Article IREF
Chapitre 3: Situation financière des parents-étudiants
Plus de la moitié (55,8%) des parents-étudiants de l’UQAM rejoints par l’enquête occupent un emploi en sus de leurs études (Tableau 15). Ce qui signifie que pour plus d’un parent-étudiant sur deux, l’enjeu n’est plus simplement de réussir à articuler études-famille, mais encore celui de réussir l’articulation études-famille-travail salarié. Plus précisément, c’est 51,7% des mères-étudiantes qui détiennent un emploi salarié, alors que cette proportion grimpe à 70,6% dans le cas des pères-étudiants. Cette proportion d’étudiantes et d’étudiants qui conjuguent études, famille et travail apparaît plus élevée que la statistique donnée pour l’ensemble des universités québécoises, ce que confirment également les données d’ICOPE (2006)1 Sans indiquer de tendances contraires, les données d’ICOPE 2006 reflètent une participation plus élevée des mères-étudiantes de l’UQAM au marché du travail, situant celle-ci à 65,1%, alors que les statistiques pour les pères-étudiants sont relativement proches, ICOPE situant à 73,3% leur taux de participation.. En effet, l’Enquête sur les conditions de vie des étudiants de la formation professionnelle au secondaire, du collégial et de l’université du ministère de l’Éducation du Québec et de l’Aide financière aux études2 Ministère de l’Éducation du Québec et l’Aide financière aux études (2003). Enquête sur les conditions de vie des étudiants de la formation professionnelle au secondaire, du collégial et de l’université. Québec: MEQ/AFE, 169 p. (MEQ/AFE, 2003: 68‐71) révèle que 41,6% des étudiants‐es universitaires avec enfant occupent un emploi. Parmi ces étudiants‐es, l’enquête mentionne que «plus de 40% des étudiants qui ont un enfant à charge utilisent principalement leurs revenus d’emploi pour assurer la subsistance de la famille et 22,8% les consacrent au logement et à la nourriture» (MEQ/AFE, 2003: 74).
Tableau 15
Répartition des parents-étudiants occupant un emploi, selon le sexe
Le travail salarié occupe une place importante dans le budget-temps de la plupart des 412 parents-étudiants qui détiennent un emploi (Tableau 16). En effet, plus des deux-tiers d’entre eux, soit 69,4% (N= 286/412) y consacrent plus de 15 heures par semaine, et parmi eux, une proportion non négligeable, soit 25,6% des mères-étudiantes et 35,6% des pères-étudiants, y accorde plus de 36 heures par semaine. Situation qui, bien entendu, limite le nombre d’heures disponibles pour les études, la vie personnelle et familiale et encore plus pour les activités de loisirs et de bénévolat. Sous ce dernier rapport, c’est d’ailleurs la grande majorité des parents-étudiants, qu’ils soient sur le marché du travail ou non, qui expriment leur insatisfaction quant au temps dont ils disposent pour toutes activités personnelles, de loisirs et de bénévolat/militantisme.
Tableau 16
Répartition des parents-étudiants, selon le nombre d’heures consacrées au travail salarié par semaine, selon le sexe
C’est aux deux extrémités de l’échelle de revenu (Tableau 17) que des écarts plus marqués, selon le sexe, distinguent la situation économique des 412 parents-étudiants qui articulent travail salarié et études: les mères-étudiantes étant, en proportion, un peu plus nombreuses (28,3%) à tirer de leur emploi un salaire annuel inférieur à 10 000$ que les pères-étudiants (22,6%), alors que l’on retrouve 43,5% d’entre eux dans la catégorie salariale «30 000 $ et plus», comparativement à 35,4% des mères-étudiantes.
Tableau 17
Répartition des parents-étudiants, selon leur revenu brut annuel et le sexe
Le tableau 18 permet de constater que la majorité (68,8%) des parents-étudiants qui ne détiennent pas un emploi au moment de l’enquête, soit au cours de la session d’hiver 2007, n’ont pas non plus déclaré avoir occupé un emploi pendant la période estivale précédente: cette situation étant toutefois plus fréquente dans le cas des mères (71,4%) que des pères (54,2%). On peut penser que la présence d’enfant‐s d’âge scolaire à la maison durant l’été est en partie responsable du fait que cette proportion non négligeable de parents-étudiants n’ait pas cherché à occuper un emploi l’été précédant l’enquête.
