Le 16 mai 2022 a eu lieu à l’Université du Québec à Montréal la cinquième édition du colloque interuniversitaire et interdisciplinaire de l’Association des cycles supérieurs en histoire de l’art (ACSHA), intitulé «Repenser l’échec».

Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. 
Essaie encore. Échoue encore. Échoue mieux.
— Samuel Beckett, Cap au pire, 1983

Dans Cap au pire (Worstward Ho), Samuel Beckett traduit un désir: celui de «rater mieux». Mais cette idée «d’empirement» mène-t-elle inexorablement à l’échec? Cet état qui résulte d’une incapacité à atteindre un objectif désiré ou prévu, est souvent mis en opposition avec l’idée de succès. L’échec est d’autant plus redoutable puisqu’il est synonyme d’imperfection, de «nonperformance». Pensons le problème autrement: est-il possible d’exceller à échouer? Dans The Queer Art of Failure (2011), J. Jack Halberstam constate que cette pression liée au désir de réussite et de reconnaissance contraint les gens à demeurer dans des sentiers balisés au lieu de les inciter à explorer le potentiel créatif du «désapprentissage». Au cœur de sa réflexion: la déconstruction de cette logique binaire échec/succès par la célébration de l’oubliable, de l’échec spectaculaire et de l’absurde.

Échouer de façon magistrale. N’y-a-t-il pas là matière à réflexion? C’est du moins l’objectif de ce colloque qui abordera la notion d’échec en art et dans les mouvements sociaux pour le repenser sous un nouvel angle. Dans une perspective interdisciplinaire et transhistorique, le colloque réunira des intervenant·e·s d’horizons divers afin de mener une réflexion commune et revisiter la notion d’échec à travers son potentiel créatif, subversif voire productif.

Les étudiantes et étudiants de la maîtrise et du doctorat en histoire de l’art de l’Université du Québec à Montréal se sont regroupés en association d’un même champ d’étude sous le nom de l’Association des cycles supérieurs en histoire de l’art (ACSHA).

Le mandat de l’ACSHA est de promouvoir la vie étudiante au département d’histoire de l’art en favorisant la communication entre ses membres et en organisant des évènements socioculturels; de favoriser la diffusion des recherches de ses membres par l’organisation d’activités scientifiques; de favoriser la diffusion des recherches de ses membres par un soutien financier octroyé pour  l’organisation d’activités scientifiques; et de représenter ses membres et défendre leurs intérêts au sein des comités et assemblées universitaires pertinents et auprès du Département, de la Faculté, de l’Université et des autres associations étudiantes. (Site de l’ACSHA)

Communications de l’événement

Adèle Blanchard

Merlin et Cocteau, doubles artistiques et métadiscursifs

Adèle Blanchard propose une exploration de la pièce méconnue de Jean Cocteau, Les Chevaliers de la table ronde, écrite et présentée en 1937.

Mathieu Pierre

Écrire queer: l’héritage de la honte

Mathieu Pierre aborde l’écriture queer et le sentiment de honte qui l’accompagne dans sa propre expérience de création.

Emmy Lapointe

Sad Girl Theory: une cartographie de tristesses contre l’hégémonie du bonheur

Emmy Lapointe analyse Trente de Marie Darsigny à partir de la Sad Girl Theory.

Juliette Bergeron

Favoriser l’approche ratée: la productivité discursive de l’échec vue à travers des œuvres de tricot

Juliette Bergeron examine le potentiel de l’échec dans les œuvres de tricot.

Sandrine Labelle

Les solidarités féministes sont-elles possibles? Repenser l’échec des «Conférences Indochinoises» (1971) et du projet de sororité globale

Sandrine Labelle nous présente certaines des réflexions qui l’ont habitée lorsqu’elle rédigeait son mémoire de maîtrise qui portait sur l’histoire des solidarités entre féministes durant la période de la décolonisation (1960-1970).

Léo Lecomte & Alex Niunin

Une méthode de l’échec: étude des pratiques d’alphabétisation populaire

Pour cette communication, Léo Lecomte et Alex Niunin lient leur champ d’intérêt et de travail respectifs: Léo Lecompte s’intéresse aux théories queer tandis qu’Alex Niunin s’intéresse à l’alphabétisation populaire. Bien que ces deux approches utilisent et traitent l’échec de manières différentes, iels ont l’intuition que l’intersection de ces deux approches leur permettra de penser une méthode de l’échec.

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