Le speed colloque Fictions anatomiques: imaginaires du corps a eu lieu le vendredi 3 mars 2017 à l’Université du Québec à Montréal. Organisée par Philippe St-Germain (Collège Ahuntsic / Figura), cette activité a pris la forme d’un speed colloque, ce qui signifie que les communications sont d’une durée de cinq à dix minutes.
Plus qu’un pur véhicule, le corps est un lieu privilégié d’aventures faisant se rencontrer l’intime et l’extime, voire l’extraordinaire, dans la fiction. Il est au centre de profonds questionnements identitaires et sujet de reconfigurations (fussent-elle défigurantes): sa maladie et sa détérioration alimentent bien des intrigues, tout comme son perfectionnement –parfois inquiétant– grâce à la technique. Des cerveaux dans une cuve (qu’ils soient manipulés par les philosophes dans des expériences de pensée ou disséminés dans les laboratoires de scientifiques prométhéens) aux mains fugueuses en passant par les jambes de bois et les posthumains qui alimentent durablement les genres du fantastique et de la science-fiction, l’imaginaire du corps est si proliférant qu’on peut sans peine parler d’imaginaires multiples.
C’est à ces imaginaires du corps que s’attardera ce speed colloque. Au programme, on trouvera des communications évoquant des greffes, des prothèses, des transfusions, de la chirurgie plastique, des tatouages, des modifications corporelles et de l’automutilation, entre autres métamorphoses. Quant au corpus traité, il relevera certes de la littérature, mais la bande dessinée, le cinéma et les beaux-arts (dont le bio-art) ne seront pas en reste.
Sans prétendre épuiser les références à des œuvres qui interrogent le corps avec insistance, on peut au moins rappeler que ces préoccupations sont parfois si transparentes qu’elles sont soulignées par les titres, dont La peau de chagrin, Peau d’âne, La peau que j’habite, Les mains d’Orlac, The Left Hand of Darkness, Edward Scissorhands, The Man With Two Brains, Les têtes à Papineau, Les yeux sans visage, Face/Off, The Eye, The Tell-Tale Heart, Les sangs, L’homme à qui il poussait des bouches et The Beast With Five Fingers. Mais il faudrait aussi parler d’autres œuvres –de Frankenstein à Réparer les vivants en passant par Freaks, The Elephant Man, Videodrome et le cinéma gore, ainsi que des titres récents de la littérature québécoise (les romans de Karoline Georges et Bertrand Laverdure, Le phyto-analyste de Bertrand Busson, Métastases de David Bélanger) – qui proposent une investigation stimulante du corps. Et on peut enfin, comme Bertrand Gervais et André Habib, étudier Un défaut de fabrication ou suivre les méandres de La main gauche de Jean-Pierre Léaud.
Afin de coller de près à la forme très concentrée du (speed) colloque, les participant(e)s ont été invité(e)s à mettre l’accent sur un organe –ou un ensemble d’organes reliés, comme la tête ou le visage– dans leur proposition, et à analyser cette présence dans une (ou quelques) fiction(s) avec la grille de lecture de leur choix. Tout en engendrant un panorama considérable sur le double plan du corps et des disciplines universitaires, cette approche nous permettra de poursuivre l’expérience anatomique du colloque jusque dans le programme, construit à partir des organes visés par les communications.
Communications de l’événement
«Scream Queens»: questions sur le corps en crise
Joyce Baker aborde la série Scream Queens et les questionnements que celle-ci soulève par rapport au corps féminin dompté et indomptable.
«Je ne pourrai vous présenter l’entièreté des questionnements théoriques que la série Scream Queens soulève dans mon esprit depuis la première écoute. J,avais du mal dans le cadre de mes recherches féministes en culture populaire à cerner la problématique du corps des femmes, à la fois effacé et trop présent, dompté et indomptable, aimé et détesté, poli et maltraité. Il me semblait complexe de mettre le doigt sur un angle, une approche significative et juste. C,est donc dans une approche entre l’essai et l,analyse que je vous propose que l’on se penche ensemble sur ce que suggère Scream Queens.»
