Colloque, 4 au 6 mars 2015

Les imaginaires de la communauté

cover

La communauté ne partage ni la cohésion réglée d’une société, ni la volonté affichée d’un groupe identitaire: elle est spontanée, labile, évanescente. Ce caractère tacite exige toutefois d’en considérer la puissance en imaginant le lien commun au cœur même de chaque individu, dans son ethos, dans ses sentiments, dans ses goûts, dans ses habitudes, etc. Ce qui signifie somme toute qu’on peut faire communauté sans avoir entièrement conscience du lien qui assure la consistance de son être-ensemble.

Cette définition de la communauté est étroitement associée aux textes connus de Maurice Blanchot, La communauté inavouable (1983), de Jean-Luc Nancy, La communauté désœuvrée (1986) et de Giorgio Agamben, La communauté qui vient (1990). Si on les a beaucoup glosés depuis, c’est qu’ils ont saisi l’enjeu philosophique du commun au moment où prenait fin l’ère des grands récits d’émancipation, le communisme au premier chef, et où la méfiance à l’égard du totalitarisme était à son comble. L’enjeu semblait d’éviter ces deux écueils, sans pourtant consentir fatalement à leur contraire, c’est-à-dire à l’individualisme au sens strict, le moins noble politiquement. Ce qui a abouti à la création de concepts friables, dont l’apparence paradoxale mais extrêmement suggestive sur les plans logique et temporel, leur a assuré une fortune considérable à l’époque où il était de mise de déconstruire les notions rigides et de morceler le sensible: le comme-un, l’unité dans la déliaison, la relation de singularités, l’être quelconque. Ces concepts qui définissent de manière virtuelle, voire négative, la communauté, constituent le fond commun aux imaginaires contemporains qui la figurent sous le mode implicite de la crise.

Ce fond commun constituera le point de départ du colloque et non son objectif. Nous proposons plutôt de réfléchir aux multiples variations de la communauté que l’on trouve dans les différentes disciplines d’études ou de pratiques artistiques et sociales sans perdre de vue ce morcellement du sensible qui les imprègne.

On pourra notamment questionner, du point de vue des différentes pratiques intellectuelles, artistiques ou sociales, la dialectique entre la «communauté interprétative» (S. Fish) et la «communauté imaginée» (B. Anderson) pour arriver à penser conjointement la constitution et le fonctionnement inconscient de certaines communautés ainsi que les représentations conscientes qu’elles se font d’elles-mêmes. Il s’agira somme toute d’aborder la communauté qui émane du rapport spécifique que des individus entretiennent avec des objets particuliers et dans l’image ou la représentation que ces mêmes individus se font d’eux-mêmes à partir du lien qui les unit à ces objets.

Il sera possible également d’interroger le positionnement politique de toute communauté, même négative ou virtuelle, si l’on admet, comme l’a soutenu F. Jameson, qu’il n’y a aucune sphère du savoir et de la culture, ni même de la vie privée, qui échappe à un tel positionnement à l’ère du capitalisme avancé. On pourra par exemple concrétiser cette hypothèse en repensant la question de la communauté de pensée à l’aune du savoir qu’elle produit et de son mode de diffusion institutionnel. Ce qui aurait pour effet d’engager la réflexion pour déterminer les fondements et la consistance d’un penser-ensemble à une époque où les chercheurs entreprennent individuellement leur recherche, et ce, même si la plupart des organismes subventionnaires valorisent le regroupement stratégique, la connexion et le réseau.

Il y a, derrière ces orientations pratiques et politiques, des questions essentielles qui touchent des formes de vie et des modes d’existence que nous partageons. Ces questions ramènent la réflexion sur le plan des idées qui conditionnent les imaginaires contemporains de l’être-ensemble, ce fond commun que l’on a évoqué précédemment, mais avec l’intention de les interroger de front, c’est-à-dire en évitant de les percevoir uniquement à travers les concepts déjà acquis. Finalement, nous invitons à conceptualiser à nouveau ce qui, dans des pratiques, des disciplines ou des domaines que l’on partage en commun, incite au décentrement, à l’ouverture, à la multiplication des points de vue, à l’anonymat et résiste, par le fait même, au confinement identitaire, au langage commun et à la pensée homogène.

