Colloque, 7 septembre 2012
Des pierres et du vent. C’est la nouvelle situation politique de l’homme. Esthétique et politique de la «La chambre noire» dans «Le Camion»
Vingt minutes après le début du Camion (1977), G. D. demande à M. D.: «Ça finira comment, d’après vous?», ce à quoi M. D. répond en souriant: «C’est peut-être fini». Mais, de quoi parlent-ils ? Font-ils référence aux propos de la voix off qui précèdent ; et qui se rapportent à «la nouvelle situation politique de l’homme» —(des «pierres et du vent»)? Ou est-ce un constat formulé à l’endroit du film lui-même? Voire, cet échange n’engloberait-il pas ces deux niveaux à la fois? Dans ce film, esthétique et politique sont intimement noués. Ainsi, Duras, à travers sa mise en scène, offre, presque vingt ans avant que Didi-Huberman n’écrive Ce que nous voyons, ce qui nous regarde (Minuit, 1992), une réponse visuelle à l’oracle du philosophe, selon lequel: «Ce que nous voyons ne vaut —ne vit— que par ce qui nous regarde». Cette communication aimerait souligner en quoi déconstructions esthétique et politique s’avèrent solidaires l’une de l’autre dans Le Camion, et en quoi celles-ci proposent d’engager un rapport autre avec la fonction scopique du spectateur.
Olivier Ammour-Mayeur est docteur en littérature, diplomé de l’Université Paris 8, et auteur.