Colloque, 11 octobre 2017

«Il était une fois…?» Formes, enjeux et détournement du conte contemporain

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Le colloque étudiant Il était une fois…? Formes, enjeux et détournement du conte contemporain, organisé par Marion Gingras-Gagné (UQAM) et Andrée-Anne Tardy (Université Concordia), a lieu le 11 octobre 2017 à l’UQAM.

Un colloque sur les nouveaux enjeux du conte, ses adaptations et réécritures contemporaines, sa place dans l’imaginaire collectif, etc.

Tout comme le conte oral varie selon les régions et les pays où il est raconté, comme le démontrent les nombreuses versions d’un même conte, il est possible de croire que le conte écrit «s’adapterait» également à l’imaginaire collectif pour en proposer des variations significatives en lien avec son époque. Lié étroitement à la société qui l’entoure, le conte serait, comme l’affirme l’ethnologue Yvonne Verdier, à la fois «savoir sur la société et savoir de la société, miroir grossissant et toujours déplacé» (Fabre-Vassas et Fabre, 1995). Dans cette perspective, l’étudier nous permettrait ainsi de questionner à la fois l’imaginaire et le réel. En outre, comme le conte, à la fois éducatif et ludique, est souvent lu aux enfants dès leur plus jeune âge, il participerait nécessairement «à la construction des jeunes générations par l’adhésion aux codes culturels, symboliques et matériels ou le rejet de ces codes» (Connan-Pintado, 2014), confirmant, en plus de sa portée sociale, sa dimension éminemment politique.

Depuis une quarantaine d’années, on remarque que le conte connaît un regain extraordinaire. Sa résurgence sur plusieurs plateformes culturelles et artistiques témoigne du désir toujours présent de sa représentation, rejoignant à présent autant d’adultes que d’enfants. Cette nouvelle production foisonnante, issue d’auteurs, d’illustrateurs, de scénaristes, et d’artistes qui se réapproprient le conte avec enthousiasme confirme que «les contes du répertoire classique [qui] inspirent les plus grands créateurs et depuis fort longtemps» (Vassalo, 2010) le font encore aujourd’hui. Au Québec, des auteurs comme Simon Boulerice, Audrée Whilelmy et Guillaume Corbeil démantèlent des contes classiques et en offrent des versions délurées ou dramatiques. En littérature jeunesse pullulent les adaptations humoristiques et détournées. Au cinéma, l’adaptation des contes connaît une véritable explosion et on ne compte plus les versions fidèles à l’œuvre originale (Cendrillon 2015, La Belle et la bête, 2017) ou détournées (Maléfique, 2014). Au théâtre, des auteurs comme Pommérat font éclater la forme du conte traditionnel, et des conteurs comme Fred Pellerin, Marc Laberge et Julie Turconi partagent leur amour pour le conte oral, qui gagne maintenant en popularité. Bref, ces manifestations traduisent un bouleversement des formes, des motifs et de la fonction du conte (Amalvi, 2008), tout en permettant un éclatement et une reconfiguration des œuvres.

En outre, le conte contemporain ne fait plus face aux mêmes enjeux qu’autrefois et, de par les nouveaux codes qu’il propose, remet en question la définition même du conte. Dans cette optique, ce colloque se propose d’interroger, à travers un spectre interdisciplinaire, la présence du conte et ses manifestations au sein de la culture contemporaine en misant sur son renouvellement, sa transformation et son hybridation, dans le but de faire émerger les principaux enjeux auxquels il est confronté.

Les communications présentées lors du colloque sont le fruit de questionnements sur l’évolution du genre du conte, les formes qu’il prend aujourd’hui, la transformation de ses codes, ses modes de représentations et ce en quoi il peut refléter ou faire réfléchir la société qui l’entoure.

Communications de l’événement

Marc Laberge

Formes, enjeux et détournement du conte contemporain

Dans cette conférence d’ouverture au colloque Il était une fois…, Marc Laberge retrace, dans un premier temps, l’évolution du conte à travers les âges. Dans un second temps, il s’intéresse aux formes que prend la pratique du conte contemporain.

Marie Demers

Adaptations du conte «Snow White» des frères Grimm dans le cinéma contemporain: enjeux et valeurs

«Dans le cadre de cette communication, et en prenant comme objet de référence un album inspiré de la dernière version de Blanche Neige des frères Grimm de 1857, je m’intéresserai aux modifications qui ont été apportées à l’ouvrage pour son passage à l’écran.