Tableau 18
Répartition des parents-étudiants, selon l’occupation d’un emploi à l’été 2006 et le sexe
Le salaire que les parents-étudiants arrivent à tirer de leur emploi d’été demeure, pour la majorité, assez modeste (Tableau 19). Sur les 80 parents-étudiants qui ont complété cette question, c’est effectivement 66,3% d’entre eux qui ont gagné moins de 5 000$ au cours de la période estivale. À l’instar de celles qui occupent un emploi pendant l’année, les mères-étudiantes (70,0%) sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes (55,0%) à occuper la catégorie la plus faible de l’échelle salariale. Par corollaire, les pères-étudiants sont proportionnellement plus nombreux parmi ceux et celles qui gagnent un revenu supérieur à 10 000$ de leur emploi d’été (13,8% des parents), alors que seuls 11,7% des mères-étudiantes et 20,0% des pères-étudiants bénéficient d’une situation sensiblement plus avantageuse.
Tableau 19
Répartition des parents-étudiants, selon le revenu tiré de l’emploi d’été et le sexe
Une autre composante qui influence la situation financière des parents-étudiants est celle de leur accès à l’Aide financière aux études (AFE). C’est près d’un parent-étudiant sur deux (46,6%) qui reçoit une telle aide (Tableau 20); les mères-étudiantes étant proportionnellement légèrement plus nombreuses (47,5% vs 43,6%) que les pères-étudiants parmi les récipiendaires. Pour 56,7% de ces derniers (N= 341/732), cette aide atteint moins de 10 000$ par année (Tableau 21), alors que c’est l’exception (2,4%) qui reçoit plus de 15 000$. Les mères se retrouvent, par ailleurs, proportionnellement plus nombreuses (43,1% vs 32,4%) à recevoir entre 10 000$ et 15 000$.
Tableau 20
Répartition des parents-étudiants, selon l’accès à l’Aide financière des études (AFE) du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) et le sexe
Tableau 21
Répartition des parents-étudiants, selon le montant reçu de l’AFE et le sexe
En raison même de la nature du programme, pour 87,6% (298/340) des bénéficiaires, soit près de neuf sur dix, une partie de cette aide est versée sous forme de prêt (Tableau 22). C’est donc dire que seuls 42 des bénéficiaires, soit 12,4%, reçoivent cette aide sous forme de bourse uniquement. Pour la majorité des bénéficiaires, soit 76,6% des mères-étudiantes et 84,1% des pères-étudiants, le montant de ce prêt est inférieur à 5 000$. Par corollaire, 23,4% des mères‐étudiantes versus 15,9% des pères-étudiants contractent un endettement annuel envers le MELS supérieur à 5 000 $3 Rappelons que le plafond d’endettement alloué par l’AFE est d’un montant maximum de trente-six mille dollars pour un‐e étudiant‐e universitaire de premier cycle dans un programme de plus de vingt-quatre mois, et de quarante-huit mille dollars pour un‐e étudiant‐e de deuxième cycle dans un programme de plus de vingt mois. Source: Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études, Hausse des montants maximums des prêts et des niveaux d’endettement; Allocation pour l’achat de matériel informatique et exemption de base pour les montants reçus à titre de pension alimentaire; Projet de règlement modifiant le Règlement sur l’aide financière aux études, 2004, p. 5. http://www.cse.gouv.qc.ca/FR/Download/index.html?id=138) .
Tableau 22
Répartition des parents-étudiants, selon le montant reçu de l’AFE, sous forme de prêt et le sexe
C’est sans surprise que l’on constate que parmi les bénéficiaires de l’aide financière aux études duMELS, les parents-étudiants qui ne sont pas sur le marché du travail sont proportionnellement plus nombreux (210/340), soit 61,8%, à profiter de cette aide que les autres qui sont 38,2% (130/340) dans le même cas (Tableau 23). En l’occurrence, pour les pères‐étudiants sans emploi, cette proportion atteint même 75% (N= 36/48). Le statut d’emploi se montre également déterminant quant au montant d’aide financière reçu. C’est en effet, 27% des parents-étudiants en emploi qui reçoivent un montant d’aide supérieur à 10 000$, tandis que cette proportion atteint 53,3% dans le cas des parents qui ne sont pas sur le marché du travail.
Tableau 23
Répartition des parents-étudiants selon le statut d’emploi, le montant reçu par les bénéficiaires de l’AFE et le sexe
Tableau 24
Répartition des parents-étudiants, selon leur évaluation de leur situation financière et le sexe
C’est plus d’un parent‐étudiant sur deux (55,8%) qui affirme vivre une situation de grande ou de très grande précarité financière (Tableau 24). Cette réalité est cependant celle de plus de mères-étudiantes, soit 57,9% d’entre elles, par rapport à 48,4% des pères-étudiants qui se disent dans cette même situation4 Par comparaison avec les données ICOPE 2006, les parents-étudiants rejoints par notre enquête montrent plus d’insatisfaction à l’égard de leur situation financière dans une proportion tout de même assez importante. Alors que nos données indiquent que 55,8% des répondants‐es se montrent insatisfaits de leur situation financière, c’est 41,3% des parents-étudiants rejoints par l’enquête ICOPE qui expriment la même insatisfaction..
