Colloque, 22 mai 2015
Les «tenaces velléités révolutionnaires» de Michel Leiris, de la Chine maoïste à Mai 68
Les deux préfaces de L’Afrique fantôme constituent deux mea culpa renouvelés et reformulés dans lesquels Leiris affirme les limites de son expérience et son incapacité à rendre compte adéquatement d’une société africaine qu’il était venu étudier de 1931 à 1933. L’Afrique fantôme constitue le journal quotidien de cette mission et a été publié en 1934.
La première préface à être publiée date de 1950, Leiris revient sur la vision de l’Afrique qui se dégage du journal, une Afrique qui ne correspond pas à l’idéal exotique qu’il s’en faisait avant d’y mettre les pieds. Leiris en Afrique ne fait aucune plongée libératrice «dans la mentalité primitive». Le journal de lors reflète sa déception. Leiris dans la préface condamne cette déception en s’accusant d’avoir, par ignorance, complètement méconnu les enjeux politiques liés à l’exploitation coloniale des peuples africains. Avec le recul que lui donné les presque 20 années qui se sont écoulées, il juge avec sévérité sa «comédie d’enfant gâté» et la «suffisance de l’occidental cultivé» qu’il était. Depuis, un changement de perspective a eu lieu, amené par plusieurs voyages et les mouvements de libération dans les colonies.
Laurence Côté-Fournier est candidate au doctorat à l’Université du Québec à Montréal et travaille sur l’imaginaire politique et poétique de la rhétorique dans les œuvres de Michel Leiris, Jean Paulhan et Francis Ponge. En plus d’avoir été membre du comité de rédaction de la revue Salon Double, pour laquelle elle a écrit de nombreux articles, elle a publié des essais dans Nouveau Projet, Pop-en-stock et codirigé le cahier ReMix «Un malaise américain: variations sur un présent irrésolu» pour l’OIC. Elle collabore régulièrement au cahier critique de la revue Liberté.