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The Revolution Took Place in New York

Émilie Houssa
couverture
Article paru dans Œuvres web, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Chatonsky, Gregory. 2002. The Revolution Took Place in New York. Œuvre web.

Fiche du Répertoire ALH: https://nt2.uqam.ca/fr/repertoire/revolution-took-place-new-york

   

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Sur un fond noir deux phrases, l’une en français, l’autre en anglais, indiquent: «La première scène se déroule très vite. On sent qu’elle a déjà été répétée plusieurs fois». Lorsque l’on clique sur l’une ou l’autre phrase le défilé commence, jamais dans le même ordre et sans jamais proposer les mêmes fragments. Un cadre noir entoure des images, des sons et des mots qui se superposent, s’effacent, se coupent. Les sons d’abord: des bruits, des textes lus qui s’effacent et reviennent, de la musique. Les images: des photos, des vidéos. Des photos dans des photos, des vidéos dans des photos. Des images à peine aperçues, d’autres qui reviennent sans cesse comme le leitmotiv d’une portion de l’œuvre. Les textes enfin: des mots colorés qui apparaissent et disparaissent, des mots gris/blancs présents dans un coin sur plusieurs images qui semblent voyager à l’intérieur du cadre, flottant d’une image à l’autre.

The Revolution Took Place in New York est une oeuvre qui repose sur le flux constant d’images et de textes sur le réseau. À partir du principe de «roman infini» proposé par Robbe-Grillet avec l’écriture automatique et le nouveau roman, l’œuvre de Gregory Chatonsky, faisant directement référence à l’ouvrage de Robbe-Grillet Projet pour une révolution à New York, sorti en 1970, cherche à penser le flux même qui nourrit l’imaginaire des sociétés contemporaines dites «hyper-industrialisées». The Revolution Took Place in New York se compose donc d’images, de textes et de sons en perpétuelle succession. Ces fragments proviennent de différentes sources: vidéo de Ground Zero, réseau, ou Google image. Chacun de ces fragments apparaît de façon aléatoire mais c’est chacune de ces apparitions qui tisse un lien avec les autres fragments. L’œuvre impose ainsi le principe du montage permanent. La lecture, le temps de narration, la fictionnalisation de cet ensemble ne peuvent se réaliser qu’à l’instant même de la réception.

   

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Site web et installation hypermédiatique proposant une narration à partir du flux d’images et de mots du réseau.

   

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

Le forme que prend l’énonciation de cette œuvre repose sur le principe du «temps réel». C’est le flux même d’images et de textes présents sur le réseau qui forge le rythme et nourrit la fiction de The Revolution Took Place in New York. Mais les modalités énonciatives de l’œuvre permettent de réfléchir au-delà même du principe de fluctuation, l’importance de l’énoncé, du texte à proprement parler, qui annonce, encadre et définit toute image sur le réseau.

Selon Gregory Chatonsky: «C’est un lieu commun que de penser nos sociétés hyper-industrialisées comme étant exclusivement visuelles, car avec Internet le texte domine l’image. Pour exister physiquement sur un support numérique, chaque image porte un nom qui est le critère de son indexation.»1https://web.archive.org/web/20081222053928/http://incident.net/users/gregory/ [Page consultée le 4 août 2023]

   

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre dans cette œuvre est implicite et récurrente. Les mots, sons et images ne portent pas directement sur les événements du 11 septembre, mais l’ensemble crée une allusion constante aux attentats. D’une part parce que l’une des sources des images est spécifiquement une vidéo de Ground Zero. Et, d’autre part, parce que beaucoup de mots et de sons rattachés au titre de l’œuvre donnent à penser autour du 11 septembre. Mais cette pensée se construit par l’implicite et aussi par la récurrence de l’évocation du 11 septembre sur le réseau même.

   

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les événements du 11 septembre ne sont pas présentés de façon explicite. Ils sont montrés comme un imaginaire latent de l’opinion commune représentée sur le web. Le flux et l’aléatoire de la présentation des fragments de cette œuvre révèlent avant tout la fréquence d’évocation des événements. La représentation des médias et des moyens de transports relève du même principe.

   

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Le principe de l’œuvre est qu’il n’y a pas de protagoniste. L’œuvre adopte le point de vue collectif. Plus précisément, elle analyse l’imaginaire collectif autour d’un thème qui serait la révolution à New York, une révolution qui peut être plus ou moins associée aux événements du 11 septembre. Or cette association, cette narration même (le fait ici de faire des liens) ne dépend que du récepteur de l’œuvre, puisque sinon tout semble fonctionner de façon aléatoire.

