Cahiers Figura, numéro 26, 2011

Les pensées «post-». Féminismes, genre et narration

Lori Saint-Martin
Rosemarie Fournier
Moana Ladouceur
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Les pensées «post-» —parmi lesquelles on compte le postmodernisme, le postcolonialisme et ce que certains appellent le féminisme post-identitaire— marquent notre époque. Elles contestent les visions polarisées traditionnelles et favorisent l’émergence de voix jusque-là étouffées. À la lumière de ces théories, les collaboratrices du présent recueil posent des questions essentielles touchant le pouvoir et l’exclusion, les valeurs symboliques et éthiques, les enjeux narratifs et les formes textuelles.

Avec des textes de Pascale Bouchard, Karine Castonguay, Rosemarie Fournier-Guillemette, Joëlle Gauthier, Jacinthe Gillet-Gelly, Moana Ladouceur et Mélissa Verreault.

Articles de la publication

Lori Saint-Martin

Avant-propos

Issus d’un colloque étudiant organisé en marge d’un séminaire de 2e-3e cycles offert à l’automne 2009, les sept textes qui suivent explorent une multiplicité de pratiques liées à ce que j’ai appelé «les pensées “post-“» : mouvances postmodernes et postcoloniales, mais aussi féministes (post)-identitaires. Ces dernières interrogent et font bouger les frontières du genre au lieu de revendiquer «simplement» (si tant est qu’on puisse trouver une telle revendication «simple») l’égalité des sexes dans un système inchangé pour le reste.

Moana Ladouceur

Limites de la déconstruction. Les traces persistantes du patriarcat dans «The Babysitter» de Robert Coover

Postmodernisme: éclatement, multiplicité, renversements. En littérature, ce courant se caractérise précisément par une abondance de caractéristiques parfois contradictoires. Des décennies plus tard, il n’existe toujours pas de consensus quant à sa définition. Sous le drapeau postmodernisme se rassemblent des écritures aux stratégies formelles disparates, dont l’ensemble est anti-monolithique, polylithique, même, car ces fictions distinctes, avec leurs messages à la fois pluriels en eux-mêmes et différents les uns des autres, sont pourtant selon la critique tout aussi représentatives du postmodernisme les unes que les autres.

Rosemarie Fournier

(Dis)jonctions du postmoderne et du postcolonial dans la réécriture. «La migration des coeurs» de Maryse Condé et «Wuthering Heights» d’Emily Brontë

Le vingtième siècle a été marqué par le démembrement des grands empires coloniaux français et britannique, après celui de leurs voisins espagnols, portugais et néerlandais. En plus de la légitime revendication politique et territoriale qui animait jusqu’alors la cause des peuples colonisés, le questionnement des métarécits par la pensée postmoderne peut alimenter la remise en cause de la logique du progrès civilisateur qui teintait le discours des penseurs coloniaux.

Jacinthe Gillet-Gelly

L’union des voix féminines dans «Cantique des plaines» de Nancy Huston. Pour une déconstruction du métarécit historique

Plusieurs essais de Nancy Huston révèlent que l’auteure ressent un certain malaise face à l’histoire de sa terre natale albertaine. Dans «Désirs et réalités», elle affirme: «Comme la plupart des Blancs ayant grandi en Amérique du Nord, j’ai appris très tôt à éprouver à la fois du respect et de la culpabilité envers les populations indigènes que “nous” avions soumises, décimées et enfermées sur des réserves.»

Karine Castonguay

Métarécit(s) et métaféminisme dans «La maison étrangère» d’Élise Turcotte. Esthétique de la ritualisation du corps féminin

Teintée de poésie et parsemée de métaphores, l’écriture de «La maison étrangère», d’Élise Turcotte, a été décrite par Michel Biron comme se rapportant au «symbolisme soft» : «L’écriture cherche moins à ouvrir les vannes de l’imagination romanesque qu’à créer un univers symbolique à partir de l’expérience personnelle du monde.»

Mélissa Verreault

Déconstruction de la binarité et des genres dans «Soudain le Minotaure». Procédés postmodernes pour une réconciliation avec l’Autre

Le féminisme n’a pas toujours bonne presse, particulièrement auprès des générations X et Y, qui jugent souvent ses revendications déconnectées de la réalité actuelle. Certaines auteures sont même réticentes à ce qu’on attribue l’étiquette féministe à leurs oeuvres; Marie-Hélène Poitras, jeune écrivaine québécoise, est l’une de celles qui préfèrent qu’on aborde leur travail en dehors de ces considérations politiques.

Joël Gauthier

Faire obstacle au désir de connaître le genre dans «Sphinx» d’Anne Garréta. Potentiel subversif du refus de dire

Depuis sa publication, «Sphinx» d’Anne Garréta a entraîné un bon nombre de critiques qui révèlent l’existence d’un véritable autour des relations entre espace, lieux et identité dans le roman.

Pascale Bouchard

Postmodernisme et féminisme. Étude de «Des histoires vraies+dix» de Sophie Calle

Rituels, jeux, règles à suivre, répétitions, mystères, filatures. Autant de mots qui définissent la démarche artistique de Sophie Calle. L’hommage qui lui a été rendu en 2003 au Centre Pompidou à Paris et l’imposant catalogue «Sophie Calle m’as-tu vue» tiré de cette exposition montrent à quel point l’artiste use de méthodes artistiques extravagantes.

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