Conférence, 18 octobre 2016

Phénoménologie du marcheur ou le réenchantement de l’espace

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La conférence de David Le Breton, qui s’est tenue le 18 octobre 2016 à l’Université du Québec à Montréal, s’inscrit dans le cadre du projet «Le corps contemporain et l’espace vécu: entre imaginaire et expérience», en collaboration avec le Centre de recherche Figura, et dans la campagne #touspietons de Piétons Québec. La conférence a été organisée par Sara Bédard-Goulet, stagiaire postdoctorale de Figura, le centre de recherche sur le texte et l’imaginaire.

«La marche est le triomphe du corps avec des tonalités différentes selon le goût de chacun, elle est une liberté. De manière autonome ou organisée, sa pratique devient aujourd’hui l’une des activités de loisir les plus saillantes du monde contemporain. Si la marche n’est plus au coeur des modes de déplacement de nos sociétés, elle triomphe en revanche comme activité de loisir, affirmation de soi, quête de tranquiilité, de silence, de contact avec les autres et la nature, passion des paysages.»

David Le Breton est professeur de sociologie à l’Université de Strasbourg. Auteur de très nombreux ouvrages, dont Anthropologie du corps et modernité (1990), L’Adieu au corps (1999), Marcher. Eloge des chemins et de la lenteur (2012), et plus récemment Disparaitre de soi. Une tentation contemporaine (2015), David Le Breton s’intéresse aux représentations du corps dans l’espace.

Depuis Anthropologie du corps et modernité, David Le Breton ne cesse de réfléchir et de travailler sur  la mise en corps de l’homme qui est toujours, on le sait, une mise au monde, sur toutes les stratégies anthropologiques et sociales qui permettent à l’homme occidental de saisir l’épaisseur de ce corps qui lui est donné et qu’il ne sait pas d’emblée comment recevoir. Entre avoir un corps, ce qui est le lot de chacun chacune, et posséder son corps, le chemin à parcourir est parfois très long et les traverses nombreuses. Les recherches que David Le Breton a engagées depuis des années montrent à quel point certaines sont obscures et dangereuses, rites quotidiens ou calendaires, pratiques sociales ou individuelles, comportement ordinaire ou à risque qui permettent à l’individu de donner un sens au monde et d’intégrer l’espace symbolique nécessaire à la reconnaissance sociale et personnelle.

Les travaux de David Le Breton expliquent à quel point le corps, frontière entre soi et l’autre, est pour l’individu le moyen, tout autant que l’obstacle de la conquête sociale, et que c’est dans ce paradoxe que l’être humain grandit à ses propres yeux et aux yeux des autres. Ce que les travaux de David Le Breton illustrent également, c’est que le corps s’affiche comme un parchemin, il est le lieu de diverses écritures, traumatisantes ou esthétiques, ou les deux à la fois, qu’elles soient désirées ou non, ces écritures renvoient au symbolique qui, dans le corps, prend consistance. Ainsi, derrière toutes les expériences corporelles, la marche en est une. David Le Breton rappelle constamment que tout corps est une production du corps social et qu’il n’y a pas d’événements qui ne mettent le corps à contribution. (Véronique Cnockaert)

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