Le nouveau visage de la peur (or lack thereof)
Gabriel Tremblay-Gaudette se penche, dans cette communication, sur l’apparence corporelle du Slender Man.
«Pour ceux et celles parmi vous qui ne connaissez pas ce personnage, voici son récit d’origine. Le Slender Man a été créé en 2009 au cours d’une discussion en ligne sur le forum Something Awful où certains utilisateurs déploraient l’absence de créatures monstrueuses originales à notre époque. Un concours informel a donc été lancé où les participants ont été invités à proposer des montages photographiques à caractère paranormal. Rapidement, un certain Victor Surge s’est signalé en téléversant deux images. Depuis, en plus des innombrables dessins et photographies le mettant en vedette, le Slender Man a migré vers de nouveaux supports et son iconographie s’est rapidement stabilisée autour de quelques traits.»
Uzumaki: quand le corps se soumet à la spirale
Dans cette présentation, Sarah Grenier-Millette parle de la figure de la spirale dans le manga d’horreur de Junji Ito, Uzumaki.
«En japonais, uzumaki signifie spirale, d’où le titre de la version anglaise du manga Uzumaki: Spiral Into Horror. Le verbe conjugué spiral n’est pas anodin: plus qu’une invitation à vriller dans la spirale, l’impératif commande au lecteur de plonger dans l’horreur comme tous les personnages du manga. La spirale est immersive.
Dans Uzumaki, la spirale est une force dominante et terrifiante, sorte de démiurge omniscient qui se manifeste de multiples façons afin de soumettre la nature et les êtres vivants à sa Loi.»
Petite parmi les fragments d’os
La communication de Fanie Demeule se concentre sur le déploiement de la performativité littéraire en tant qu’espace de dé-familiarisation afin de reconsidérer le genre auprès d’une adolescente et d’une auteure qui aura à défaire –littéralement– les morceaux de soi pour se recomposer.
«Anne Balsamo s’interrogeait sur la localisation de l’identité de genre lorsque le corps se segmente en organes, en fluides et en os. Faisant écho à cette problématique, je me demande ce qu’il advient de la situation identitaire lors de l’amaigrissement anorexique.
Serait-ce un moyen d’élaborer un réseau langagier au-delà de celui assigné par les chairs disparues, et, par extension, de s’approprier une identité à soi? Comment la littérature peut-elle prendre le relai de cette problématique?»
Deep Dream Generator ou les corps hallucinés de la paréidolie algorithmique
Dans cette courte communication, Bertrand Gervais s’intéresse au Deep Dream Generator et aux corps cauchemardesques créés par ce dernier.
«Je m’intéresse au Deep Dream Generator dans le cadre de mon intérêt pour les esthétiques numériques, ces esthétiques qui comprennent l’ensemble des pratiques artistiques, culturelles et littéraires qui se développent en fonction des dispositifs numériques (logiciels, plateformes), des oeuvres, des projets qui existent sur le Web ou produit à l’aide de logiciels. C’est dans ce sens que l’idée du Deep Dream Generator est devenue pour moi tout à fait intéressante.»
Quelque chose dans l’œil: singularité visuelle dans la trilogie «WWW» de Robert J. Sawyer
Sophie Horth présente la trilogie WWW de Robert J. Sawyer (2009-2011) et le rôle que joue la vision dans la relation de l’être artificiel Web Mind avec son environnement et avec Caitlin Decter, la jeune héroïne non-voyante des romans.
Cette communication aborde la question de la codépendance entre l’intelligence artificielle confinée à l’espace du web et les êtres humains, celle du rapport à l’image, celle de la surveillance et de l’intimité.
Respirer par les yeux: le corps en immersion dans «The Abyss» (1989) de James Cameron
Dans cette courte communication, Myriam Marcil-Bergeron du corps en immersion et du scaphandre dans le film The Abyss de James Cameron.
«Jacques-Yves Cousteau, qui a mis au point avec Émile Gagnan le scaphandre à détendeur automatique au début des années 1940, a écrit que, sous la surface de l’eau, les bulles d’air expirées deviennent les signes vitaux qu’il faut guetter, observer, comme les pulsations d’un coeur.
