Journée d'étude, 10 mars 2023

«Tout ceci me venge enfin des hommes qui n’ont pas voulu de moi.»

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Cette journée d’étude sur l’œuvre de Joyce Mansour, organisée par Ève Lemieux-Cloutier et Sylvano Santini, a eu lieu le 10 mars 2023 à l’Université du Québec à Montréal.

À l’approche du centième anniversaire du surréalisme, il est important de souligner l’apport des écrivaines et des écrivains marginalisé·es au rayonnement du mouvement. Bien que plusieurs ouvrages critiques aient permis de donner une visibilité à des artistes qui demeuraient dans l’ombre de leurs confrères surréalistes, peu d’entre eux ont mis de l’avant l’œuvre de Joyce Mansour (1928-1986). Dès 1953, l’écrivaine, originaire du Caire, a ébranlé le milieu littéraire parisien avec son premier recueil, Cris. Le père du mouvement, André Breton, tomba alors sous le charme du « parfum d’orchidée noire – ultra-noire – de [ses] poèmes. » Malgré une production foisonnante de plus d’une quinzaine de recueils de poésie, de quatre récits et d’une pièce de théâtre, Joyce Mansour ne figure que rarement dans les études littéraires consacrées aux avant-gardes. Nous désirons donc organiser une journée d’étude dédiée à l’autrice pour mettre en lumière son œuvre et lui rendre hommage, en espérant que « tout ceci [la] venge enfin des hommes qui n’ont pas voulu [d’elle]».

L’écriture de Mansour se distingue par son caractère cru, choquant et surprenant ainsi que par son humour noir : « Je sais que les morts en coït muent et réapprennent à souffrir/ Quand la lune sort sa verge aux yeux de pluie». L’érotisme présent dans ses poèmes et ses contes, souvent joint à une troublante violence, émane d’un lyrisme si singulier qu’il force un regard pluriel. La dissémination de la voix parmi les désirs, les haines, les amours, les autres, les legs du passé et les attentes de l’avenir, tient certes de la virtuosité et l’impétuosité de Mansour, mais elle est aussi le signe d’un travail commun à l’époque qui consiste à mettre à distance du moi. L’autrice se médiatise ainsi en exprimant d’étonnantes rencontres entre les genres, les règnes, les mots et les choses. Nous y consacrerons notre journée d’étude. Les propositions devraient interroger cette médiatisation en la percevant aussi dans les rapports intertextuels de son œuvre avec les auteur·rices de son époque, ainsi qu’avec les œuvres du passé ; dans ceux intermédiaux avec la littérature, la peinture et l’art; dans ceux interdisciplinaires avec l’anthropologie, la psychanalyse, la sociologie et la politique; ou encore dans ceux intersubjectifs avec la famille, les ennemis ou les amant·es…. Nous croyons que seule cette approche multiple et rhizomatique nous permettra d’engager une réflexion étendue sur une œuvre que sa très grande singularité semble voir condamnée à l’isolement.

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Communications de l’événement

Orane Thibaud

«Ma bouche se veut tombe mais ne sait pas mentir»

Orane Thibaud a regroupé une série d’extraits des poèmes de Joyce Mansour dont elle propose une lecture dans le cadre de la journée d’étude qui lui est dédié.

Carole David

Dans le charnier de l’œuvre de Joyce Mansour: «Je suis moi-même. Je suis l’ennemi. Seule»

Carole David tisse des liens entre sa propre pratique de la poésie et celle de Joyce Mansour, évoquant leur solitude et parcours de vie respectifs.

Andrea Oberhuber

Joyce Mansour et les autres: faire communauté par le livre

Andrea Oberhuber revient sur l’œuvre et la vie de Joyce Mansour en évoquant ses collaborations avec des artistes visuels, notamment Pierre Alechinsky, mais aussi celles qui n’ont eu lieu malgré l’existence d’une communauté d’artistes surréalistes femmes qui ne s’est pas trouvée à l’époque.

Sylvano Santini

Être sauvage comme une image. Mansour se fait-elle du cinéma?

Sylvano Santini met en relation les images et un certain sens du montage dans la poésie de Joyce Mansour avec un cinéma de genre (notamment d’horreur). Il évoque notamment son appartenance à un réseau de cinéastes de l’époque et imagine à quoi ressemblerait son cinéma, celui qu’elle regardait ou qu’elle aurait fait.

Alexis Lussier

Érotique empoisonnée d’après Joyce Mansour & Claude Louis-Combet

Alexis Lussier met en relation l’écriture de Joyce Mansour et celle Claude Louis-Combet en leur trouvant en commun une érotique du désir de la pulsion ou encore de l’angoisse.

Eve Lemieux-Cloutier

Repenser l’intime: la violence de l’érotisme chez Joyce Mansour

Eve Lemieux-Cloutier parle du rapport genré à l’amour dans la création surréaliste. Elle évoque la violence de l’érotisme chez Joyce Mansour comme une forme d’agentivité en regard des rapports de pouvoir en jeu jusque dans les relations intimes.

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