-Bedwell et Cohen 2001, 183 ‑84)

En conséquence, une égalité entre l’Homme et la nature, englobant donc tous les autres êtres vivants, semble être le point de départ à toute reconsidération environnementale.

Pour effectuer une reconsidération de la forêt nordique, il s’agit non seulement d’abolir cette hiérarchie Homme-nature, mais également de repenser la matière de la forêt  afin de la sortir de l’état d’inertie historiquement implanté par l’humain. Cette inertie construite de la matière est cependant remise en question dans les nouvelles théories environnementales. En ce sens, Jane Bennett se propose dans un projet à la fois philosophique et politique (Bennett 2010, vii) de réexaminer la matière comme une entité vibrante dans ce qu’elle appelle une «matérialité vitale» (Bennett 2010, 17). Dans son premier chapitre, elle insiste notamment sur le pouvoir d’agentivité des choses qui exige un exercice spécifique pour l’Homme afin de la déceler (Bennett 2010, 1‑19). Ce néo-matérialisme permet à la forêt de passer également d’une image inerte et inanimée à une vision vivante et vibrante, ce qui justifie alors une sortie de la conception utilitariste de la forêt pour la repenser comme quelque chose de vivant. Cet aspect se retrouve par ailleurs dans la perspective écosystémique des peuples autochtones qui envisagent le monde vivant comme un tout appelant à une liaison avec l’Homme et non une utilisation par l’Homme: «[…] through the lens of traditional Indigenous philosophy the living world is understood, not as a collection of exploitable resources, but as a set of relationships and responsibilities […]» (Nelson et Shilling 2018, 27). L’accent est ainsi mis sur la relation qu’entretient l’Homme avec son environnement ainsi que sur sa capacité à percevoir le monde vivant comme un monde vibrant.

Enfin, cette abolition de hiérarchie et cette reconsidération de la forêt en tant que matière vibrante et vivante poussent inexorablement le sujet littéraire à s’engager  pour sa protection. En analogie à la pensée écoféministe qui appelle à «[…] dénoncer la domination masculine […]» (Gandon 2009, 5), le sujet littéraire se solidarise avec la forêt nordique et ses représentations pour la protéger de la vision utilitariste qui la menace. Un activisme écologique devient ainsi inhérent à la reconsidération environnementale évoquée. Cet activisme se place ici non seulement en réaction aux enjeux environnementaux actuels, mais également en tant que témoignage de la reconsidération sylvestre en marche. L’acte de solidarisation s’affilie par ailleurs aux pratiques du care en politique qui peuvent également s’appliquer aux écosystèmes (Gottlieb 2022): il s’agit ici, au même titre que les humains, de prendre soin de la forêt en la protégeant de l’impact de l’Homme sur son équilibre.

 

Abolition du rapport de hiérarchie forêt-humain

Dans Bivouac, le changement de paradigme de la forêt nordique se remarque premièrement dans l’abolition du rapport de hiérarchie humain-forêt, rejoignant ainsi les fondations des théories environnementalistes citées. Cette abolition s’articule dans le roman par trois vecteurs: une (1) exposition de la relation de force existant entre l’Homme et la forêt par la sensibilisation, un (2) recours systématique aux savoirs autochtones qui démentent cette même hiérarchie et (3) une filiation à la forêt qui vient ipso facto aplatir le rapport hiérarchique.

