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De l’ars dicendii à la classe de rhétorique: le destin de l’enseignement oratoire au Québec

Sébastien Drouin
Jaëlle Héroux
couverture
Article paru dans Archive et fabrique du texte littéraire, sous la responsabilité de Nancy Desjardins et Jacinthe Martel (2001)

Dans les collèges québécois des XVIIIe et XIXe siècles, les arts du discours jouaient un rôle fondamental. L’enseignement de la rhétorique, qui s’est longtemps inspiré des pratiques scolaires ayant cours en Europe, prolongeait trois tendances, chacune renvoyant à trois traditions distinctes: celle des Jésuites, celle des Oratoriens ainsi que celle de l’Université de Paris. Cependant, dans une brochure que font paraître les dirigeants du Séminaire de Québec en 1841, on constate que la répartition des matières, principalement héritées du Ratio studiorum, c’est-à-dire du plan d’études prévu par la pédagogie jésuite, est modifiée à un point tel que le rôle éminent qu’occupait jusqu’alors l’art de dire se trouve remis en cause. L’introduction, dans le cours de rhétorique, de disciplines comme la géométrie ou l’histoire naturelle s’inscrit dans un processus de réforme amorcé tant en France qu’au Bas-Canada. Longtemps considérée comme le moment privilégié où les élèves s’initiaient à l’exercice de la parole, la traditionnelle classe de rhétorique correspond désormais à une simple année scolaire. L’algèbre y côtoie l’étude du grec et de l’histoire littéraire alors que seuls les exercices d’amplification oratoire subsistent. II importe donc d’étudier les causes liées à la transformation de l’enseignement oratoire dans les collèges québécois, à savoir la réforme du Ratio studiorum, le rejet de l’idéal classique prôné par les romantiques et l’étude de la littérature patristique souhaitée par les gaumistes.

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