Hors collection, 01/01/2017
L’art de voyager dans «L’Usage du monde» de Nicolas Bouvier
«En 1953, Nicolas Bouvier quitte Genève pour un long périple vers l’est, un voyage qui durera plus de deux ans et qui le mènera jusqu’au Japon. Après avoir rejoint son ami Thierry Vernet à Belgrade en Fiat Toppolino, tous deux parcourent de concert la Yougoslavie, la Macédoine, l’Iran et l’Afghanistan. C’est seulement cette partie du voyage qui est relatée dans L’Usage du monde. Ensuite, Bouvier continue seul, il traverse l’Inde et s’installe, affaibli et malade, à Ceylan (l’actuel Sri Lanka), où il vit une période assez sombre, ainsi qu’il le raconte dans Poisson-scorpion. Enfin, il se rend au Japon, où il retournera plusieurs fois au cours de sa vie, ce qui donnera lieu à sa célèbre Chronique japonaise. Dans tous les cas, le processus d’écriture s’échelonne sur un temps assez long après le voyage proprement dit. D’abord publié à compte d’auteur chez Droz à Genève en 1963, L’Usage du monde sera réédité maintes fois par la suite et connaîtra un grand succès auprès du public, surtout à partir des années 80, au point où Bouvier est maintenant considéré comme le plus grand écrivain-voyageur du XXe siècle. Son récit révèle un véritable art de voyager, basé sur une posture nomade et sur une dynamique de l’altérité tout à fait singulière.
Afin de mieux comprendre de quelle manière il rend compte de l’espace vécu et traversé, j’examinerai les stratégies d’écriture et les procédés de visualisation en analysant notamment les descriptions de paysages et de villages et en réfléchissant au rapport que le texte entretient avec les dessins de Vernet. Enfin, en revenant sur les notions abordées au cours de l’étude, soit celles de paysage, d’espace vécu, de parcours, de nomadisme et d’altérité, j’expliquerai en quoi la posture prise par le voyageur rejoint les principes essentiels de la géopoétique.»
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Cet article a d’abord été publié dans la revue Op. Cit., revue des littératures et des arts, n°17, automne 2017.