Dans le roman de Gabrielle Filteau-Chiba, les protagonistes s’efforcent de repenser les rapports Homme-nature et de sensibiliser les habitant·e·s à l’échelle locale à propos des effets néfastes de ce rapport déséquilibré. Cette sensibilisation intervient sur plusieurs niveaux via des activités organisées par le groupe militant. Ce dernier choisit tout d’abord d’informer sur les enjeux environnementaux actuels liés à l’activité humaine qui perturbent l’équilibre de la forêt, et qui témoignent de cette relation de force :

Je vous invite à lire tout ce que vous pouvez sur ces sujets: les coupes à blanc, les volumes prescrits, le jargon des techniciens forestiers, les essences boréales, et cetera. On fait un bain de forêt, on s’approprie le langage des experts et on retourne la rhétorique pro-coupe contre eux. (Filteau-Chiba 2021, 55)

L’accent est ici mis sur l’industrie de la foresterie, et remet notamment en question la pertinence du volume de coupes autorisé au Québec. Le groupe lance par ailleurs un appel aux personnes présentes afin qu’elles continuent à s’informer sur ces enjeux de manière autodidacte et mentionne des œuvres marquantes du mouvement conservationniste, telles que le documentaire L’erreur boréale:

Apprenez tout ce que vous pouvez sur la progression de la tordeuse d’épinette, les groupements forestiers qui opèrent dans la région du Kamouraska […], répertoriez les espèces de plantes et d’animaux classées comme vulnérables […], ceux qui n’ont pas vu L’erreur boréale de Richard Desjardins, c’est le moment […]. (Filteau-Chiba 2021, 60)

Par le biais de ces œuvres et des informations véhiculées, le groupe entreprend de rendre visibles la dynamique capitaliste et l’oppression systémique envers la nature afin de mieux la renverser. Riopelle, le leader du groupe, insiste d’ailleurs sur la nécessité de conscientiser les citoyens et citoyennes. Ce travail permet notamment de démontrer la fragilité de la forêt et la domination qu’elle subit:

Il est fondamental que l’opinion publique soit de notre côté afin de réussir à sensibiliser et à rassembler une masse critique de citoyens autour d’un projet collectif […] Le but? Que les gens comprennent la nécessité de militer, de sorte que le politique entende enfin la science, et l’urgence de virer notre Titanic. (Filteau-Chiba 2021, 30 ‑31)

Une sensibilisation aux problématiques actuelles est ainsi essentielle pour pouvoir rétablir un rapport de force égal.

Outre cette sensibilisation qui met en lumière le déséquilibre dans les rapports de force Homme-nature, les protagonistes de Bivouac ont systématiquement recours aux savoirs autochtones pour décrire leur vision environnementaliste. Ces savoirs ne sont pas pris en tant que théorie complémentaire, mais bien replacés comme autorité et savoir légitime en remplaçant les théories occidentales. Cette démarche est rendue visible pendant une réunion alors que le groupe commence la lecture d’une œuvre et choisit cette citation: «Everything on earth has a purpose, every disease an herb to cure it, and every person a mission. This is the Indian theory of existence» (Filteau-Chiba 2021, 56). Il s’agit ici d’une citation de Mourning Dove issue de la nation Sallish, qui vient souligner la vision holistique du monde mentionnée dans laquelle il n’existe pas de hiérarchie entre les êtres vivants. L’autorité est également redonnée aux nations autochtones de par la reconnaissance des torts et des dommages que la vision occidentale a pu causer sur la nature :

La musique de Samian à fond la caisse, je roule dans les hautes terres en baragouinant en boucle le refrain de Mino Picaok, m’imaginant en même temps où sur le territoire ces peuples vivaient, quels phénomènes climatiques on y observe aujourd’hui et quels autres tourments leur a causés notre avarice à tout casser. (Filteau-Chiba 2021, 163)

Enfin, le rapport hiérarchique Homme-nature est naturellement aboli lorsque les protagonistes s’affilient biologiquement à la forêt par le biais d’une comparaison : «Le temps de l’opération Bivouac, ces femmes deviendront mes sœurs, ces hommes, mes frères. Soudés telles les mycorhizes des forêts millénaires» (Filteau-Chiba 2021, 46). Par ce procédé rhétorique, le sujet littéraire se compare ainsi à l’écosystème des forêts afin de montrer les similitudes existantes entre l’Homme et la nature. Ce rapprochement conteste ainsi la tradition du dualisme cartésien et les tentatives de l’Homme de se distinguer à tout prix de la nature.