The Abyss, réalisé par James Cameron et sorti en salle en 1989, exploite l’une des tensions inhérentes à la plongée profonde, entre la possibilité d’accéder à un milieu méconnu, dont la démesure défie l’imagination, et les limites imposées par le cadre artificiel de l’équipement.»
De «Watchmen» à «Original Sin». L’œil maudit du gardien
Dans cette communication, André-Philippe Lapointe traite de l’oeil maudit du gardien dans deux oeuvres de comic book monumentales: Watchmen et Original Sin.
«Le graffiti Who watches the watchmen? revient plusieurs fois dans l’oeuvre d’Alan Moore et Dave Gibbons. La vieille citation de Juvénal –Quis custodiet ipsos custodes?– est ici fondamentale, l’interrogation ouvant se poser à tous les justiciers.
Le titre Watchmen désigne autant la responsabilité de surveiller le monde que de surveiller ceux qui le garde.»
Tout le désir d’un regard: Joe Shuster et les lignes de vue
Mathieu Li-Goyette aborde, dans cette présentation, les lignes de vue qui composent un comic strip de Superman, celui publié le 31 décembre 1939, conçu par Jerry Siegel et Joe Shuster.
«Mes recherches portent sur le développement d’une approche schizo-analytique de la bande dessinée. J’entends par schizo-analyse cette construction théorique proposée par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans l’Anti-Œdipe, c’est-à-dire la lecture des machines désirantes, de toute vie organique et non organique, une articulation qu’ils ont proposée comme une voie de sortie à ce qu’ils appelaient avec frondeur les sémiotiques capitalistiques.»
Le motif de la chevelure dans Bruges-la-Morte: objet fétiche et pulsion de mort
Valérie D’Auteuil-Gauthier offre une courte analyse du motif de la chevelure dans le roman intitulé Bruges-la-Morte de Georges Rodenbach (1892).
«Qu’il s’agisse des trésors cachés qu’elle contient ou pour sa douceur qui chatouille l’imaginaire des écrivains, la chevelure féminine semble renfermer de nombreux secrets.
Aujourd’hui, je propose une lecture de cette chevelure féminine, ici blonde et tressée, dans un des textes les plus importants de cette fin-de-siècle et qui, selon le maître du mouvement symboliste Stéphane Mallarmé, reste le seul roman symboliste abouti de toute la production française.»
Les têtes animées des poupées de Tony Oursler
Dans cette courte communication, Damien Beyrouthy s’intéresse aux poupées de Tony Oursler, série de sculptures vidéo réalisées dans les années 1990.
«Je m’attarderai particulièrement aux textes des poupées en essayant de tracer quelques pistes rapides autour de l’imaginaire de la tête, autant aux propos d’aspect physique que psychique. Vous verrez également que l’axe de lecture sera un peu particulier, car il sera infléchi par des questions qui traversent ma pratique de recherche-création, c’est-à-dire les fantasmagories du corps ainsi que l’entremêlement entre le monde des images et le monde sensible.»
Éclaboussures cérébrales, fissures crâniennes et plaisirs transgressifs: pourquoi aime-t-on tellement voir des têtes exploser?
Boris Nonveiller aborde, dans cette présentation, l’historique des têtes explosées dans le cinéma d’horreur et la fascination que ces explosions exercent sur le spectateur.
«Le gore au cinéma attire, fascine et dégoute. L’humain est dégouté par ses propres fluides internes par instinct de survie.
C’est la raison du tabou du gore de la fascination qu’il suscite. Dès qu’on essaie d’interdire quelque chose, on veut aussi le voir.
Le corps défiguré par la danse. Étude de cas des expressions faciales dans «Paraíso – Colecção Privada»
Laurane Van Branteghem s’intéresse, dans cette communication, aux arts vivants, à la danse, et plus particulièrement à l’oeuvre chorégraphique Paraíso – Colecção Privada de l’artiste Marlene Monteiro Freitas.
«Les danseurs et danseuses contemporains sont généralement considérés comme des êtres tout à fait normaux et même perçus comme des corps entraînés, la plupart du temps minces et musclés. Ils réussissent grâce à une gestuelle particulière, au concept chorégraphique et certaines formes de dispositifs, à proposer des corps anormaux et ainsi permettre de critiquer ce que Claire Grino identifie comme “la naturalisation de la race, du genre, du sexe et de la sexualité” en exposant des corps ambigus et divers.»
