Hors collection, 01/01/2011
Déjouer le spectacle de la violence. Représenter les événements du 11 septembre 2001
Comment nous représentons-nous les actes de violence? Comment parvenons à rendre signifiantes ces situations où la violence est telle qu’elle suscite stupeur, silence et oubli? Une chose semble certaine, il faut du temps pour penser la violence. Il faut penser la violence dans le temps. Peut-être parce que seul le temps permet à la douleur de s’atténuer et à l’esprit de s’y retrouver dans ses perceptions et souvenirs.
D’entrée de jeu, la violence subie brouille la perception du temps, c’est dire qu’elle détruit le temps et le laisse en lambeaux. Sa présence voit à l’irruption de perturbations multiples des syncopes cognitives où l’esprit se vide tout à coup de ses capacités de compréhension et d’interprétation du monde ou alors des effets de désubjectivation qui déstabilisent la perception en opacifiant l’identité. En fait, la violence ne se comprend que dans l’après-coup, quand nous sommes sortis de ses premiers cercles (Chesnais, 1981) et que nous pouvons enfin en examiner la portée. Avant d’en sortir, c’est le règne de l’illisible, et par conséquent, de l’indicible. Cela résiste à être dit.
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Cet article a d’abord été publié dans E-rea, vol. 9, en 2011.