  

La forêt en tant que matière vibrante

Cette abolition de la hiérarchie Homme-nature est accompagnée d’une reconsidération de la forêt qui se présente dans Bivouac en tant que matière vibrante qui possède une agentivité. Ce changement s’observe notamment grâce à trois aspects: (1) une représentation de la forêt en tant qu’écosystème complexe, (2) une forme d’anthropomorphisation de la Terre et (3) l’attention portée à Gros Pin.

Bivouac livre une description complexe de la forêt qui s’expose comme un écosystème vivant et entretenant des relations plutôt qu’un simple ensemble inerte d’arbres. La protagoniste Anouk par exemple insiste sur la description de la flore lorsqu’elle dépeint son environnement: «À l’orée du bois, les clintonies boréales sont déjà en fleurs […] Coronilles bigarrées roses et blanches, épervières orangées, kalmias et lupins violets» (Filteau-Chiba 2021, 142). Plus tard, c’est davantage la faune et sa diversité qui sont mises en valeur :

La tourbière est à la forêt ce que la frayère est à la rivière. Les bruits sont ceux de vies intriquées, bourdonnantes, frétillantes. Hiboux des marais, pics flamboyants et huards, aux cris qui font frissonner le silence. L’onde sur l’étendue vaseuse s’élargit jusqu’à houler sous les patineuses et les mouches à chevreuil, que les truites brunes happent en plein vol. (Filteau-Chiba 2021, 160)

Ces descriptions davantage holistiques de la forêt viennent ainsi insister sur la complexité de l’écosystème forestier qui ne se constitue pas seulement d’essences d’arbres, mais bien d’une faune et d’une flore active qui interagissent dans un tout. Ce procédé d’écriture accentue alors l’agentivité même de la forêt et de ses composantes qui, sans l’intervention de l’humain, démontrent une faculté de contrôle sur leurs interactions.

Cette agentivité de la forêt est par ailleurs amplifiée par une anthropomorphisation qui prend place dans Bivouac et qui attribue à la forêt une capacité à ressentir la souffrance, et accentuer spécifiquement sa fragilité. La protagoniste l’évoque notamment lors du constat d’une coupe à blanc dans le haut Kamouraska: «Je pique par le rang du Nord, qui serpente entre deux mondes. À gauche, la forêt debout, et à droite, la mort à perte de vue : une coupe à blanc encore vibrante de souffrance» (Filteau-Chiba 2021, 210). La charge émotive de cette citation met ainsi en lumière la fragilité de la forêt par rapport à l’action humaine. Celle-ci, de par l’octroi des émotions, évolue de matière inerte à matière vivante. Cependant, cette perception de la forêt reste d’après la protagoniste inaccessible aux personnes insensibles: «Je pense que tous les êtres sensibles ressentent la souffrance de la Terre» (Filteau-Chiba 2021, 71). La protagoniste Raphaëlle induit ici que la reconsidération de la forêt en matière vibrante ne s’effectue pas de soi. Pour développer ce rapport repensé à l’écosystème forestier, l’être humain se doit de se resensibiliser.

