Entrée de carnet

Deadwood via Baltimore (en guise de préambule)

William S. Messier
couverture
Article paru dans Le parloir. Les usages de l’oralité en littérature québécoise, sous la responsabilité de William S. Messier (2011)

En guise de préambule à ce carnet de recherche sur le langage dans Deadwood, je sens qu’il est important d’aborder la question plus ou moins épineuse de l’obscénité. Il s’agit en quelque sorte d’un passage obligé puisque l’utilisation du langage offensant est au coeur de la volonté réaliste de David Milch, créateur et scénariste de la télésérie. Or, la chaîne Home Box Office qui diffusait l’émission est reconnue pour sa grande souplesse en matière de langage obscène. Une scène exemplaire de ce phénomène se trouve dans la télésérie The Wire, où deux détectives de la ville de Baltimore examinent les lieux d’un homicide en ne s’échangeant, durant les quelques trois minutes de la séquence, au fur et à mesure qu’ils reconstruisent par déduction le déroulement du crime, qu’une suite de déclinaisons possibles du mot “fuck”. À force de répétition, l’échange prend la forme d’un véritable pied-de-nez aux bonnes mœurs et expose une posture des plus critique qui reflète la ligne éditoriale de HBO. La télésérie The Sopranos faisait un usage semblable du langage obscène. En ce sens, si le langage dans Deadwood choque, sans doute peut-on avancer que c’est surtout par ses apparences d’anachronisme et moins par sa vulgarité qui, somme toute, ne devait pas trop détonner du reste de la programmation de la chaîne télé.

Un lien vers la fameuse scène de The Wire: [lien]

Un lien vers une scène emblématique de Deadwood: [lien]

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