Journée d'étude, 27 janvier 2012
Le blogue littéraire: nouvel atelier de l’écrivain
Le 27 janvier 2012 a eu lieu, à l’Université du Québec à Montréal, une journée d’étude intitulée «Le blogue littéraire: nouvel atelier de l’écrivain». L’événement a été organisé par Bertrand Gervais, professeur au Département d’études littéraires de l’UQAM, et Simon Brousseau, doctorant au Département d’études littéraires de l’UQAM.
La croissance du nombre de blogues et la diversité des pratiques qui ont lieu dans la blogosphère modifient considérablement le paysage littéraire, rendant nécessaire une réflexion approfondie quant aux différents aspects de la littérature bouleversés par ces pratiques, tant du côté de l’édition, de la création que de la réception. Le but de cette journée d’étude est de réfléchir aux blogues en tant que support d’écriture permettant de développer et d’accueillir des textes littéraires et/ou des projets artistiques. Il s’agira d’explorer les différentes possibilités esthétiques et médiatiques liées à ce support, mais également de déterminer en quoi le cyberespace, en accueillant des écritures qui contournent les instances de légitimation traditionnelles, vient reconfigurer plusieurs facettes du phénomène littéraire.
Chacune des communications de la journée est disponible en fichier audio. De plus, les 2 fichiers PDF attachés ci-bas sont les résultats du fil de conversation de la journée sur Twitter du mot clic #oicblogue par ordre antéchronologique. Compilations de Benoît Melançon (UdeM) et de Alice van der Klei (UQAM).
Communications de l’événement
L’Atelier du romancier: le Blogue du Parfait Salaud, avant-texte de «Mile End Stories»
Sophie Marcotte parle du Blogue du Parfait Salaud, l’avant-texte de Mile End Stories de Pierre-Marc Drouin.
Sophie Marcotte est chercheure régulière à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire, et professeure de littérature à Concordia. Outre ses travaux sur les archives et les manuscrits d’écrivains et sur l’édition électronique (HyperRoy, manuscrits et inédits dans les archives de Gabrielle Roy), elle s’intéresse depuis quelques années aux liens entre littérature et technologies et à l’étude de la présence et de l’influence du numérique dans le roman contemporain.
L’impact de l’outil CMS dans la création de blogues littéraires
«Lors du colloque sur le texte et l’image qui avait lieu à Montréal en août 2011, ma communication qui traitait de la relation entre les esthétiques et les outils numériques s’achevait sur ces systèmes de gestion de contenus que sont les CMS, les Content Management Systems. Ces outils open source, comme WordPress et Drupal, sont constitués en base de données séparant le contenu de sa présentation et, à notre sens, imposant donc une certaine représentation des formes. Nous partons donc de l’hypothèse que cette séparation change notre perception: la mise en page revêt une importance dans la structuration et la mise en avant des idées.»
Après plus de vingt ans d’expérience dans le domaine de la communication, Odile Farge vient d’achever un Master2 Pro en Création et Édition Numériques au département Hypermédia de l’Université Paris 8 et a effectué un stage au laboratoire NT2 dans le cadre de la validation de ce Master. Odile Farge s’intéresse à l’hypermédia, au design graphique en général, et à la mise en page en particulier. C’est une des raisons qui l’incite maintenant à préparer un Master Recherche portant sur les problématiques liées aux outils de gestion de contenu et de visualisation. Odile Farge est également titulaire d’une Maîtrise en AES (Administration Économique et Sociale) à l’Université Paris X.
Textes superflus et talents gâchés: le blogue en tant que dépense improductive
«La réflexion que je propose aujourd’hui est née d’un agacement. Je ne parlerai pas des blogues en général (et on peut se demander si une telle approche est possible), mais bbien de mon expérience de lecture et plus spécifiquement de ce qui m’intéresse dans la blogosphère. Parce que s’il y a des milliers de blogues soporifiques, je crois qu’il existe aussi des blogues importants et l’énorme proportion de nullité ne doit pas nous empêcher de considérer avec sérieux ces pratiques relativement récentes.»