Enfin, ce changement de matière de la forêt s’illustre également dans le rapport que créent les personnages de Bivouac avec Gros Pin, un pin blanc mentionné dans Sauvagines dont l’âge se situe entre 250 et 600 ans et qui représente la dernière essence de la forêt ancienne (Filteau-Chiba 2019, 222). Il se présente dans le roman en tant que figure allégorique de la forêt nordique et témoigne aussi d’une relation repensée avec la forêt. Cependant, de par son ancienneté et sa rareté qui lui confèrent un statut d’ainé, Gros Pin est davantage le témoin d’une reconsidération intrinsèque de la relation à la nature, et ainsi moins le témoin d’un changement de paradigme hostile-fragile. Dans Bivouac, Gros Pin devient en raison de plusieurs mentions et de son enjeu dans la lutte environnementaliste un sujet littéraire à part entière. Lorsque ce dernier est menacé par le projet Patriot Pipeline, le groupe militant organise des randonnées avec les citoyens et citoyennes pour marcher jusqu’à lui et faire la lecture de textes environnementaux sur le chemin (Filteau-Chiba 2021, 253). Le récit souligne l’enthousiasme ressenti envers Gros Pin: «[…] notre arrivée à Gros Pin ponctué d’onomatopées, de oh wow et la fameuse danse de joie de Marine, autour de l’arbre, qui s’est terminée sur d’émouvants applaudissements» (Filteau-Chiba 2021, 268). Ce processus, qui s’apparente à un pèlerinage, souligne la symbolique et la dimension presque mystique et spirituelle que l’arbre revêt. C’est notamment son grand âge qui suscite l’admiration profonde de la part des habitant·e·s qui le sacralisent. Gros Pin démontre une intégration dans le groupe: il n’est plus seulement vu comme un arbre, mais comme une entité capable de générer des émotions chez autrui de par son agentivité. Pour aller plus loin, le changement de matière de Gros Pin est tel qu’il force les protagonistes à recourir à un activisme pour pouvoir protéger l’arbre.

 

Activisme et protection inévitable

Le changement de paradigme de la forêt qui transitionne d’un modèle hostile et robuste à une image fragile et vivante s’observe finalement dans la réaction du sujet littéraire, qui témoigne par ses actions dans la trame narrative d’un bouleversement dans la forêt nordique. Le sujet, face au constat de l’oppression de la nature, n’a d’autre choix que d’entreprendre des actes militants pour la protéger.

Cet engagement se prononce premièrement par le biais d’un terme autodéfinitoire que les personnages de Bivouac utilisent: ils et elles s’identifient ainsi en tant qu’écoguerriers et écoguerrières (Filteau-Chiba 2021, 38). L’appellation utilisée témoigne de la dimension identitaire qu’occupe la cause environnementaliste. Le groupe se montre prêt à tout pour défendre Gros Pin et par extension, la forêt nordique, en appliquant des mesures à la fois pacifistes et non pacifistes. Les mesures pacifistes visent notamment à rallier un public plus large à leur cause:

Des citoyens de toutes les municipalités du Kamouraska ont été invités à marcher jusqu’à Gros Pin pour l’inauguration du sentier. Les médias, le journal local Le Jaseur seront là, tout comme des organismes de protection des bassins versants, des instigateurs d’initiatives de collecte de déchets dans les cours d’eau, des maraîchers biologiques et des militants écologistes. (Filteau-Chiba 2021, 253)

Dans son journal, Anouk souligne le travail unificateur que le groupe effectue pour gagner du poids dans l’opinion publique et pouvoir protéger Gros Pin. Ils et elles mobilisent une partie de la population pour les rallier à la cause: «Déjà 1437 membres, moins les trolls […] Beaucoup de gens de la région sans affiliation particulière, aussi» (Filteau-Chiba 2021, 164). Par ailleurs, les activistes mettent en place un groupe inclusif et intégrateur qui cherche aussi à réunir des personnes autochtones: «Ce groupe a pour but de mettre en lien les citoyen·ne·s autochtones et non autochtones du Québec […]» (Filteau-Chiba 2021, 163). Encore ici, le groupe prône un activisme pour se rapprocher des savoirs autochtones et promouvoir leur perception de la forêt, qui résonne davantage avec leurs convictions.

