Colloque, 7 septembre 2012

Le spectateur face au bruissement des films de Marguerite Duras et à ses images

Michelle Royer
couverture
Le Cinéma de Marguerite Duras: l’autre scène du littéraire?, événement organisé par Sylvano Santini, Caroline Proulx et Bertrand Gervais

La question de la réception des films de Marguerite Duras a souvent été élidée. Or, comme le disait très justement Daney, «pour qu’il y ait cinéma, il faut impérativement un spectateur au moins dans la salle de projection. Car nous appelons cinéma ce qui circule entre l’écran matériel de la salle et l’écran mental du spectateur».

Le texte littéraire et le cinéma sont deux médias fondamentalement différents même s’ils se recoupent parfois. À la différence du texte littéraire, le cinéma emploie des modes d’existence corporels (la vue, l’ouïe, les mouvements physiques et réflexifs) comme le véhicule, la matière, la substance de son langage. Entre le spectateur et le film se tissent des vibrations sensorielles qui permettent de faire l’expérience réelle de ce qui se déroule à l’écran. D’ailleurs, Gilles Deleuze écrit qu’Eisenstein «nous rappelle continuellement que le cinéma intellectuel a comme corrélat la pensée sensorielle ou l’intelligence émotionnelle et que sans, il ne serait rien». En ce sens le cinéma, en tant que forme symbolique de l’expression humaine, n’a pas d’égal. Le travail de Duras sur le son et l’image est ainsi bien d’une autre nature que celle de l’écriture tant par la matière qu’il travaille que par l’effet qu’il produit sur son public. Dans cette intervention, je tenterai d’une part de montrer comment Duras inscrit le spectateur dans ses films, et, d’autre part, j’émettrai des hypothèses sur les expériences spectatorielles du public durassien.

Michelle Royer est professeure à l’Université de Sydney. Ses aires de recherche sont Margueritte Duras, le cinéma français et international ainsi que la théorie féministe du cinéma.

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