Hors collection, 01/01/2008
Les cassures du vivant/ Living’s Flaws
Après vingt ans d’activité, le centre d’artistes Skol cherche à célébrer son parcours et à se situer pour la suite du monde. Faire comme si tout allait bien/ As if all were well, le thème de sa programmation anniversaire, rappelle le «comme si» de Camus «Les conquérants savent que l’action est en elle-même inutile. Il n’y a qu’une action utile, celle qui referait l’homme et la terre. Je ne referai jamais les hommes. Mais il faut faire comme si». La continuité et le pouvoir de l’action fondés sur un aveuglement volontaire et conquérant. Praguer Strafte représente une scène de rue à Dresde. Un mendiant à qui il ne reste qu’une main et des passants dont les corps sont amputés par la récente guerre et par le cadrage du tableau un militaire vétéran cul-de-jatte, un homme tenant sa canne avec une main de bois, un homme à la main gantée, une femme portant une chaussure à semelle compensée, deux chiens, une représentation de la mort et de sa faux, une naine qui dessine des graffitis et, dans les vitrines qui bordent la rue, un ensemble de morceaux de corps féminins, mannequins et prothèses de toutes sortes. Le peintre attribue au spectateur le point de vue d’un passant, l’incluant ainsi en quelque sorte dans cette rue de Dresde qui traverse et déborde latéralement et frontalement le tableau, lui donne son contexte.
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Cet article a d’abord été publié dans Livraison, n.9, en 2008.