Le groupe entreprend également des actions non pacifistes et fait usage de violence pour arriver à ses fins, violence qui se justifie notamment par le besoin urgent de protection et de conservation de la forêt. C’est dans ce sens que le groupe prend la décision de saboter les moteurs des machines censées défricher le terrain pour le Patriot Pipeline: «Chers amis, l’heure est grave… Nous allons devoir sucrer les moteurs» (Filteau-Chiba 2021, 277). Cette action permet de retarder les travaux du projet et donc de gagner assez de temps pour mettre en place d’autres mesures activistes. L’investissement du groupe envers la forêt est tel que la protagoniste Raphaëlle trouvera la mort lors de cette lutte, alors qu’un homme détruit son habitat à la pelle mécanique (Filteau-Chiba 2021, 286). Les protagonistes de Bivouac démontrent un activisme résolu qui s’explique notamment en réaction au changement de paradigme de la forêt nordique: à présent qu’elle n’est plus autant hostile et forte, elle nécessite une solidarité de la part d’écoguerriers et écoguerrières prêt·e·s à prendre sa défense.

 

Conclusion

Bivouac se présente comme une œuvre vectrice d’une nouvelle représentation de la forêt nordique, se trouvant au cœur des enjeux environnementaux du XXIe siècle. La forêt nordique effectue une transition pour passer d’un espace hostile et menaçant à un écosystème riche et menacé qui nécessite une solidarité et reconsidération du sujet littéraire pour se maintenir.

Le survol historique des discours sur la forêt nordique révèle une intersectionnalité essentielle pour comprendre ses représentations. Son affiliation à l’imaginaire du Nord et aux discours colonialistes l’a d’abord marquée en tant qu’espace hostile et menaçant pour l’Homme, qui développe dès lors une sémantique de conquête pour la définir. L’influence du réchauffement climatique qui repousse la frontière du Nord et les mouvements de conservations forestiers viennent cependant déstabiliser ces représentations pour faire apparaître une image davantage nuancée, voire renversée de la forêt nordique. L’émergence de ce champ de tension se traduit dès lors en un besoin de reconsidération relié aux nouvelles théories environnementales.

Les protagonistes de Bivouac remettent ainsi en question le dualisme cartésien et la hiérarchie Homme-nature qui a engendré une perspective d’exploitation de la forêt, la maintenant dans un rôle figé de simple ressource. Ce refus de hiérarchie se retrouve dans diverses théories environnementalistes, telles que l’antispécisme, l’écoféminisme ou encore l’écocentrisme, mais va également de soi pour le traditional ecological knowledge, qui regroupe les visions et savoirs des nations autochtones. Ces dernières sont considérées comme des autorités par rapport aux théories occidentales dans Bivouac. En conscientisant les habitant·e·s à l’échelle locale sur les lacunes de cette hiérarchie, le groupe activiste cherche à la renverser. Par ailleurs, le roman Bivouac présente plusieurs passages faisant référence au potentiel d’agentivité de la forêt, rappelant ainsi la théorie de matière vibrante développée par Jane Bennett (Bennett 2010). La description s’attarde sur une vision davantage écosystémique et holistique, qui est complétée par procédés anthropomorphiques comme l’attribution d’émotions à la forêt, ou encore Gros Pin qui se présente en tant qu’être mystique et qu’acteur déterminant pour la diégèse. Enfin, le sujet littéraire voit son identité muter vers un activisme écoguerrier qui s’éveille en réaction à l’oppression subie par la forêt et une solidarité qui se déploie alors que la nature est reconsidérée sous un angle moins utilitariste et davantage vibrant.

L’analyse textuelle de Bivouac livre ainsi les résultats d’un long processus lors duquel les dommages envers la nature sont démasqués et son essence est repensée. Cependant, ce processus prend place dans tout le triptyque de Gabrielle Filteau-Chiba. Ainsi, une lecture complète de son œuvre permettrait de mettre en lumière l’évolution de la perception de la forêt, qui passe d’un espace inhospitalier dans Encabanée pour Anouk à l’espace menacé qui prend forme dans Sauvagines.

 

Bibliographie

Littérature primaire 

  • Filteau-Chiba, Gabrielle. 2018. Encabanée. Montréal : Éditions XYZ.
  • ———. 2019. Sauvagines. Montréal : Éditions XYZ.
  • ———. 2021. Bivouac. Montréal : Éditions XYZ.

