Cahiers Figura, numéro 35, 2014

Politiques de la littérature. Une traversée du XXe siècle français

Laurence Côté-Fournier
Élyse Guay
Jean-François Hamel
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À travers des figures centrales du dernier siècle, de Paul Valéry à Pierre Guyotat, de Julien Benda à Georges Perec, en passant par Jean Paulhan et Michel Foucault, ce collectif met en lumière la richesse et la diversité des politiques de la littérature qui se sont affrontées en France depuis l’affaire Dreyfus. Dans une perspective d’histoire culturelle, on y reconstitue le gestation, la constitution et la diffusion de différentes conceptions de l’engagement de la littérature, qui apparaissent comme autant de réponses aux questions soulevées en son temps par Jean-Paul Sartre: qu’est-ce la littérature? que peut la littérature?

Avec des textes de Jean-François Hamel, Rachel Nadon, Élyse Guay, Francis Walsh, Laurence Côté-Fournier, David Desrosiers, Julien Lefort-Favreau et Louis-Daniel Godin.

Articles de la publication

Lori Saint-Martin

Avant-propos

Issus d’un colloque étudiant organisé en marge d’un séminaire de 2e-3e cycles offert à l’automne 2009, les sept textes qui suivent explorent une multiplicité de pratiques liées à ce que j’ai appelé «les pensées “post-“» : mouvances postmodernes et postcoloniales, mais aussi féministes (post)-identitaires. Ces dernières interrogent et font bouger les frontières du genre au lieu de revendiquer «simplement» (si tant est qu’on puisse trouver une telle revendication «simple») l’égalité des sexes dans un système inchangé pour le reste.

Jean-François Hamel

Qu’est-ce qu’une politique de la littérature? Éléments pour une histoire culturelle des théories de l’engagement

Pour qui s’intéresse aux relations de la littérature et de la politique au cours du XXe siècle français, la notion de «littérature engagée», telle que Jean-Paul Sartre l’a définie au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, apparaît comme l’arbre proverbial qui cache la forêt.

Rachel Nadon

Paul Valéry et la politique de l’Esprit. Fiducie, langage, littérature

Posant un regard lucide sur les grandes mutations qui secouent son époque, Paul Valéry dissèque le monde actuel avec patience, relevant, non sans pessimisme, les accrocs de la modernité à la dignité de l’esprit. Mais l’humanité n’en a jamais assez. Je ne sais, d’ailleurs, si elle sent qu’elle se modifie. Elle croit encore que l’homme est toujours le même. Nous le croyons!… c’est-à-dire que nous n’en savons rien!», écrit-il dans «Notre destin et les lettres».

Élyse Guay

Julien Benda contre la littérature pure

Si la France du XXe siècle a connu l’essor, sous de multiples formes et configurations, d’une littérature engagée, elle fut également la scène de vives polémiques qui ont créé à leur tour des lieux de résistance, non seulement à droite et à l’extrême droite, du côté des conservateurs et des traditionalistes, mais parmi la gauche intellectuelle.

Francis Walsh

Lecture, écriture de soi et engagement de l’écrivain. Autour de Sartre lecture du «Journal» de Gide durant la drôle de guerre

Pour Jean-Paul Sartre, l’engagement politique n’aura pas été spontané. Il est le fruit d’un travail sur soi envisagé autour de l’année 1939 et accentué avec l’approche de la Seconde Guerre mondiale: «[À partir de 1939] un lent travail s’opérait en moi, qui me faisait sentir ma conscience d’autant plus libre et absolue que ma vie était plus engagée, plus contingente et plus esclave.»

Laurence Côté-Fournier

Jean Paulhan et le tribunal des Lettres

Dans le court récit «Une semaine au secret», Jean Paulhan revient sur son arrestation par les Nazis, survenue en mai 1941, et sur le long interrogatoire qu’il a dû subir avant d’être relâché, quelques jours plus tard, grâce à l’intervention de Drieu La Rochelle.

David Desrosiers

Georges Perec et la crise du langage. De la critique du Nouveau Roman à l’apologie de Robert Antelme

Dans Littérature et engagement, Benoît Denis situe le déclin de la littérature engagée au tournant des années 60: «Après dix ans d’hégémonie du discours sartrien sur la littérature, on constate vers le milieu des années cinquante, et plus visiblement encore au début de la décennie suivante, un très net reflux de l’engagement littéraire.»

Julien Lefort-Favreau

D’«Éden, Éden, Éden» à «Littérature interdite». Pierre Guyotat et les politiques du textualisme

En 1970, Tel Quel est entre deux eaux politiques. La revue entretient des rapports étroits avec le Parti communiste français (PCF) depuis le Congrès d’Argenteuil de 1966 à partir duquel ce dernier amorce une phase d’«ouverture culturelle». Ce congrès est placé sous l’égide de la déclaration «le marxisme est l’humanisme de notre temps», concédant ainsi une autonomie aux sciences et aux arts et marquant la volonté pour le Parti de ne pas confiner l’art aux stricts codes du réalisme socialiste.

Louis-Daniel Godin

Michel Foucault et la figure de l’intellectuel spécifique

Michel Foucault a produit des oeuvres de pensée qui échappent aux partages disciplinaires. Ni philosophe, ni historien, ni linguiste, ou tout cela à la fois, il préfère dire qu’il produit des «généalogies historiques» de la vérité, de la morale et du pouvoir, qu’il cherche à «diagnostiquer le présent» et à «analyser les conditions formelles de la culture».

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