Boulimie du sens: constellations de bouches dans «Cosmos» de Gombrowicz
Dans cette communication, Laurence Perron effectue une courte analyse du roman de Witold Gombrowicz intitulé Cosmos (1965).
«Cosmos raconte le séjour de Witold à Zakopane. Sur le chemin qui le mène à la pension où il loge se trouve un moineau, pendu à hauteur d’homme, qui sera le point de départ d’une enquête obsessionnelle menée par le personnage, une enquête qui engage moins la découverte d’un coupable que celle d’une signification que le personnage suppose au monde.
Ainsi, ce personnage principal va se mettre à produire lui-même les indices susceptibles de faire aboutir sa quête, car si le roman populaire, genre dans lequel est classé Cosmos, est le récit de l’élucidation d’un crime par les moyens d’une analyse méthodique des faits, Cosmos est davantage le récit de l’élucidation d’une analyse méthodique des faits par les moyens d’un crime.»
La bouche vampirique: la neutralité du genre et la transcendance du binaire
Dans cette présentation, Marie Lévesque aborde le film Let the Right One In (Morse, Tomas Alfredson, 2008) à la lumière, entre autres, des théories de Judith Butler.
«La bouche vampirique, lieu de prédilection de la perversion et de la manipulation, la pénétration des canines affilées dans la chair humaine est, en soi, la manifestation d’une extrême violence faite au corps.
Certes, la bouche vampirique est souvent synonyme de sexualité perverse et de mort, mais elle renverse (renversement qui je dirais mène jusqu’à un effacement) les systèmes de pensée binaire se rapportant au genre.
En effet, que les vampires soient masculins ou féminins, leurs bouches ne différencient pas les genres et les sexualités.»
Les bras manquants de la veuve Manchée
Louis-Daniel Godin-Ouimet analyse, à partir du stade du miroir, la veuve Manchée, personnage central de Parents et amis sont invités à y assister d’Hervé Bouchard.
«Dans son célèbre texte Le stade du miroir comme fondateur de la fonction Je, telle qu’elle nous est révélée dans l’expérience psychanalytique, Jacques Lacan propose une sorte de mythe fondateur de l’entrée dans le langage, de l’entrée dans le symbolique.»
Les yeux qui s’ouvrent et la main qui s’anime: les naissances du monstre de Frankenstein
Elaine Després dresse un portrait des naissances de Frankenstein dans la littérature et au cinéma.
«Il était déjà une heure du matin, lorsque à la lueur de cette lumière à demi éteinte, je vis s’ouvrir l’œil jaune et terne de cet être; sa respiration pénible commença, et un mouvement convulsif agita ses membres.
Coïncident ici une naissance biologique et une naissance littéraire, celle de l’un des mythes les plus fertiles de la modernité, sous le bistouri d’un savant fou suisse et la plume d’une jeune romancière anglaise.»
Les corps mutilés de 14-18: quand on en vient aux mains dans «Le dernier assaut» de Tardi
«Tardi vient de faire paraître Le dernier assaut, bande dessinée dans laquelle il livre son ultime offensive d’images et de mots contre ce massacre qu’a été la Première Guerre mondiale.
Comme c’était le cas dans les autres albums l’ayant précédé, Le dernier assaut présente le front ouest comme un “abattoir international en folie” avec tout ce que cela suppose d’illustrations saisissantes représentant des corps suppliciés, éviscérés, décapités, démembrés.
Le lecteur du Dernier assaut ne peut cependant faire autrement que de remarquer l’importance accordée par le bédéiste aux mains des combattants.»
Le sixième doigt
Jean-Michel Berthiaume parle, dans cette courte communication, de polydactylie, c’est-à-dire de la présence d’un ou plusieurs doigts en plus sur une main.
Partant d’une case d’une bande dessinée de Gotlib, Jean-Michel Berthiaume effectue un panorama de la présence sacrée/profane du sixième doigt dans la culture.
