Conférence, 5 mars 2012

Les mélancomiques ou pourquoi les femmes en littérature ne font pas souvent rire

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Dans le cadre de la série de conférences sur littérature contemporaine, Salon Double, Lucie Joubert a prononcé, le 5 mars 2012, une conférence ayant pour titre «Les mélancomiques ou pourquoi les femmes en littérature ne font pas souvent rire».

On a beaucoup glosé sur la quasi-absence des femmes humoristes sur les scènes québécoises et françaises. Si la situation évolue depuis quelques années, la question reste toujours d’actualité quand on se tourne vers le texte littéraire. Où sont les auteures comiques? La difficulté à nommer ne serait-ce que quelques noms ou titres de roman comme exemples atteste une apparente et trompeuse rareté du rire féminin. Certes, les auteures qui font œuvre d’humour et d’esprit existent mais elles demeurent (elles et leurs textes) méconnues. Une des raisons qui expliquent ce malentendu se trouve du côté de la nature de l’humour qu’elles mettent de l’avant. En effet, l’esprit féminin puise partiellement, mais souvent, sa source dans une mélancolie née d’une expérience des déterminismes de la condition des femmes: la difficulté à se définir en tant que sujet social, la constatation d’une impuissance à changer le cours des choses, la conscience d’exprimer un point de vue qui ne touchera que la partie congrue d’un public tourné vers les «vraies affaires»

Dans une telle optique, les femmes, en fines observatrices des travers de la société, font preuve d’un humour qui suscite un rire de connivence quelquefois un peu triste, loin des grands éclats en tout cas, mais qui revendique, dans sa lucidité même, la possibilité de changer la défaite en victoire par l’esprit, fût-il marqué par la mélancolie. Cette conférence se veut donc une invitation à relire ou découvrir des auteures comme, entre autres, Benoîte Groult, Christiane Rochefort, Amélie Nothomb, Monique Proulx, Hélène Monette, Marie-Renée Lavoie et Suzanne Myre.

Lucie Joubert est professeure titulaire au département de français de l’Université d’Ottawa. Ses champs d’intérêt concernent la théorie féministe, la littérature québécoise contemporaine, le roman français au féminin et les théories de l’ironie et de l’humour. Elle a fait paraître, entre autres livres, L’envers du landau. Regard extérieur sur la maternité et ses débordements (Triptyque, 2010), L’Humour du sexe: le rire des filles (Triptyque, 2002) et Le Carquois de velours: l’ironie au féminin dans la littérature québécoise (1960-1980) (L’Hexagone, 1998).

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