Organisé par Sylvain David et Sylvano Santini, ce colloque international s’inscrit dans le cadre du programme de recherche interdisciplinaire RADICAL (Repères pour une articulation des dimensions culturelles, artistiques et littéraires de l’imaginaire contemporain) et de Figura, le centre de recherche sur le texte et l’imaginaire.

Pour télécharger le document :

Communications de l’événement

Denis Mellier

Au prisme de l’excès: les imaginaires radicaux de la communauté (fantastique, épouvante, science-fiction)

«Les enfants sauvages sont un groupe qui vit dans le bush australien. Les plus âgés mènent les plus jeunes comme dans la villégiature insulaire inventée par Jules Verne dans Deux ans de vacances, mais sans la violence régressive du roman de Golding, Sa majesté des mouches. Les enfants sauvages ne sont pas ceux qui suivent Peter Pan dans le roman de Barry, ils ne refusent pas de grandir, mais attendent un messie capable de les guider vers ce qu’ils nomment le post-futur, la vie possible après la catastrophe que le futur leur a déjà amené. Les enfants sauvages sont plus qu’un clan ou une tribu: ils font société car au-delà d’un mode commun d’existence, les enfants sauvages possèdent un récit commun, un mythe qui donne sens au passé de la catastrophe, un mythe qui fait endurer le présent parce qu’il est annonciateur d’une figure messianique promise par un récit prophétique. Quand les enfants sauvages découvrent Max, ils le recueillent et le soignent, attendant son réveil pour le placer à la position centrale qui doit être la sienne. Il est le meneur, annoncé par un récit fondateur, celui qui les conduira vers des jours meilleurs. Il est le personnage d’une fiction qui scelle leur unité et qui fait alors qu’au-delà de la réunion ou de l’association circonstancielle née des événements, les enfants sauvages constituent bien une communauté.»

Denis Mellier est professeur à l’université de Poitiers (France), où il enseigne la littérature générale et comparée ainsi que le cinéma. Il a publié de nombreux articles sur la fiction fantastique, l’horreur au cinéma, les esthétiques réflexives et les relations entre la littérature policière et le roman contemporain. Parmi ses ouvrages, L’Écriture de l’excès. Poétique de la terreur et fiction fantastique, Champion, 1999. (Grand prix de l’imaginaire, catégorie «Essai» 2000) ; La Littérature fantastique, « Mémo », Seuil, 2000, 64 p. (Grand prix de l’imaginaire, catégorie «Essai» 2000) ; Textes fantômes. Fantastique et autoréférence, éditions Kimé, 2001 ; Les Écrans meurtriers.

Marie-Hélène Larochelle

La communauté monstrueuse: écueils et postulats

«Par définition, la communauté se fonde sur une interaction et sur un environnement commun. Par extension, il est néanmoins possible de l’envisager comme un rassemblement impliquant une nécessité ou un objectif commun. Elle s’oppose de ce point de vue à l’expression de l’individualité. Plus homogène que la société, la communauté peut être une unité collective effective, mais le regroupement peut également être de nature idéologique. C’est cette manifestation spécifique que je vous propose d’explorer aujourd’hui. Les communautés monstrueuses dont je parlerai sont donc imaginaires, construites.»

Marie-Hélène Larochelle est professeure adjointe au Collège universitaire Glendon de York University. Ses recherches portent sur les figures de la violence dans la littérature de la francophonie européenne (Belgique, France, Suisse) et québécoise. Elle a organisé deux colloques internationaux sur ce sujet et a dirigé les ouvrages collectifs Esthétiques de l’invective (dossier), Études littéraires.

Suzanne Beth

Restaurer une communauté menacée: passivité et désoeuvrement dans les films d’Ozu

«Cette présentation se propose de considérer un type de scène étroitement associé à la pratique cinématographique du réalisateur japonais Ozu Yasujiro, cinéaste majeur de la fin des années 1920 à l’année 1962. Ces scènes que le chercheur japonais Hasumi Shigehiko appelle des scènes de communion montrent deux personnages, exceptionnellement trois, assis ou debout, côte à côte et qui regardent dans la même direction.»

