Just another turn? Cultures de recherche dans les sciences humaines et l’enjeu digital

Dans le cadre du colloque Humanités numériques 2015, Identités, pratiques et théorie, Claudine Moulin a prononcé le 11 août 2015 une conférence plénière intitulée «Just another turn? Cultures de recherche dans les sciences humaines et l’enjeu digital».

«De tous les turns, ou tournants technologiques et intellectuels que les sciences et humaines et sociales ont accomplis au dernier siècle, celui de l’ère digitale semble être de nature différente et aussi d’avoir un autre mode opératoire. L’apparition et la dissémination des technologies digitales ont des retombées profondes sur la vie de tous les jours, sur la société en général et ses structures de communication. Nicholas Negroponte a défini, il y a exactement vingt ans déjà, cet état de digitalité comme “the condition of being digital”. Il remarque dans l’épilogue de son livre: “we are not waiting on any invention, it is here, it is almost genetic in its nature and that each generation will become more digital than the preceding one”. Oui, pour le formuler avec un clin d’oeil pour nos collègues français, le changement, c’est maintenant. Cet état omniprésent et ubéquitaire de la digitalité, au moins dans notre époque actuelle, n’est pas seulement pertinent d’une manière générale pour la société mais elle a aussi des conséquences majeures dans le monde académique et la manière dont nous faisons de la recherche.»

Claudine Moulin est titulaire de la chaire de linguistique historique de l’Université de Trèves (Allemagne). Elle est aussi directrice scientifique du Trier Center for Digital Humanities, un des plus anciens instituts de recherche en humanités numériques en Europe. Moulin est membre de plusieurs commissions internationales, entre autres membre du comité directeur de la Section des Sciences Humaines de la Fondation de la Recherche Européenne (ESF) et présidente du groupe d’experts sur les infrastructures numériques. Elle a reçu de nombreux prix scientifiques, entres autres, en 2010, le prestigieux prix de l’Académie des Sciences (Rhénanie-Palatinat). Ses domaines de recherche sont caractérisés par l’interdisciplinarité et portent sur l’histoire des langues vernaculaires en Europe depuis le Moyen Âge, l’histoire et les échanges culturels, les cultures et traditions des manuscrits et livres anciens, la linguistique historique et l’histoire des traités linguistiques.