Colloque, 29 avril 2020
Épidémie et posthumanisme
Selon l’historien Stéphane Audoin-Rouzeau, répondant à une question sur la COVID-19: «nos sociétés subissent aujourd’hui un choc anthropologique de tout premier ordre. Elles ont tout fait pour bannir la mort de leurs horizons d’attente, elles se fondaient de manière croissante sur la puissance du numérique et les promesses de l’intelligence artificielle. Mais nous sommes rappelés à notre animalité fondamentale, au ‘socle biologique de notre humanité’, comme l’appelait l’anthropologue Françoise Héritier. Nous restons des homo sapiens appartenant au monde animal, attaquables par des maladies contre lesquelles les moyens de lutte demeurent rustiques en regard de notre puissance technologique supposée : rester chez soi, sans médicament, sans vaccin…» (entretien avec Joseph Confavreux, Médiapart, 12 avril 2020). “Choc anthropologique”, “bannir la mort”, appui sur le numérique et l’intelligence artificielle, rappel de l’animalité: tout ce vocabulaire renvoie aux discussions sur le posthumanisme. Dans le cadre de sa participation au speed-colloque virtuel, Jean-Paul Engélibert étudie l’hypothèse que l’épidémie actuelle nous conduit à reposer à nouveaux frais les questions du transhumanisme et du posthumanisme, à partir de la tension entre puissance du numérique et puissance des corps, mais aussi à partir des tensions internes au numérique en temps d’épidémie (les prothèses numériques pouvant nous protéger mais aussi nous contrôler) comme des tensions propres du corporel (la composition des corps -au sens où tout corps est un composé de corps multiples et hétérogènes- révèle leur fragilité, mais aussi leur puissance).
Un article issu de cette présentation a été publié dans le dossier Pandémies sur Pop-en-stock.