Je me pencherai d’abord sur le classique Snow White and the Seven Dwarves des productions Disney, film d’adaptation de David Hand ayant pris l’affiche en 1937. L’oeuvre disneyenne, fortement critiquée par les militantes féministes au cours des années 1970 sera analysée sous l’angle des gender studies.

Je présenterai ensuite quatre autres conversions cinématographiques du conte: Snow White réalisé par Michael Bertz paru en 1987; Snow White, A Tale of Terror réalisé par Michael Cohn et paru en 1997; Snow White and the Hunstmen de Rupert Sanders paru en 2012; et Mirror Mirror également paru en 2012 du réalisateur Tarsem Singh.»

Marie-Simone Raad

La réalité et l’imaginaire à travers la série télévisée «Once Upon a Time»

Dans le cadre de cette communication, Marie-Simone Raad s’intéresse à la série télévisée Once Upon a Time. Son analyse se porte plus précisément sur la frontière entre la réalité et l’imaginaire telle que présentée dans la série ainsi que sur l’adaptation du schéma narratif des contes classiques.

Audrey Beaudoin

Hybridité des voix. Lorsque la parole collective du conteur se fait singulière

Dans le cadre de cette communication, Audrey Beaudoin s’intéresse aux tensions entre transmission orale et transmission écrite des contes.

Victoria Lagrange

Du merveilleux des contes à la violence criminelle: «Les Contes de Crimes» de Pierre Dubois

Dans cette présentation, Victoria Lagrange explore les réécritures des contes classiques par Pierre Dubois dans son roman policier Les contes de crimes.

Marie-Ève Fafard

L’expression du grotesque dans les contes du Saguenay: la version Tchen’ssâ d’Hervé Bouchard

«Nous démontrerons comment le conte d’Hervé Bouchard, présenté comme “supplément au petit répertoire jonquiérois des histoires du derrière” s’inscrit dans une tradition littéraire grotesque issue de la culture populaire en général, mais plus précisément de la région du Saguenay, tout en s’offrant aussi comme une manifestation littéraire contemporaine traduite de manière diégétique dans Le père sauvage par les deux pôles antagonistes de la tradition et de la modernité, articulant le conte, tous deux éléments centraux de publications associées au néo-terroir.»

Jean-François Lebel & Laurence Perron

Croquemitainisation de la mère: Enjeux de la transmission dans «The Babadook» de Jennifer Kent

Dans le cadre de cette communication, Jean-François Lebel et Laurence Perron proposent une analyse du conte d’horreur The Babadook.

Carmélie Jacob

L’irrésistible appel de Disney: une influence omniprésente

«Ce qui m’intéresse sera d’observer, non pas comment Disney a influé sur la signification même des contes, […] mais plutôt de voir, selon certains détails, de quelle façon l’influence de Disney se glisse sournoisement dans les réécritures et dans l’imaginaire individuel.

Je vais commencer par quelques exemples tirés des productions commerciales avant de voir comment l’influence de Disney se fait aussi sentir dans une sphère artistique un peu plus nichée.»

Valérie Synotte

Prendre la parole pour prendre sa place: les femmes de Barbe bleue chez Carole Fréchette, Dea Loher et Audrée Wilhelmy

«Les écrivaines qui reprennent des contes classiques montrent la plupart du temps le point de vue des personnages féminins, qui est absent des contes originaux.

Que ce soit par le conte, la nouvelle, la poésie, le roman ou le théâtre, les auteures font preuve d’originalité et montrent que le conte est un genre malléable et transformable, particulièrement ouvert aux réécritures et aux nouvelles interprétations. Je concentrerai ma communication autour de trois réécritures de Barbe Bleue de Charles Perrault pour montrer ce que peut devenir la vie des femmes de Barbe Bleue lorsqu’on leur permet d’exister. Et, surtout, pour montrer que pour ces nouveaux personnages féminins, prendre la parole leur permet d’affirmer leur désir, de prendre des décisions et de s’émanciper.»

Étienne Bergeron

Entre stéréotypes et morale homonormatives: le risque de la parodie dans les adaptations gays de contes traditionnels de Peter Cashorali

Dans le cadre de cette communication, Étienne Bergeron analyse et critique les reprises homosexuelles de contes traditionnels par Peter Cashorali dans ses Traditional Stories Retold for Gay Men.

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