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Le cœur est un muscle involontaire

Julie Bramond
couverture
Article paru dans Romans québécois et canadiens, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Proulx, Monique. 2004. Le cœur est un muscle involontaire. Montréal, Boréal, 398 pages.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project, au Labo NT2)

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Florence travaille avec Zéno dans une entreprise montréalaise qui conçoit des sites Internet pour des artistes, des entrepreneurs, etc. Ils se retrouvent chaque jour chez Thérios qui tient un restaurant qui leur fait office de bureau. Lors de l’anniversaire de Florence, chez sa mère, Zéno arrive par surprise et lui offre un roman de Pierre Laliberté en cadeau. Zéno est passionné par cet auteur qui cache son identité et dont personne n’a jamais vu le visage. Florence n’aime pas les livres, et encore moins les écrivains d’ailleurs, mais plonge dans le cadeau de Zéno et reste incrédule face à la phrase : « le cœur est un muscle involontaire ». Elle a déjà entendu ces mots, juste après la mort de son père, de la bouche d’un individu qu’elle croyait infirmier et qui lui avait révélé qu’ils étaient les dernières paroles de son père.À partir de ce moment Florence va lire tous les romans de cet écrivain, à la recherche du moindre indice, va le traquer, afin de connaître celui qui lui volé « ce qu’il y a de plus précieux ». Au cours d’une fête chez Thérios, Florence discute avec un homme dont elle reconnaît la voix, c’est bien Pierre Laliberté qui lui a rapporté les derniers mots de son père. Il va lui faire partager sa vision du monde, une vision très spirituelle et philosophique. Ils prendront l’habitude de se voir régulièrement, tissant une relation particulière mais qui restera platonique. Florence gardera ces événements pour elle puis en parlera peu à peu à Zéno et enfin lui permettra de rencontrer cet écrivain qui le subjugue tant. Mais Zéno n’ayant pas pu s’empêcher de prévenir les médias, la rencontre tourne rapidement à une curée à laquelle se livrent les journalistes qui veulent percer le mystère de l’écrivain niant avoir écrit tous ces romans et avouant qu’il s’agit en fait de son épouse.Florence comprend que sa relation avec Pierre Laliberté est détruite, c’est à ce moment que surviennent les événements du 11 septembre, que la narratrice ne peut s’empêcher de corréler à son histoire personnelle. Florence tente de renouer contact avec Pierre Laliberté mais en vain. Elle hérite du secrétaire de son père, et, en le vidant, elle trouve des manuscrits, des pensées que son père écrivait. Elle apprend aussi l’infidélité de sa mère des années auparavant et comprend mieux les raisons du mutisme de son père.Elle s’assiéra à son tour au secrétaire pour écrire.

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Roman

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Le personnage principal est le narrateur du récit.

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La référence au 11 septembre est générique.

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les événements sont abordés de manière explicite mais ne constituent pas le point central de l’œuvre, ils ne sont que mentionnés. Le point de vue est totalement contemporain puisque les personnages apprennent les faits par les médias. La narratrice adopte une position réaliste, voire pessimiste, et ne fait même pas preuve d’étonnement, trouvant cela prévisible. Les événements ne sont mentionnés de près ou de loin que trois fois : la première mention joue le rôle d’un effet d’annonce à travers le titre du chapitre 15, «La chute des gratte-ciel ».La seconde mention se situe au milieu de ce même chapitre et intensifie l’effet d’annonce : « et un peu plus loin à portée de vol d’oiseau, New York avait encore tous ses morceaux » (p. 341). Nous remarquons que la phrase est isolée par un saut de ligne au début et à la fin.La dernière mention, cette fois-ci beaucoup plus explicite, se situe à la toute fin du chapitre 15 : « C’est le lendemain, quelques heures à peine plus tard, qu’il est arrivé à New York cette chose monstrueuse […] » (p. 356-357). La narratrice exprime ensuite ses sentiments quant à l’événement.

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

C’est à travers le point de vue de la narratrice, Florence, âgée de 25 ans, vivant à Montréal, que les événements sont rapportés. Tout d’abord individuel, son regard tendra vers une dimension collective, puisque, après avoir livré ses sentiments, elle ajoute «comme les autres ». Elle n’adopte donc pas une position singulière quant à sa réaction mais s’inscrit davantage dans une pensée collective.

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Pas de sons présents.

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Pas de travail iconique spécifique sur le texte.

Autres aspects à intégrer

N/A

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

Florence n’aime pas les écrivains, ces êtres névrosés, et encore moins leurs livres, ces choses corpulentes, qui ne sont même pas vraies. Florence, par contre, aime Zéno, et Zéno, lui, aime Pierre Laliberté, ce romancier mythique dont personne n’a jamais aperçu le visage. Et c’est à cause de Zéno que Florence découvre un jour que Pierre Laliberté lui a volé la phrase la plus précieuse qu’on ne lui ait jamais dite. La voilà donc sur une piste pouvant la mener à cet imposteur qui pille la vie des autres pour construire ses livres.

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

N/A

Citer la dédicace, s’il y a lieu

Pour France et Gustave, en allés.

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

http://www.voir.ca/publishing/article.aspx?zone=1&section=10&article=20943 [Cette page n’est plus accessible]

Impact de l’œuvre

Inconnu pour l’instant (juillet 2008)

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Lors de la première lecture, le parallèle avec les événements du 11 septembre ne suscite pas de réelle réflexion, il a même été qualifié de « boiteux » par certaines critiques. Néanmoins, les événements interviennent à un moment crucial dans la vie de la narratrice : la fin de sa relation avec l’écrivain Pierre Laliberté. En effet ils formaient un « couple » comme l’évoquait l’écrivain, comme deux éléments qui vont « par deux ». On pourrait voir un parallèle entre la destruction de ce couple et la destruction des tours jumelles. Mais ce n’est pas le seul couple à être détruit : il en sera de même pour Florence et Zéno à qui elle ne pardonnera pas d’avoir révélé l’identité de Pierre Laliberté aux journalistes. Par ailleurs, la narratrice ne peut s’empêcher de voir un rapprochement avec ces événements puisque le chapitre se clôturera sur ces mots : « Le parallèle horrible allait de soi, car les vraies coïncidences sont vraiment rares. Je n’ai pu m’empêcher de voir à ce moment sous les décombres, en compagnie de la magie démantibulée, les restes fumants de celui qui avait été pour moi Pierre Laliberté » (p. 356). On peut supposer que la corrélation entre les événements du 11 septembre et la vie de Florence ne constitue pas seulement une figure de style. En effet, cela permet de poser la question du collectif et de l’individuel en étudiant leur dialectique et la manière dont ils interagissent ; de cette manière, Monique Proulx parvient à insérer un événement collectif dans une destinée individuelle, élevant de la sorte un événement factuel au rang de symbole.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

«Tous les mondes sont destinés à s’effondrer. Ce n’est qu’une question de temps.» (p. 356)

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

N/A

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