Simon Brousseau a complété un doctorat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal. Il prépare une thèse, sous la direction de Bertrand Gervais, à propos du retour du sujet et de la problématisation de l’héritage postmoderne dans l’œuvre de l’écrivain américain David Foster Wallace. Il est le directeur adjoint de Salon double.
La place du blogue dans la recherche académique
Cette première table ronde de la journée sur le blogue littéraire rassemble quatre chercheurs.
Bertrand Gervais, Alice van der Klei, Benoit Melançon et René Audet discutent de la place du blogue dans la recherche académique. La table ronde est animée par Samuel Archibald.
Les chercheurs et leurs blogues
Bertrand Gervais est chercheur régulier de FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. Il a été directeur du Centre de 1999 à 2015. Il est aussi titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la littérature et les arts numériques. directeur ainsi que du NT2, le Laboratoire de recherche sur les arts et les littératures hypermédiatiques. Il fait partie du programme de recherche interdisciplinaire RADICAL (Repères pour une articulation des dimensions culturelles, artistiques et littéraires de l’imaginaire contemporain). Il est professeur titulaire et enseigne au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal. Il s’intéresse au roman américain contemporain, aux nouvelles formes fictionnelles, de même qu’aux théories sur l’imaginaire et ses figures. Son blogue Ce n’est écrit nulle part se veut un espace virtuel de création. Bertrand Gervais nourrit aussi un carnet de recherche de l’OIC intitulé Réflexions sur le contemporain.
Alice van der Klei a soutenu une thèse sur l’hypertexte à l’Université de Montréal. Post-doctorante au NT2, le Laboratoire de recherches sur les œuvres hypermédiatiques à l’UQAM en 2006-2007, elle a été responsable de l’information et de la communication au NT2 jusqu’en 2009. Elle est la rédactrice en chef et co-fondatrice de la revue bleuOrange. Alice van der Klei est chargée de cours au Département d’études littéraires à l’Université du Québec à Montréal et a été responsable de l’Observatoire de l’imaginaire contemporain et de ses carnets de recherche jusqu’en 2014.
Benoit Melançon est professeur titulaire et directeur du Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Il est aussi le directeur scientifique des Presses de l’Université de Montréal. Il a co-écrit le Dictionnaire québécois instantané (Fides, 2004). Sur la page «À propos» de son blogue, L’Oreille tendue, Benoit Melançon cite André Belleau: «Nous n’avons pas besoin de parler français, nous avons besoin du français pour parler», écrivait André Belleau. Il ajoute «Nous avons besoin de tout le français. Voilà pourquoi ce blogue porte (surtout) sur la vie de la langue — la française, mais pas seulement —, aujourd’hui comme hier.»
René Audet est professeur titulaire au Département des littératures de l’Université Laval (Québec) et directeur du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (CRILCQ), site Université Laval. Ses travaux portent sur la narrativité contemporaine, la poétique du livre et du recueil, la littérature numérique et les enjeux numériques de diffusion du savoir et des archives. Il dirige le Laboratoire Ex situ. Études littéraires et technologie, de même que la revue savante temps zéro consacrée aux écritures contemporaines. Son blogue L’épée du soleil est un carnet de recherche et de diffusion sur la littérature contemporaine et esthétique numérique.
Le tour du propriétaire
«En tant que blogueur actif, j’ai ouvert mon blogue (All Work And No Play) il y a trois ans, mais l’an dernier, j’ai délibérément choisi de me prêter à l’expérience qui consisterait à mettre tout ce que j’allais écrire sur mon blogue.»
Jean-Philippe Gravel fait des études en cinéma puis en littérature, où il s’intéresse à Lacan et la métafiction. Il travaille comme critique de cinéma dans les pages du Ici (1997-2004) et de Ciné-Bulles. En 2009, il dépose à l’UQAM un mémoire-création incluant des récits (Desseins et débris: pour une compréhension pratique des enjeux de la métafiction, dir. Bertrand Gervais), puis enseigne le français et parfois la littérature. Tout en espérant publier des fictions bientôt, il se manifeste aussi dans la blogosphère.