Portrait de Freddy Krueger en artiste contemporain
Dans le cadre de cette communication, Philippe St-Germain se fait le curateur de l’oeuvre de Freddy Krueger. Il présente alors le monstre de la série A Nightmare on Elm Street (Les griffes de la nuit) comme un artiste contemporain travaillant avec le corps comme médium.
Femme-ventre et ventre-tombeau: l’infertilité dans le roman contemporain
Dans le cadre de cette brève présentation, Maude Lafleur explore le rapport métonymique qui ramène la femme à son ventre et le bouleversement qui se produit avec la représentation du corps féminin lorsque celui-ci ne parvient pas à accéder à la maternité.
«On a tendance de nos jours, dans les milieux occidentaux, à décrire la maternité comme une expérience personnelle. On réfère à la maternité comme un constituant d’un parcours individuel, et, pourtant, on s’empresse de critiquer les actions d’une mère et de déplorer l’individualisme d’une non-mère.»
Le «mal à [l]a mère» et la contagion des troubles mentaux: le cordon ombilical et l’utérus dans «La Lune dans un HLM» de Marie-Sissi Labrèche
Katherine A. Roseau analyse le roman La Lune dans un HLM de Marie-Sissi Labrèche.
«La Lune dans un HLM se compose de douze lettres écrites par la narratrice. Après chaque lettre, il y a des chapitres -onze au total- et un épilogue dans lesquels la narratrice raconte l’histoire d’une autre jeune femme, Léa, qui fait face elle aussi au trouble mental de sa mère. Comme Labrèche, Léa aime exprimer la vérité à travers la fiction, mais avec son pinceau à la place de la plume.»
Le corps sans organes comme intensité créatrice
Dans cette communication, David Hébert parle du corps sans organes comme intensité créatrice.
«Tout littérature, même moderne, dérive d’Homère. Toute philosophie, même contemporaine, dérive du platonisme et de l’aristotélisme. Voilà des propos qu’il nous arrive sans doute à tous d’entendre. Tout créateur est l’émule de ses prédécesseurs, leitmotiv qui se traduit dans cette phrase toute simple: tout a déjà été fait.»
Hybridations, mutations, adaptations: la naissance du chestburster
«C’est une évidence aujourd’hui de pointer l’importance qu’a eu la scène de la naissance du chestburster dans Alien en 1979 sur notre imaginaire et sur l’histoire des représentations au cinéma. Quelques lectures préliminaires sur le sujet nous rappelle rapidement certaines rumeurs sur la réaction violente du public à l’époque devant ces images.
On se plaît également à répéter l’anecdote de tournage voulant que la réaction des acteurs et des actrices soient entièrement authentiques. Les seuls ayant été mis au courant du déroulement de la scène auraient été Ridley Scott, le réalisateur, John Hurt, l’acteur, et l’équipe des effets spéciaux.»
Sigourney face au monstre: à propos de «Toutes les femmes sont des aliens» d’Olivia Rosenthal
Jean-François Chassay aborde le dernier livre d’Olivia Rosenthal, Toutes les femmes sont des aliens (2016). Il s’agit pour la première moitié de l’ouvrage d’une relcture des différents épisodes de la saga Alien.
«Si je n’avais pas vu la saga des Alien, Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock, deux dessins animés de Walt Disney, Bambi et Le Livre de la jungle, je n’aurais sans doute pas éprouvé aussi intensément peur, amour et désir. Les années passant, rien n’a réussi à me faire oublier les scènes les plus traumatiques de ces films. À force de me les repasser en boucle, j’y découvre tant de choses renversantes sur la maternité, l’identité sexuelle, le rôle des blondes et la domestication que j’ai le sentiment de me connaître plus intimement et de comprendre un peu mieux le monde. Et si le cinéma servait surtout à attiser et magnifier nos folies?» (Olivia Rosenthal)
Les réappropriations artistiques de dick pics: célébration et contestation
Étienne Bergeron présente, dans cette communication, les réappropriations artistiques de dick pics.
