Cadre éthique à l’étude des relations féminines au non-humain au sein des espaces nordiques

Pour le moment, mon projet de mémoire n’est qu’une esquisse et se construit sur des impressions qui n’ont pas encore été confirmées et consolidées par mes recherches. Mon objectif est d’établir un réseau de rapprochements entre des textes de femmes du Nord pour en relever les constantes, particulièrement en ce qui a trait aux interactions qui se dressent entre ces femmes et leurs environnements. Mon corpus sera donc constitué d’œuvres écrites par des autrices qui ont comme personnages centraux des femmes qui entretiennent des relations étroites avec le territoire.

Mon intuition première est que la relation des femmes à ces territoires est parfois évacuée, au profit d’un imaginaire du Nord dans lequel les conditions de vie difficiles établissent un canevas propice à l’implantation d’un idéal patriarcal. C’est un idéal où l’homme défie, par sa force et son courage, ce qui est perçu comme un territoire hostile à la vie. Cela semble d’ailleurs être le cas dans une construction des espaces dits « vierges » comme celle de la wilderness, qui a été problématisée par William Cronon. Ce dernier notait d’ailleurs que la présence autochtone était évacuée de cet imaginaire et que cela a entrainé des conséquences concrètes et ravageuses sur les populations déjà présentes. Pour aller de pair avec le renversement de l’aspect patriarcal de la wilderness, il me semble que renverser l’aspect colonial est aussi d’une grande importance.

Dans le cadre de ce séminaire je souhaite d’abord recomplexifier les rapports entre les éléments non-humains nordiques et les femmes, allochtones et autochtones, de l’espace nordique, plus particulièrement au sein volet québécois de mon corpus. Il s’agira de renverser le rapport patriarcal au Nord en revalorisant les rapports des femmes aux vivants. Je souhaite pour se faire aborder les divers problèmes éthiques qui pourraient se poser au cours de l’élaboration de mon sujet, notamment pour éviter les différents pièges liés à l’essentialisation des rapports femme/nature ainsi qu’autochtones/nature.