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National Trauma and Collective Memory. Extraordinary Events in the American Experience

Gabriel Tremblay-Gaudette
couverture
Article paru dans Essais, sous la responsabilité de Équipe LMP (2007)

Ouvrage référencé: Neal, Arthur G. (2005), National Trauma and Collective Memory. Extraordinary Events in the American Experience, Armonk (NY), M. E. Sharpe, 240p.

Disponible sur demande (Fonds Lower Manhattan Project au Labo NT2)

Problématique principale et thèses

L’essai d’Arthur G. Neal porte de manière générale sur les événements traumatiques nationaux jalonnant l’histoire des États-Unis. Adoptant une posture à mi-chemin entre l’historien, le sociologue et le commentateur politique, l’essayiste ouvre son essai par deux chapitres généraux sur le traumatisme collectif, ses conséquences et ses répercussions. Les chapitres suivants examinent tour à tour des événements singuliers de l’histoire américaine, afin d’examiner les manières dont ces événements extraordinaires ont affecté le cours de l’histoire et provoqué une remise en question des valeurs sociales et des convictions politiques du peuple américain. La seconde édition de l’essai, parue en 2004, comprend un chapitre additionnel abordant les événements du 11 septembre 2001.

Place des événements dans l’œuvre

Le chapitre portant sur le 11 septembre est l’avant-dernier de l’essai, tout juste avant la conclusion. Il prend la forme établie par les chapitres précédents, soit une explication détaillée des événements dans un ordre chronologique, une présentation des différents acteurs de l’événement ainsi qu’une analyse des répercussions politiques, sociales et culturelles des événements sur la population américaine.

Donner une citation marquante, s’il y a lieu

Ce paragraphe clôt le chapitre à propos du 11 septembre et est un exemple révélateur de la posture critique de l’auteur quant à la réaction excessive du gouvernement face aux attentats:

We know from anthropologists that human beings have a remarkable capacity for creating and adjusting to a wide range of cultural conditions. However, there are limits. We do not know, for example, the long-range effects of intense and prolonged levels of fear on the general population. We have no way of knowing what the full range of these effects will be, but there is a very high probability that they will be deleterious. Neither the creativeness of modern civilisation nor the well-being of individuals can long endure under extreme conditions of collective fear. Democracy and civil liberties may very well be among the first accomplishments of civilization to go. (P. 194)

Noter toute autre information pertinente à l’œuvre

L’essai a une vocation pédagogique explicite et chaque chapitre se conclut par une série de questions permettant d’ouvrir la discussion, qui sont probablement destinées aux enseignants voulant faire usage de l’essai comme d’un manuel d’enseignement.

Voici la liste des questions pour le chapitre portant sur le 11 septembre 2001:

  1. How would you account for the strong sense of patriotism and national unity following the terrorist attack on September 11?
  2. Is it possible to prevent another terrorist attack of the magnitude of the one that occured on September 11? Why or why not?
  3. Are the suicides of Islamic terrorists a form of self-destruction or self-fulfillment? Please justify your answer.
  4. Are there any conditions in which the use of torture is justified in the interrogation of prisoners? Why or why not? Under what conditions does a forceful interrogation of prisoners constitute a violation of basic human rights?
  5. Were there adequate justifications presented to the United Nations and to the American people for the invasion of Iraq? Why or wy not?
  6. Will the temporary compromise of our civil liberties become a permanent part of our political culture? Why or why not?
  7. Is the fear of terrorism a realistic concern, or has there been an overreaction in our society? Please justify your answer.
  8. Does the fear of terrorisme build upon a “culture of fear” in our society? Why or why not?

Table des matières

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Citer le résumé ou l’argumentaire présent sur la 4e de couverture ou sur le rabat

A fascinating exploration of our evolving national psyche, this book chronicles major traumas in recent American history, how we resonded to them as a nation, and what those responses tell us about ourselves. From the Depression and Pearl Harbor, to the assassinations of the Kennedys and Martin Luther King, Jr., the Vietnam War and Watergate, and finally to the events of 9/11, the nation has absorbed many shocks. This book charts the stages from the initial trauma to the processing of the event into our shared cultural memory. New student-friendly features, including discussion questions and “Symbolic Events” boxes in each chapter, give the book added value as a classroom supplement.

— Description officielle tirée du site Web de l’éditeur, disponible à l’adresse suivante: http://www.mesharpe.com/mall/resultsa.asp?Title=National+Trauma+and+Collective+Memory%3A+Extraordinary+Events+in+the+American+Experience%2C+Second+Edition [consulté le 26 octobre 2012] [La page n’est plus disponible.]

