ALN|NT2, cahier numéro 9, 2017

Les formes brèves dans la littérature web

Marie-Ève Thérenty
Florence Thérond
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Ce cahier virtuel rassemble les communications présentées lors d’une journée d’étude organisée à Montpellier (France) le 26 novembre 20151«Les formes brèves dans la littérature web», journée d’étude organisée par Marie-Ève Thérenty et Florence Thérond, laboratoire RIRRA21, programme «la littérature à l’heure du numérique: nouvelles pratiques, nouvelles postures», Université Paul-Valéry-Montpellier III, site Saint-Charles. et a donc pour ambition d’examiner le retour en force du bref et du fragmentaire dans la littérature actuelle, et plus particulièrement dans les écritures numériques.

Dans quelle mesure le support numérique justifie-t-il le choix du bref et en modifie-t-il les enjeux poétiques? Quelles stratégies et postures sous-tendent ces écritures? À quel lectorat s’adressent-elles? Ces questions, parmi d’autres, sont abordées dans les articles, ainsi que dans la vidéo de la table-ronde proposée ce jour-là. Celle-ci réunissait quatre écrivains usant, avec des ambitions, des logiques et de poétiques très différentes et même sans doute contradictoires, d’Internet comme d’un outil de création et de diffusion des formes brèves: Jean-Louis Bailly, Thierry Crouzet, Jean-Yves Fréchette, Olivier Hervy expliquent leurs parcours, leurs démarches.

Les universitaires et chercheurs qui participent à ce numéro apportent leur contribution à une poétique de la forme brève numérique: Gilles Bonnet (Université Lyon III), en fait une magistrale synthèse en vingt articles. Ils envisagent plusieurs types de formes brèves, différents outils, applications ou plate-formes dont ils dégagent les traits spécifiques: Étienne Candel (Université Paris-Sorbonne CELSA), s’intéressant à Twitter, montre que la brièveté est moins une contrainte qu’une pratique de socialité, de reconnaissance et de gratification engagée sur une mémoire des formes brèves créatives et des processus d’agrégation et d’interreconnaissance rendus possible par le dispositif organisationnel de la plateforme. Bounthavy Suvilay (Université Montpellier III), en examinant plus d’un  millier de comptes Twitter correspondant à des noms d’auteurs français décédés (l’utilisateur du compte feignant d’être l’auteur célèbre), analyse les procédés de réécriture et d’adaptation au support et étudie comment se reconstruit, à travers une mise en scène discursive de l’écrivain, une figure atypique de celui-ci. Adeline Wrona (Université Paris-Sorbonne CELSA) s’intéresse au fonctionnement anthologique du réseau Facebook, laboratoire de «la littérature en fragments partagés», caractérisée par son «devenir image», sa dimension conversationnelle et sa réappropriation subjective de l’actualité. Oriane Deseilligny (Université Paris 13) étudie le roman fragmentaire de Thierry Crouzet One minute en comparant trois espaces éditoriaux (site personnel de l’écrivain, plate-forme Wattpad et format e-pub) convoquant des postures d’auteurs et de lecteurs différentes, tandis que Gwendolyn Kergourlay (Université Montpellier III) montre comment les poètes numériques, dans leur volonté de rompre avec la conception d’un Web commercial, se sont approprié la forme du haïku, objet à la fois de fascination et de subversion.

Textes de Gilles Bonnet, Etienne Candel, Oriane Deseilligny, Gwendolyn Kergourlay, Bounthavy Suvilay et Adeline Wrona.

Rassemblés et introduits par Marie-Ève Thérenty et Florence Thérond.

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    «Les formes brèves dans la littérature web», journée d’étude organisée par Marie-Ève Thérenty et Florence Thérond, laboratoire RIRRA21, programme «la littérature à l’heure du numérique: nouvelles pratiques, nouvelles postures», Université Paul-Valéry-Montpellier III, site Saint-Charles.

