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Art et bungalow (2): The Leona Drive Project (2009)

Marie Parent
couverture
Article paru dans Suburbia: L’Amérique des banlieues, sous la responsabilité de Marie Parent (2011)

 

Briggs, Nathan. 2009. «Leona Drive Project» [Photographie] Exposition Leona Drive Project ayant eu lieu en banlieue de Toronto en 2009. Source: Performance Research, vol. 16, no 2, 2011. 

Briggs, Nathan. 2009. «Leona Drive Project» [Photographie]
Exposition Leona Drive Project ayant eu lieu en banlieue de Toronto en 2009.
Source: Performance Research, vol. 16, no 2, 2011.
(Credit : The Performance Studies (Canada) Project)

The Leona Drive Project est une installation organisée par deux collectifs artistiques torontois, Public Access et L.O.T.: Experiments in Urban Research. L’idée était d’investir six bungalows datant des années d’après-guerre, voués à la démolition, sur Leona Drive à Willowdale, une banlieue située au nord de Toronto. L’exposition a réuni 23 artistes dont les œuvres mettent à profit différents médiums: installation architecturale ou audio-visuelle, projections, photographie, sculpture, performance.
Janine Marchessault et Michael J. Prokopow, les deux curateurs de l’exposition, écrivent:
As a site of changing production, the suburban house can serve as both fulcrum and container for an examination of the eclipse
of modern European–North American moral and aesthetic hegemony. We can think of domestic rituals, gardening and landscaping practices, aging parents, emigrants, malls and so on. […] Leona presented innovative articulations of the complex and differentiated spaces we call suburbs and offered thoughtful, provocative and stimulating commentaries on what have been, are and will continue to be vitally important enclaves of social existence. […] Interested in the new ecologies of place, citizenship, transposed tradition, lifestyle and home, Leona offered insight into the continually changing role of technology and the built environment (from sewage systems to cars) in the public and private lives of the citizen1Janine Marchessault et Michael J. Prokopow, « The Leona Drive Project : A Public Access + L.O.T. Project », Performance Research : A Journal of the Performing Arts, vol. 16, no 2, 2011, p. 164..
En effet, les organisateurs de l’exposition se préoccupent tout particulièrement de la place qui sera réservée à ces restes de l’habitation nord-américaine dans la mémoire collective. Le projet implique un effort d’archivage, de préservation de ces traces : des entrevues avec d’anciens habitants de Leona Drive ont été enregistrées, des photographies anciennes et récentes des maisons de cette rue ont été sauvegardées, un documentaire sur le projet artistique a été réalisé (ces documents seront conservés sur le site Internet de l’Université York). C’est cet entremêlement d’existences sur une si petite parcelle de territoire en apparence bien banale qui devient un objet de fascination. Les curateurs expliquent qu’il s’agit pour eux de recréer un réseau de relations sociales au sein d’un espace abandonné en voie d’être réduit à néant.
Leona was an exhibition that was widely covered in the media and was attended by over 3,000 visitors from across Toronto. As more and more people walked through the site, these modest houses and the lives lived in them were attached to other lives, and these multiplied throughout the week. It is precisely these ephemeral social relations unearthed by the exhibit–those relations that reside in human memory and emotional attachments and cannot be commodified–that struck us as the fundamental contribution of the project2Ibid..
On remarque aussi qu’il est rare que la banlieue devienne un lieu qu’on visite sans but précis, un lieu où l’on flâne, où l’on rêvasse, où l’on réfléchit. The Leona Drive Project fait de ces bungalows des constructions qui disent quelque chose de l’histoire du paysage. Leur architecture prend un aspect singulier du moment où l’on en modifie un détail (une des maisons est entièrement peinte en vert–fenêtres incluses-; une voiture a été encastrée dans la baie vitrée d’une autre maison; un mur extérieur a été arraché dans la maison suivante, etc.). On peut penser qu’en arpentant ce décor des plus familiers les visiteurs ont pu redécouvrir l’étrangeté de leur propre espace de vie.
L’exposition a eu lieu du 22 au 31 octobre 2009. Plus de détails sur le site de l’exposition.
  • 1
    Janine Marchessault et Michael J. Prokopow, « The Leona Drive Project : A Public Access + L.O.T. Project », Performance Research : A Journal of the Performing Arts, vol. 16, no 2, 2011, p. 164.
  • 2
    Ibid.
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