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Projections

Émilie Houssa
couverture
Article paru dans Arts visuels, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Œuvre référencée: Holzer, Jenny. 2005. Projections. Projections lumineuses de textes sur les façades de trois bâtiments de New York.

   

Présentation de l’œuvre

Résumé de l’œuvre

Depuis 1996, Jenny Holzer propose des séries de projections lumineuses sur les façades de bâtiments importants de grandes villes. Ce projet est passé par Florences, San Diego, Londres, Washington ou New York, pour ne citer que quelques villes des 37 que comptabilise ce projet. Les dernières projections datent de 2007 et eurent lieu à North Adams. Chaque projection a lieu pour un nombre de soir limité et se compose généralement de poèmes. Mais en 2005, lorsque Jenny Holzer est contactée pour commémorer le 11 septembre 2001, elle décide d’intégrer à son projet d’autres formes de textes.

Pour cette série, Jenny Holzer a choisi trois bâtiments de New York : les façades du Rockefeller Center, de la New York Public Library et de la Elmer Holmes Bobst Library de la New York University. L’événement a lieu du 29 septembre au 9 octobre 2005. Pendant les 4 premières nuits, l’artiste a projeté sur les façades du Rockefeller Center des poèmes de Mahmoud Darwish, de Fadhit Al-Azzawi, d’Henri Cole (tout comme lors des projections qui ont eu lieu à New York en 2004) et de Adam Zagajewski. Pendant les 3 nuits suivantes, Jenny Holzer a choisi de projeter sur les façades de la Elmer Holmes Bobst Library des textes tirés des National Security Archives (un organisme américain qui traite et publie les documents du gouvernement américain «déclassifiés» par la mise en place du «Freedon of Information Act»). Les textes extraits de ces archives pour l’événement se rapportent principalement aux guerres en Afghanistan et en Irak et à la prison de Guantanamo. Enfin, durant les 4 dernières nuits furent projetés sur les façades de la New York Public Library des poèmes de Mohja Kahf et d’Elisabeth Bishop.

Les textes choisis pour ces projections ont été publiés après les événements du 11 septembre 2001. Ce qu’ils relatent avant tout, de manière poétique ou administrative, c’est un état de violence. On ne peut pour autant pas parler de dénonciation, mais plutôt d’une énonciation simple et précise d’actes, de faits, d’idées et de peurs.

   

Précision sur la forme adoptée ou sur le genre

Projections lumineuses de textes sur les façades de trois bâtiments de New York.

   

Précision sur les modalités énonciatives de l’œuvre

L’œuvre propose un montage de textes et de points de vue sur l’après-11 septembre.

   

Modalités de présence du 11 septembre

La présence du 11 septembre est-elle générique ou particularisée?

La présence du 11 septembre est ici générique. Ce que propose Jenny Holzer, c’est un ensemble de textes qui réfléchissent aux conséquences des événements du 11 septembre, certains de façon plus explicite que d’autres, comme les textes tirés des National Security Archives.

  

Les événements sont-ils présentés de façon explicite?

Les événements ne sont pas présentés de façon explicite. L’œuvre permet plutôt de construire un point de vue critique et poétique sur les conséquences des événements.

   

Quels sont les liens entre les événements et les principaux protagonistes du récit (narrateur, personnage principal, etc.)?

Ne s’applique pas.

   

Aspects médiatiques de l’œuvre

Des sons sont-ils présents?

L’œuvre est muette.

  

Y a-t-il un travail iconique fait sur le texte? Des figures de texte?

Toute l’action de Jenny Holzer repose sur le travail iconique des textes présentés. Des lettres sont agrandies représentées sur un fond coloré. D’autres passages de textes sont occultés par des rectangles blancs, cachant ainsi des noms ou des informations «invisibles» pour le peuple américain. Ces manœuvres révèlent évidemment l’action du gouvernement plus qu’elles ne cachent une information. Ce jeu de révélation donne toute la force subversive de l’œuvre.

   

Autres aspects à intégrer

N/A

   

Le paratexte

Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

«Jenny Holzer présente une série d’œuvres récentes qui redessine le paysage politique post-11 septembre. Elle utilise à cette occasion, des mails et des documents entrés dans le domaine public depuis l’Acte de liberté d’information. Elle construit un projet dans lequel elle s’empare du débat sur les opérations officieuses du gouvernement américain pour jouer avec les mots et transformer le langage en matière plastique plus qu’en récit revendicatif.»
— Isabelle Soubaigné1https://web.archive.org/web/20081122101755/http://www.paris-art.com/art/critiques/d_critique/Jenny-Holzer-Jenny-Holzer-3957.html[Page consultée le 3 août 2023]

   

Intentions de l’auteur (sur le 11 septembre), si elles ont été émises

N/A

   

Citer la dédicace, s’il y a lieu

Aucune.

    

Donner un aperçu de la réception critique présente sur le web

Critique et recensement des projections de Jenny Holzer à New York:

  

Impact de l’œuvre

Impact inconnu

  

Pistes d’analyse

Évaluer la pertinence de l’œuvre en regard du processus de fictionnalisation et de mythification du 11 septembre

Les projections de Jenny Holzer semblent travailler principalement à démythifier les événements du 11 septembre et leurs conséquences. L’artiste expose, projette, au sens propre, des faits et des actes, des pensées et des réactions qui tissent une réflexion sur les conséquences des événements. Par ce processus, Jenny Holzer décompose les conséquences du 11 septembre plus qu’elle n’en propose un tout complet et allégorique. Dans cette même perspective, le choix de faire des projections sur des édifices publics met en avant l’importance qu’occupe l’espace public dans l’œuvre. Ce que propose l’artiste, c’est une mise en partage d’idées et de points de vue certes, mais aussi d’actes souvent cachés au plus grand nombre.

Un article publié sur http://taipei-newyork.blogspot.com/2005/10/jenny-holzer-suite.html2La page n’est plus disponible. rappelle que ces faits sont projetés sur un bâtiment de plus de dix étages (en l’occurrence pour les documents des National Security Archives, c’est la façade de la bibliothèque de l’université de New York qui a été choisie). Dans cette mise en scène, le jeu du cache qui révèle le caché est fondamental. Les projections de Jenny Holzer cette année-là permettent la révélation publique d’actes intolérables : certains documents évoquent ainsi la torture comme moyen d’interrogation à Guantanamo. Mais au-delà de ces révélations, les projections jouent aussi sur ce qui reste caché. En donnant à voir des noms et des parties de documents cachés, Jenny Holzer interroge avant tout le sens de l’interdiction de révélation. La portée subversive de l’œuvre joue donc ici sur deux niveaux: tant dans la projection même que dans la projection d’éléments cachés.

   

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

«There is
a world love center
inside my ribcage
There is
A world hate center
Inside me too
The fires have begun
The fires have begun»
Mohja Kahf3https://web.archive.org/web/20090428201930/http://www.jennyholzer.com/Projections/credit/NewYork2005/ [Page consultée le 3 août 2023]

   

Noter tout autre information pertinente à l’œuvre

N/A

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