Articles de la publication

Marie-Ève Thérenty & Florence Thérond

Introduction: l’apothéose du bref

Réflexion introductive des directrices du cahier virtuel «Les formes brèves de la littérature web».

Marie-Ève Thérenty & Florence Thérond

Présentation des écrivains de la table ronde

Une vidéo et une présentation des écrivains de la table ronde.

Gilles Bonnet

20 brèves d’écritoire 2.0

L’écranvain, cet écrivain du Web, met en œuvre sur son site ou son blog, un ensemble de formes brèves polysémiotiques. Ces quelques notules voudraient contribuer à une e-poétique de la forme brève numérique, en prenant en compte les spécificités techniques d’Internet ainsi que les modalités de création et de réception d’une Web-littérature.

Etienne Candel

Socialité de la forme littéraire «brève» dans l’industrie contemporaine des écritures

La promotion et la médiatisation de Twitter ont mené à valoriser, avant tout, la portée créative de la limitation du texte à 140 caractères. On interroge dans ce texte la pertinence de cette représentation et on se propose de décrire les grands déterminants de l’appropriation littéraire de ce service en ligne: la construction culturelle de la  contrainte et la place de l’industrie dans les processus d’écriture et de lecture.

Bounthavy Suvilay

Écrivains morts-vivants sur Twitter

Quelle est l’auctorialité des comptes Twitter reprenant un nom d’auteur décédé? Chez les admirateurs zélés, l’appropriation vise à promouvoir l’écrivain. Dans le cas de comptes humoristiques, l’utilisateur affirme sa subjectivité en détournant les textes ou l’image de l’artiste. Il y aurait d’un côté une fiction minimale, de l’autre une mystification ludique qui se dénonce comme telle. Mais dans la pratique il existe une continuité entre les deux postures.

Adeline Wrona

Petites anthologies numériques: Facebook, ou la littérature en fragments partagés

Qu’appelle-t-on la littérature dans les réseaux de sociabilité numérique? Que fait-on avec elle? Et dans ce jeu de pratiques et de représentations, quelle est la part des formes brèves, modalité poétique qu’on peut d’emblée poser comme dominante? Telles sont les questions qui guident cette réflexion, inscrite dans la continuité d’une exploration engagée d’abord, à travers la presse, sur la relation entre médias et littérature.

Oriane Deseilligny

One minute de Thierry Crouzet: métamorphoses d’un texte, d’un dispositif à l’autre

L’étude que nous proposons ici porte sur l’œuvre fragmentaire One minute, de Thierry Crouzet. Nous comparons les trois dispositifs techno-sémiotiques sur lesquels l’œuvre a été publiée simultanément (site personnel de l’auteur, plateforme Wattpad, format epub) et montrons que la construction du sens du texte, les enjeux narratifs et lectoriels qu’il enferme se transforment d’un espace éditorial à l’autre. One minute convoque en effet des postures d’auteur, de lecteur et des pratiques de lecture différentes d’un dispositif à l’autre. Ce récit polymorphe est aussi analysé du point de vue de la tension dialectique propre à l’écriture fragmentaire entre pièce détachée et pièce reliée: nous montrons les éléments qui établissent une continuité par-delà l’autonomie des fragments. Enfin, nous envisageons ce récit comme une métaphore du processus de lecture et d’interprétation.

Gwendolyn Kergourlay

L’exploration du haïku par la poésie numérique: une voie de renouvellement pour la poésie?

Le haïku a connu une fortune littéraire éclatante en France dès la fin du XIXe siècle. A l’orée du XXIe siècle, comment des «poètes numériques» se sont-ils appropriés la forme en investissant l’informatique et l’internet? Si l’exploration de la forme se prête particulièrement bien aux deux médias, elle est aussi, pour les auteurs concernés, l’enjeu d’une lutte symbolique pour intégrer le champ littéraire.

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