Trekking sur blogue
Le blogue peut-il devenir ce lieu d’édition où carnet de notes, appareil photo, caméscope et magnétoscope permettent d’y inscrire, tel des balises, l’avancée hypermédiatique de la création in situ?
Est-ce possible d’effectuer un trekking, c’est-à-dire une randonnée en région éloignée, en d’autres termes, d’y faire une véritable parcours de recherche-création?
Est-ce que le blogue serait par nature protéïforme, plurivoque et interactif?
Hélène Guy est écrivaine et alpiniste. Elle est aussi chercheure régulière à FIGURA, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire. En 1987, elle obtient une maîtrise en études littéraires de l’Université du Québec à Montréal, puis, en 2005, un doctorat en Études françaises de l’Université de Sherbrooke. De 1997 à 2001, elle enseigne la création littéraire à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Depuis 2001, elle est professeure à l’Université de Sherbrooke, membre régulière de La Traversée.
Genèse de l’œuvre et écrits d’écran: hybridation générique et modèles conservatoires
Cette communication porte sur l’expérience d’Éric Chevillard sur l’autofictif.
«Mon blogue n’est pas participatif. J’y propose un travail d’écriture. Qui m’aime me suive. Si j’ouvrais les commentaires, il me faudrait y répondre. Or, l’entreprise n’a de sens que si elle ne déborde pas de son cadre et ne prend pas dans ma vie une place excessive.» (Éric Chevillard, L’autofictif)
Florence Pellegrini est maître de conférence à l’Université Bordeaux 3 – Montaigne, en France. Détentrice d’un doctorat en langue et littérature de l’Université Paris 8, elle a soutenu, en 2005, une thèse intitulée « »Mais pourquoi m’a-t-elle fait ça? »: la causalité dans Bouvard et Pécuchet de Gustave Flaubert».
Le blogue vu de l’intérieur: discussion entre blogueurs
Cette seconde table ronde de la journée d’étude sur le blogue littéraire rassemble cinq blogueurs.
Daniel Grenier, Amélie Paquet, Geneviève Pettersen, Paule Mackrous et Myriam Daguzan Bernier discutent de leur pratique d’écriture sur le web.
Les écrivains et leurs blogues
Daniel Grenier est doctorant en études littéraires à l’UQAM où il compose une thèse sur les figures du romancier dans la fiction américaine des XIXe et XXe siècles. Son blogue Saint-Henri est l’avant-texte de son premier recueil de fictions intitulé Malgré tout on rit à Saint-Henri, publié au Quartanier en 2012.
Amélie Paquet est chercheuse postdoctorale à l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur le souci du monde dans l’écriture des femmes. Elle est titulaire d’un doctorat en sémiologie de l’Université du Québec à Montréal. Sa thèse discute de la question de la littérature et du sens commun après la Seconde Guerre mondiale. Elle est l’un des quatre membres fondateurs du Salon double, qu’elle dirige. Son blogue Déprime explosive, créé en décembre 2002, comporte plus de 1500 entrées.
Geneviève Pettersen a travaillé dans l’édition et en publicité, après des études en sociologie des religions et en littérature à l’UQAM, pour finalement revenir à son premier amour, l’écriture. Fascinée par ce que révèlent les histoires de bonnes femmes, elle blogue sous le pseudonyme de Madame Chose. Son premier roman, La Déesse des mouches à feu, est paru au Quartanier en 2014. Elle est aussi chroniqueuse pour le magazine Châtelaine.
Paule Mackrous a obtenu un doctorat en sémiologie à l’Université du Québec à Montréal. Ses recherches portent sur les arts visuels, la cyberculture et le féminisme. Elle nourrit deux blogues: Pattie O’Green, qu’elle définit comme «une célébration de la vie», et effet de présence, qui porte le sous-titre «fabriquer la théorie avec toute sorte de choses».
Myriam Daguzan Bernier a fait des études en histoire de l’art, en pédagogie et en muséologie. Elle a créé son blogue, Ma mère était hipster, en 2011. Né d’une envie de partage et de discussions sur la culture, le blogue s’est doucement transformé en webzine qui couvre majoritairement la culture émergente à Montréal, mais parfois ailleurs dans le monde.