Tant pour les mères que pour les pères la situation apparaît plus difficile lorsque le conjoint ou la conjointe est également aux études. C’est en effet 55,2% (N= 48/87) des mères dans cette situation et 52,7% (N= 29/55) des pères‐étudiants qui portent un tel jugement. Par contre, lorsque la conjointe ou le conjoint n’est pas aux études, les pères-étudiants sont proportionnellement moins nombreux (41,3%: N= 38/92) à évaluer négativement leur situation financière que les mères‐étudiantes (51,3%: N= 174/339)5 À noter que 582 parents-étudiants ont répondu à la question..
Soulignons que le régime d’études a une incidence sur le niveau de satisfaction des parents-étudiants à l’égard de leur situation financière. La proportion de ceux et de celles qui estiment vivre dans la précarité atteint plus des deux-tiers, soit 67% (N= 287/428) parmi ceux et celles qui sont inscrits dans un régime d’études à temps complet, comparativement à 39,4% (N= 117/297) parmi les parents-étudiants inscrits à temps partiel à l’UQAM. Ce sont donc deux parents-étudiants sur trois inscrits à plein temps à l’UQAM qui connaissent la précarité économique.
En toute logique, les parents-étudiants détenteurs d’un emploi sont proportionnellement moins nombreux à considérer que leur situation financière laisse à désirer (Tableau 25). La situation s’avère néanmoins plus difficile pour les mères-étudiantes détenant un emploi qui sont tout de même une sur deux (51,9%) à s’estimer dans une telle situation par comparaison à 37,7% des pères.
Par ailleurs, parmi les parents-étudiants qui ne détiennent pas d’emploi, la situation est inversée. Ce sont effectivement trois pères-étudiants sur quatre (74,5%) qui jugent leur situation économique plutôt ou très précaire. Faut‐il ajouter que c’est le cas pour deux mères-étudiantes sur trois (64,4%). Bref, la pauvreté guette les parents-étudiants à l’UQAM qui optent pour ne pas articuler travail-études.
Tableau 25
Répartition des parents-étudiants, selon leur statut d’emploi, l’évaluation de leur situation financière et le sexe
Une telle réalité est également celle des parents-étudiants vivant seuls‐es (Tableau 26) qui, pour les trois-quarts (76,5%), disent connaître une situation financière difficile, ce pourcentage atteignant même les 84,6% dans le cas des pères-étudiants. On peut penser que les parents-étudiants vivant seuls figurent parmi les catégories d’étudiants‐es les plus vulnérables.
Tableau 26
Répartition des parents-étudiants, selon la cohabitation avec un‐e conjointe‐e, l’évaluation de leur situation financière et le sexe
- 1Sans indiquer de tendances contraires, les données d’ICOPE 2006 reflètent une participation plus élevée des mères-étudiantes de l’UQAM au marché du travail, situant celle-ci à 65,1%, alors que les statistiques pour les pères-étudiants sont relativement proches, ICOPE situant à 73,3% leur taux de participation.
- 2Ministère de l’Éducation du Québec et l’Aide financière aux études (2003). Enquête sur les conditions de vie des étudiants de la formation professionnelle au secondaire, du collégial et de l’université. Québec: MEQ/AFE, 169 p.
- 3Rappelons que le plafond d’endettement alloué par l’AFE est d’un montant maximum de trente-six mille dollars pour un‐e étudiant‐e universitaire de premier cycle dans un programme de plus de vingt-quatre mois, et de quarante-huit mille dollars pour un‐e étudiant‐e de deuxième cycle dans un programme de plus de vingt mois. Source: Comité consultatif sur l’accessibilité financière aux études, Hausse des montants maximums des prêts et des niveaux d’endettement; Allocation pour l’achat de matériel informatique et exemption de base pour les montants reçus à titre de pension alimentaire; Projet de règlement modifiant le Règlement sur l’aide financière aux études, 2004, p. 5. http://www.cse.gouv.qc.ca/FR/Download/index.html?id=138)
- 4Par comparaison avec les données ICOPE 2006, les parents-étudiants rejoints par notre enquête montrent plus d’insatisfaction à l’égard de leur situation financière dans une proportion tout de même assez importante. Alors que nos données indiquent que 55,8% des répondants‐es se montrent insatisfaits de leur situation financière, c’est 41,3% des parents-étudiants rejoints par l’enquête ICOPE qui expriment la même insatisfaction.
- 5À noter que 582 parents-étudiants ont répondu à la question.