Le mythe de Diane. Si voir m’était donné

Furieuse d’avoir été surprise nue au bain par le chasseur Actéon, Diane le métamorphose en cerf en le mettant au défi : « Et maintenant, libre à toi d’aller raconter, si tu le peux, que tu m’as vue sans voile ! ». Si le mythe souligne l’investissement érotique du regard, la faute n’est pas punie en son lieu même, puisqu’Actéon ne devient pas aveugle : le sacrifice imposé par Diane à son sauvage contemplateur porte sur la possibilité de symboliser son expérience extatique dans le langage verbal. On analyse ici, au départ de représentations littéraires et artistiques de Diane et Actéon du XVIe siècle à nos jours, et jusqu’à son écho dans la « Dianamania » et les Femen, quelles problématisations complexes du voir et surtout du dire ce mythe met en oeuvre.

Véronique Cnockaert est professeure à l’Université du Québec à Montréal, spécialisée en littérature française du XIXe siècle et plus spécifiquement de l’oeuvre de Zola, du naturalisme et de la méthode ethnocritique.

Myriam Watthee-Delmotte est directrice de recherches du FNRS, professeure émérite à l’UCLouvain et membre titulaire de l’Académie Royale de Belgique. Elle est l’auteure de plusieurs études sur les modes d’efficacité de la littérature, du XIXe siècle à l’hypercontemporain.