Hors collection, 01/01/1997

Notes de traduction et sensation d’exotisme dans «La trilogie» de Naguib Mahfouz

Rachel Bouvet
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La lecture de textes dans lesquels une culture éloignée est représentée constitue aujourd’hui un acte banal, suscitant très peu d’intérêt parmi les spécialistes de la lecture. L’une des difficultés réside peut-être dans le fait que les récits inspirés par les voyages, les textes traduits, ou encore provenant de régions francophones lointaines, les romans d’aventure se déroulant à l’autre bout du monde, les textes écrits par des auteurs immigrés, etc., forment un ensemble des plus disparates, tout comme les réactions des lecteurs. Certains évoqueront le plaisir de se sentir dépaysé, la déception de ne pas l’être assez, ou encore l’absence totale d’intérêt pour ces textes. Pour d’autres, ayant déjà parcouru le pays, la lecture sera le lieu où les souvenirs surgissent, où la nostalgie s’installe, quand ce n’est pas l’agacement face aux clichés rencontrés le long des pages qui prévaut. Comment expliquer ces variations? Évoquer l’idiosyncrasie des lecteurs ne servirait dans le fond qu’à éluder la question. Le problème que ces textes soulèvent est celui, beaucoup plus complexe, du rapport entre la lecture et l’exotisme. C’est dans le cadre d’une sémiotique de la lecture que j’envisage de l’étudier, en limitant toutefois ma réflexion à un seul des multiples modes d’appréhension de l’étranger: la lecture de traductions. Je tenterai de montrer que la lecture peut engendrer une sensation d’exotisme en prenant comme exemple l’une des oeuvres les plus importantes de la littérature arabe: La trilogie de Naguib Mahfouz, traduite en français par Philippe Vigreux. Je m’intéresserai dans un premier temps aux propositions de Segalen, qui définit l’exotisme comme «appréhension du divers»; dans un deuxième temps, j’examinerai certains traits du discours de la presse occidentale sur Mahfouz, en particulier la récurrence d’une dénomination qui fonctionne comme un cliché; enfin, je procèderai à l’analyse des notes explicatives de la traduction, qui, parce qu’elles obligent le lecteur à prendre de la distance par rapport au récit, peuvent être considérées comme l’espace réservé au «divers».

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Cet article est la version préliminaire de l’article publié dans Revue de littérature comparée, no 3, juillet-septembre 1997, p. 341-365.

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