Suzanne Beth est doctorante en études cinématographiques à l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la médiation de la destruction dans le cinéma de Yasujiro Ozu. Elles visent à comprendre dans quelle mesure le cinéma en tant que technique a paradoxalement pu constituer pour Ozu un cadre de rencontre et de médiation permettant d’affronter les transformations brutales causées par la modernisation accélérée du Japon sous l’influence des pays occidentaux et de leur culture technique.

Lambert Barthélémy

Qu’est-ce qu’une communauté narrative?

«Chacun pouvait parler avec chacun, sans préambule.»

Lambert Barthélémy est maître de conférences en littérature comparée à l’Université de Poitiers. En outre traducteur de l’allemand, il a fondé la revue Otrante aux éditions Kimé ainsi qu’aux éditions Grèges. Il est membre au Centre de recherche Forell (Formes et représentations en linguistique et littérature) rattaché à l’Université de Poitiers et membre associé du Rirra 21 (Représenter, Inventer la Réalité du Romantisme à l’Aube de XXIe siècle) rattaché à l’Université de Montpellier 3.

Camille Toffoli

Faire apparaître le commun: écriture de la communauté carcérale dans «Notre-Dame-des-Fleurs» de Jean Genet

«Dans ses travaux sur les représentations de la prison dans les premiers textes de Jean Genet, la critique Pascaline Hamon décrit l’écriture genetienne comme un processus à la fois de déconstruction et de réappropriation de l’espace carcéral. Elle affirme qu’en s’appropriant de façon essentielle une absence de liberté qui ne devrait relever que de la pratique institutionnelle, l’être criminel tel que figuré par Genet rend ainsi vaine toute tentative de correction par l’enfermement.»

Camille Toffoli est étudiante à la maîtrise en études littéraire à l’UQAM. Son projet de mémoire porte sur l’oeuvre de Jean Genet, particulièrement sur les représentations de la communauté dans Notre-Dame-des-Fleurs, Miracle de la rose et Journal du voleur. Elle est membre des comités de rédaction des revues Postures et FéminÉtudes. Elle a aussi publié des textes de création dans les revues Jet d’encre et XYZ.

Émile Bordeleau-Pitre

Par-dessus les murs, le monde: analyse ethnocritique des dérèglements de la communauté et de l’ordre dans «Le Rivage des Syrtes» de Julien Gracq

«Quelque chose me fascine à cette lecture et relecture du Rivage des Syrtes de Julien Gracq, c’est cette impression continue, mais toujours évanescente, fugace, que l’on s’apprête à toucher au sens, à toucher à cette oeuvre si ambiguë, si polysémique, à ce que cette oeuvre semble vouloir nous pointer du doigt entre les lignes. Dans ce roman qui se caractérise par son côté nocturne et secret, il n’est pas simplement malaisé de bien voir; cela relève, à certains égards, d’un défi insurmontable. C’est ce qui m’intéressera particulièrement dans cette présentation: la mise en écriture de la vision dans Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq.»

Émile Bordeleau-Pitre est candidat au doctorat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal. Directeur de la revue Postures, co-organisateur des soirées Mots et images de la résistance, il travaille sur les questions d’avant-garde et de radicalité dans la revue d’entre-deux-guerres Documents. Récipiendaire de la Médaille du lieutenant-gouverneur pour la jeunesse, il a publié dans plusieurs revues dont CapturesSpirale et Ricochet.

Daniel Letendre

C’est quoi le rapport? Narration et formes de vie chez Marie-Claire Blais et Laurent Mauvignier

«Mais quels sont donc ces objets particuliers avec lesquels l’individu entrerait en relation, rapport qui déterminerait en partie l’appartenance à une communauté, voire son existence même? Plusieurs réponses sont possibles, mais nous nous en tiendrons ici à trois éléments qui seront par la suite analysés dans les plus récentes oeuvres de Marie-Claire Blais et de Laurent Mauvignier.»

Daniel Letendre est chercheur postdoctoral au département des littératures et au CRILCQ de l’Université Laval et chargé de cours au département de lettres et communication sociale à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Ses projets de recherche, dont le cadre théorique combine les théories de l’énonciation, la narratologie et la pragmatique littéraire, portent sur l’interrelation entre l’expérience sensible du monde contemporain et les transformations qu’elle induit à la poétique actuelle du genre romanesque, en France et au Québec.