Littérature secondaire

  • Bennett, Jane. 2010. Vibrant matter : a political ecology of things. Durham: Duke University Press.
  • Bonnardel, Yves, ThomasLepeltier, Pierre Sigler & Renan Larue. 2018. La révolution antispéciste. 1re édition. Paris : PUF.
  • Borm, Jan, et Daniel Chartier, éd. 2018. Le froid : adaptation, production, effets, représentations. Collection Droit au pôle. Québec (Québec) : Presses de l’Université du Québec.
  • Bouvet, Rachel. 2022. «Forêts et cabanes. Les figures du refuge.» In La forêt nordique, édité par Sara Bédard-Goulet et Daniel Chartier, 63‑92. Tartu, Montréal : University of Tartu Press ; Imaginaire/Nord.
  • Bush, Elizabeth, et Donald Stanley Lemmen. 2019. Rapport sur le climat changeant du Canada. Ottawa, Ontario : Gouvernement du Canada = Government of Canada.
  • Chartier, Daniel. 2018. Qu’est-ce que l’imaginaire du Nord ? principes éthiques. Isberg. Harstad Montréal : Arctic arts summit Imaginaire-Nord.
  • ———. 2022. «Pour une historiographie des imaginaires du « Nord » et du « Sud » : construction et renversements». In Nord(ro)mania : Literarische und filmische Imaginationen des Nordens in Frankreich und Italien, édité par Karen Struve et Stephanie Wodianka, 113‑31. Würzburg: Königshausen & Neumann.
  • Doyle-Bedwell, Patricia, et Fay G. Cohen. 2001. «Les peuples autochtones du Canada et les tendances environnementales au xxie siècle». In Gérer l’environnement, édité par Edward A. Parson, 173‑207. Montréal : Presses de l’Université de Montréal.
  • Eaubonne, Françoise d’. 1978. Écologie, féminisme : révolution ou mutation ? Actualité temps présent. Paris : Éditions A.T.P.
  • Flamand-Hubert, Maude. 2015. «“L’homme en face d’une nature qui le repousse“ : forêt et territoire dans la littérature de la première moitié du XXe siècle». Revue d’histoire de l’Amérique française 68 (3‑4) : 301‑24.
  • Flamand-Hubert, Maude, et Nathalie Lewis. 2019. «Vous avez dit conservation ? Parcours d’une notion dans l’immensité de la forêt québécoise». In Penser le gouvernement des ressources, édité par Didier Busca et Nathalie Lewis, 209‑44. Québec : Presse de l’Université Laval.
  • Gandon, Anne-Line. 2009. «L’écoféminisme : une pensée féministe de la nature et de la société1». Recherches féministes 22 (1): 5‑25.
  • Gottlieb, Robert. 2022. Care-centered politics: from the home to the planet. Cambridge, Massachusetts: The MIT Press.
  • Henry, Michel. 2011. «Le dualisme cartésien». In Philosophie et phénoménologie du corps, 5e éd.: 189‑212. Épiméthée. Paris cedex 14: Presses Universitaires de France.
  • Larrère, Catherine. 1997. Les philosophies de l’environnement. 1. éd. Philosophies 85. Paris: Presses Universitaires de France.
  • Lejeune, Caroline. 2021. «Françoise d’Eaubonne en son temps». In Naissance de l’écoféminisme, 9‑24. Hors collection. Paris cedex 14: Presses Universitaires de France.
  • Montesquieu. 1748. De l’esprit des lois (Nouvelle édition… suivie de la Défense de l’Esprit des lois…).
  • Nelson, Melissa K., et Dan Shilling. 2018. Traditional ecological knowledge : learning from Indigenous practices for environmental sustainability. New Directions in Sustainability and Society. Cambridge: Cambridge University Press.
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