Dédicace

Aucune dédicace

Entrevues

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Impact de l’œuvre

Impact difficile à mesurer. Les chiffres de vente ne pourraient véritablement refléter l’impact de l’oeuvre considérant que l’essai est destiné à un usage pédagogique, et il est pratiquement impossible de déterminer quantitativement ou qualitativement si l’essai a trouvé son public et a suscité les réflexions et discussions souhaitées.

Pistes d’analyse

Dès les premiers chapitres, l’auteur établir sa crédibilité avec une analyse méticuleuse et complète de la problématique du traumatisme collectif et national. Neal écrit dans une langue précise, simple et efficace, et parvient au travers d’un discours facile d’approche à mettre à plat une réalité complète et aux facettes multiples. Il se montre également un historien méticuleux, capable de synthétiser des événements historiques importants en quelques pages. Il effectue des analyses solides de ces événements à partir de l’angle du traumatisme national que ceux-ci ont suscité.

Il est donc étonnant de constater le biais subjectif à peine voilé dont Neal fait preuve dans son essai portant sur le 11 septembre. Une fois établie la chronologie des événements, l’auteur passe aux explications quant aux répercussions sur la population américaine, et ne se gêne pas pour remettre en questions les politiques internes et externes du gouvernement de George W. Bush en réaction aux attaques. Il critique le climat de peur instauré par les codes chromatiques d’alertes fournies par le FBI dans les années suivant les attentats, soulignant que le climat de peur constante et de tension jamais relâchée ne peut qu’être néfaste pour la population américaine (voir section «citation marquante»). De plus, il juge inacceptable l’invasion de l’Irak sous les prémisses de la présence d’armes de destruction massive à partir de preuves douteuses et dont l’existence effective n’a jamais été avérée. Il dénonce également le traitement odieux des prisonniers de guerre au cours de la «War on Terror». Il considère comme paradoxale, voire perverse, la volonté du gouvernement de chercher à faire croire au peuple américain qu’il est envisageable d’éliminer tout potentiel d’attaque terroriste suite aux attentats, puisqu’il croit que les attaques du 11 septembre 2001 sont la preuve par excellence qu’une telle action marginale et kamikaze de la part d’un groupuscule terroriste n’est ni prévisible ni arrêtable. Neal craint de la sorte que de faire entretenir de faux espoirs de sécurité réinstaurée revienne à bercer d’illusions une population qui ferait mieux de se confronter à la nouvelle réalité contemporaine plutôt que de tarder à intégrer cette donne. Il est d’ailleurs aisé de constater combien indéfendables Neal juge les positions du gouvernement américain et des citoyens au patriotisme exacerbé en lisant les questions de discussions clôturant le chapitre (lire section «informations pertinentes à l’oeuvre»), où l’auteur soulève les points mentionnés plus haut, mais demande également aux lecteurs potentiels de justifier sa position, manière d’engranger une réflexion de fond à l’issue de laquelle les présupposés colportés par le gouvernement ne pourront qu’être balayés du revers de la main par tout lecteur consciencieux et honnête avec lui-même.

Je ne peux m’empêcher de penser à Bill Maher, humoriste américain donnant dans le commentaire politique, qui avait déclaré, seulement 6 jours après les attentats, que les terroristes auteurs des attentats du 11 septembre n’étaient pas des lâches, puisqu’il fallait une grande quantité de courage pour voler à sa mort, et que le mode opératoire de l’armée américaine, consistant à envoyer des missiles à plus de 2000km de distance, était un acte plus lâche. Maher a reçu quantité de commentaires négatifs suite à cette déclaration. Cet incident cristallise l’antagonisme marqué ayant suivi les attentats du 11 septembre, renforcé par le président George W. Bush qui avait déclaré «either you’re with us or you’re against-us». Toute forme de doute, de pensée critique, de remise en question ou d’objection, aussi mineure soit-elle, affichée sur la place publique, était taxée d’anti-américanisme; la demi-mesure faisait partie des victimes des attentats.

Je ne sais pas dans quelle mesure Neal a été audacieux de prendre une position aussi contestataire face au gouvernement américain dans son essai, paru en 2004 et dont la rédaction du chapitre sur le 11 septembre doit remonter à quelques mois précédant la parution de la seconde édition contenant cet ajout. Est-ce que Neal reflète une tendance commençant à s’instaurer à cette époque où les doutes et les critiques pouvaient dès lors être émis plus ouvertement par les penseurs et les intellectuels américains? Est-ce qu’au contraire Neal est un précurseur, dont la rigueur intellectuelle l’a amené à ne pas céder face au consensus patriotique qui régnait dans les temps suivant les attentats? Chose certaine, Neal se range dans le camp des penseurs qui, en adoptant une vision globale des événements, prend une position plus mesurée des répercussions des attentats et ne se range pas aveuglément derrière l’effort de guerre revanchard de son gouvernement.

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