«Quel intérêt y-a-t-il à élever les dick pics au rang d’oeuvre d’art? Est-ce parce qu’elles ont une valeur esthétique particulière ou ne songe-t-on pas plutôt à les exposer pour une autre raison. Est-ce une nouvelle façon de célébrer le tout-puissant phallus ou n’y propose-t-on par plutôt une critique à l’instar de l’exposition Show me more: A collection of dick pics où quatre femmes avaient exposé en 2013 des véritables dick pics dans une galerie d’art?»
La vulve et le scandale du pli
«Je peux envisager la vulve comme un motif du féminin, une métaphore esthétique et épistémologique qui ne répond pas à des impératifs métaphysiques mais bien matériels et par laquelle il est possible de penser les femmes dans ce devenir corps que met en mouvement la chair pliée.»
Sexy robot: chair organique et ajouts technologiques, les créatures hybrides de rêve. Érotisme transhumaniste?
Dans cette brève communication Marine Theunissen aborde la question de l’érotisme transhumaniste et de l’hybridité de la cyborg.
«Cette analyse questionnera les symboliques érotiques de la femme-machine à travers la créature robotique et la cyborg. Ces génoïdes ne seraient-elles que la continuation d’une représentation d’une forme d’assujettissement féminin, d’un idéal à conquérir? Peuvent-elles connaître une figuration d’un autre type? Finalement, quel type d’érotisme découle des idéologies transhumanistes?»
Les marginaux ont-ils droit au sexe? Autour de «Porno Holocaust» de Joe d’Amato
Dans cette présentation, Simon Laperrière analyse le film de Joe d’Amato, Porno Holocaust.
«Joe d’Amato, réalisateur méconnu à l’extérieur des cercles amateurs de série B, est aussi un réalisateur prolifique qui s’est imposé comme l’une des figures de proue du cinéma italien propre aux années 1970-1980. Comme ses contemporains, Lucio Fulci et Sergio Martino, il a principalement réalisé des commandes lui ayant permis d’aborder divers genres populaires. Plus de 200 long-métrages figurent à sa filmographie vertigineuse qui inclut westerns, péplum, comédies, science-fiction post-apocalyptique, mais surtout drames érotiques et films gores.»
Le motif du sexe qui parle chez Cixous, Irigaray et Arcan, du féminisme à l’abjection
Julie Devirieux-Tremblay aborde l’oeuvre de Nelly Arcan à travers le prisme des théories féministes de la seconde vague.
«Le sexe qui parle, ce n’est pas seulement une image, c’est aussi un mécanisme discursif. Nous tâcherons ici de voir comment le sexe qui parle a un impact et une visée féministe chez les auteures de la deuxième vague et comment cela échoue dans l’abjection dans les romans de Nelly Arcan.»
Les rognons de Laura Chapdelaine
David Bélanger parle, dans cette présentation, du sort de Laura Chapdelaine dans le roman Maria Chapdelaine de Louis Hémon.
«Les rognons, à la fois reins et testicules, racontent dans Maria Chapdelaine comment il fallut sacrifier ceux de Laura pour ceux d’Eutrope. Pour que persistent dans le temps les rognons de la race, race animale, bétail qui ne se laissera pas attaquer par ceux qui se sont détournés du troupeau pour les sirènes de la civilisation.»
La gangrène de Perken: putréfaction d’une jambe, effondrement d’un monde
Dans cette communication, Paul Kawczak analyse le roman d’aventure préexistentialiste La voie royale d’André Malraux.
«Quand on s’engage en aventure, on risque de se blesser, d’atteindre à l’intégrité physique de son corps. Ce qui sera exemplifié avec La voie royale d’André Malraux, c’est que, dans l’aventure préexistentialiste, le risque métaphysique double le risque physique.»
De sang, d’os et de rouille: poétique du pied chez Cendrillon
Dans cette brève présentation, Marion Gingras-Gagné s’intéresse à l’imaginaire du pied dans les variations du conte de Cendrillon.
«L’imaginaire du conte de Cendrillon ne fait qu’un avec le pied, cette partie inférieure articulée à l’extrémité de la jambe, cristallisée dans la célèbre fuite de la jeune fille avec un pied nu et l’autre chaussé.
Le rôle que prend cette partie anatomique est celui d’embrayeur textuel et culturel qui agit en réseau à travers les différents imaginaires qu’il convoque.»