   

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

Les sons entrent dans la diégèse de l’œuvre au sens où ils constituent la deuxième trame du montage narratif que propose l’œuvre. Ils peuvent influencer la lecture d’une image ou la visibilité de certains mots par le bruit d’une explosion par exemple.

   

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Les mots composent la troisième trame de l’œuvre. Leur apparition, disparition et disposition ou mouvement dans l’œuvre imposent un rythme et permettent de souligner à la fois le côté aléatoire de la présentation mais aussi, paradoxalement une particularité de l’image ou du bruit présents au même moment dans l’œuvre. Le montage se fait ainsi par de constants aller-retours, chocs et imprégnations des trois trames qui composent l’œuvre.

   

Autres aspects à intégrer

N/A

   

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

“The New York’s Revolution is a real-time generated fiction of the flow of the network. A generator for text that produces an indefinite novel in the style of a book by Robbe-Grillet, “Project for a Revolution in New York” written in 1970.

Ben Saïd walks the streets of an American metropolis. What will be remembered is that the story that was told us was not of the account itself. Some words are associated fragments of video and sound, images are turning into “Manhattan” while walking toward Ground Zero, sounds are coming from sources of the account itself. Other words are being translated into images through Google (http://www.google.fr/imghp?). Associations of all those elements, produces a flowing narration, a narrative.

One often say that our hyper-industrialized societies are entirely visual, but with the Internet the text is dominating the image. Existing entirely because of numerical support, each image has a name for indexing, and the search engine, which access the numerical-textual data, force the image to appear only after is was sort by the title. This domination, brings about questions of a complex relation between the two modes that are always interlock, historically, but, and at the same time, creating a space, a no man’s land between the alpha-numeric and the icon.Today’s question is not about producing new images but it is about finding it in an existing stock”.2https://web.archive.org/web/20081125224836/http://incident.net/works/revolution_new_york/index/readme.html [Page consultée le 4 août 2023]

    

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

N/A

    

Citer la dédicace, s’il y a lieu

Aucune.

    

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

Le site web de Gregory Chatonsky recense l’ensemble des articles qui ont été écrits sur son travail. Voir: https://web.archive.org/web/20081220211830/http://incident.net/users/gregory/ [Page consultée le 4 août 2023] puis aller sur «press» et descendre jusqu’à 2002.

   

Impact de l’œuvre

L’œuvre a été créée en 2002, nous pouvons toujours y avoir accès, le site semble donc suffisamment visité pour que l’œuvre persiste.

   

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

The Revolution Took Place in New York de Gregory Chatonsky travaille particulièrement le processus de fictionnalisation du 11 septembre car toute l’œuvre semble reposer sur l’implicite. Le titre parle de New York mais fait davantage référence à l’œuvre de Robbe-Grillet qu’au New York du 11 septembre. Une des sources d’image provient de Ground Zero, mais cette source n’est pas spécifiquement identifiable, elle fait partie du flux d’images présentes dans cette œuvre. Le rapport que l’œuvre entretient avec les événements du 11 septembre dépend avant tout de la lecture et du montage qui seront faits par les récepteurs de l’œuvre. Chatonsky paraît jouer ici sur la puissance de l’imaginaire collectif créé autour du 11 septembre. Certains motifs (sonores ou visuels), certains mots sortis de leur contexte et reliés à un titre et un ensemble «semblant» traiter des attentats du 11 septembre, deviendront des éléments constitutifs d’une vision des attentats.

Le principe de «roman infini» de Robbe-Grillet devient ici celui d’une «fiction-cadrée» infinie et déterminée à partir d’un ensemble de motifs et de mots restreints mais suffisamment généraux pour constituer les fondements d’un montage infini. Le titre est très révélateur de ce principe: «New York» et «révolution» lancent un a priori de lecture pour le récepteur post-11 septembre. Le «roman infini» ouvrait sur l’infinité des possibilités qu’offrait le principe d’association de l’écriture automatique. Ici, l’infinité due à l’automatisme et l’aléatoire des banques de données du réseau montre plutôt la puissance de la détermination collective des narrations contemporaines post-11 septembre.

   

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

N/A

  

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

N/A

Captures d’écran

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