Frédéric Rondeau

Une communauté d’écriture? L’institution littéraire de la contre-culture

«Rien ne semble plus à l’ordre du jour qu’une pensée de la communauté. Rien n’est plus exigé, réclamé, annoncé par une conjoncture qui allie au sein d’une seule même époque la faillite des communismes à la misère des nouveaux individualismes. Rien pourtant n’est à ce point éloigné, reporté, renvoyé à un autre temps encore à venir, un horizon lointain et indéchiffrable.» (Roberto Esposito, Communitas)

Frédéric Rondeau est professeur assistant au Département de Modern Languages and Classics de l’Université du Maine. Ses recherches portent sur les rapports qu’entretiennent la littérature québécoise et la politique. Il a co-organisé en octobre 2013 le colloque international «Avec ou sans Parti pris», à propos de la revue du même nom. Il prépare actuellement un ouvrage sur la contre-culture avec Karim Larose de l’Université de Montréal.

Denis Saint-Amand

Des «poëtes nouveaux» à la «mêlée symboliste»: fictions du groupe littéraire

«Cette présentation envisage la communauté dans une perspective microscopique, en jouant de la polysémie du concept, pour prendre comme objet des communautés plus ou moins structurées au sein de ce qu’on pourrait appeler la communauté littéraire, soit des collectifs plus ou moins fédérés, identifiables comme tels, au sein d’une nébuleuse d’acteurs qui partagent une grande préoccupation commune (la littérature) tout en ayant des intérêts et des objectifs distincts.»

Docteur en langues et lettres de l’Université de Liège, Denis Saint-Amand est l’auteur de La Littérature à l’ombre. Sociologie du Zutisme (Éditions Classiques Garnier, 2013), Le Dictionnaire détourné. Socio-logiques d’un genre au second degré (P.U.R., 2013), La Préface. Formes et enjeux d’un discours d’escorte (avec Marie-Pier Luneau (dir.), Éditions Classiques Garnier, 2016), La Dynamique des groupes littéraires (Presses de l’Université de Liège, «Situations», 2016) et d’une édition de l’Album zutique et des Dixains réalistes (avec Daniel Grojnowski, Flammarion, «GF», 2016).

Anthony Glinoer

Une communauté bohème? Perspectives théoriques

«Une fois n’est pas coutume, le corpus étudié aujourd’hui est un corpus constitué d’oeuvres critiques écrites dans les cinq dernières décennies et non d’un corpus relevant de la fiction, de la poésie, ou d’ordre référentiel (chronique, mémoire, etc.). Partant des sources d’époque, les sources secondaires (corpus critique) contribuent à leur tour à façonner la représentation collective du phénomène de la bohème.»

Anthony Glinoer est titulaire de la chaire de recherche du Canada sur l’histoire de l’édition et la sociologie du littéraire et professeur au Département des lettres et communications de l’Université de Sherbrooke. Ses travaux ont portés principalement sur l’histoire de l’édition et sur l’étude des représentations de la littérature et de la vie littéraire. Il a publié Naissance de l’éditeur. L’édition à l’âge romantique avec Pascal Durand en 2005; il a co-dirigé l’ouvrage Fictions du champ littéraire (2010), Imaginaires de la vie littéraire. Fiction, figuration, configuration (2012) et Romans à clés. Les ambivalences du réel (2014).

Ligia Tudurachi

Communauté littéraire et anonymat

«On évoque souvent une poétique de l’anonymat dans le contexte des avant-gardes et on pense surtout à ces projets d’une écriture collective dans laquelle on ne distingue plus les voix. Nous écarterons cette conception de notre perspective. L’objet de notre réflexion aujourd’hui ne concerne pas l’anonymat comme poétique, mais en tant que principe constitutif de la sociologie de groupes littéraires qui se répercute dans la politique de la communauté.»

Ligia Tudurachi est chercheure à l’Institut de Linguistique et d’Histoire Littéraire Sextil Puscariu (Roumanie). Elle est l’auteur de Les Mots qui tuent. Mémoire littéraire dans les romans de E. Lovinescu (Cluj-Napoca, Limes, 2010) et elle a publié divers articles sur le roman roumain entre les deux guerres, notamment sur «l’affection des mots». Actuellement, elle s’intéresse aux pratiques collectives d’écriture et à la représentation de la sociabilité littéraire dans la fiction de cénacle.

Michel Lacroix

L’amitié et la mise à l’épreuve du commun de l’art: Jean Dubuffet et Jean Paulhan

«Grandes amitiés, vivaces amitiés, fidèles amitiés, chaleureuses amitiés, ardentes amitiés, grandes, affectueuses révérences, etc. Par la variété des formules de salutations adressées à Jean Paulhan, la relance constante du sens de ce creuset épistolaire du lieu commun, Jean Dubuffet signale l’importance du lieu et de l’écriture, de l’intensification rhétorique du lien.»

Michel Lacroix est professeur au Département d’études littéraires de l’UQAM. Ses recherches portent sur la sociocritique, la sociologie de la littérature, les revues et les groupes littéraires et les réseaux. Il est, entre autres, l’auteur de De la beauté comme violence. L’esthétique du fascisme français 1919-1939 (PUM, 2004) et de L’invention du retour d’Europe. Réseaux transatlantiques et transferts culturels au début du XXe siècle (PUL, 2014).

Audrey Camus

Le Théâtre du Soleil ou la communauté incarnée

«Le Théâtre du Soleil a aujourd’hui 50 ans. Depuis l’établissement de ses statuts de société ouvrière, de coopérative ouvrière de production, au milieu des années 1960, la troupe conduite par Ariane Mnouchkine est restée fidèle aux idéaux qui avaient présidé à sa fondation, ce qui lui a valu d’être saluée récemment, pour ce cinquantenaire, comme une utopie durable et flamboyante par Le Monde du 23 avril 2014. Que ce soit par ses productions théâtrales, qui font la part belle à la création collective, ou par son organisation reposant sur le partage des tâches, des responsabilités et des salaires, la troupe incarne une certaine idée de la communauté, qu’elle n’a en même temps de cesse de questionner.»

Audrey Camus est docteure de la Sorbonne Nouvelle, membre associée du Cérac et de Figura. Elle enseigne la littérature dramatique à l’Université d’Ottawa. Spécialiste du XXe siècle, elle s’intéresse en particulier aux littératures française et québécoise des années 1950 à nos jours et au dialogue que celles-ci entretiennent avec les siècles précédents. Sa recherche porte essentiellement sur les fictions insolites et les textes atopiques dans une perspective théorique qui articule aux problématiques de la fiction une réflexion sur la frontière des genres.

Bertrand Gervais

Entre #JeSuisCharlie et Poème Sale: identité-flux et effets de communauté en culture de l’écran

«Je suis Charlie. Cette phrase à elle seule résume les effets de communauté que nous rencontrons en culture de l’écran. La phrase a été rédigée une première fois le 7 janvier 2015, au moment des attentats contre Charlie Hebdo à Paris. En l’espace de quelques heures, la phrase et le mot-clic qui lui est associé sont devenus viraux. #JeSuisCharlie a été partagé plus de 3 millions et demi de fois la première journée et le nombre de tweets est monté à 5 millions le surlendemain. Au-delà des chiffres, dont la précision est contestée, c’est un véritable cri du coeur mondial auquel on a assisté, une réaction en chaîne qui s’est déployée à la grandeur de la planète, ce que la géolocalisation des tweets permet de témoigner.»

Bertrand Gervais est le directeur du Laboratoire NT2 et du Centre Figura. Il est également professeur titulaire et enseigne au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal.

Erik Bordeleau

Le collectif transindividuel à la fin de l’économie

«Dans la réflexion sur le transindividuel et la précarité propre à la relation transindividuelle, il y a aussi l’élément qui pourrait peut-être permettre un renversement par rapport à la situation de captures subjectives.»

Erik Bordeleau est chercheur postdoctoral à l’Université libre de Bruxelles et chargé de cours à l’Université du Québec à Montréal. Il est l’auteur de Foucault anonymat (Le Quartanier, 2012), qui a remporté le prix Spirale Eva-Le-Grand de l’essai 2013. Il a complété un doctorat en littérature comparée à l’Université de Montréal sur la relation entre anonymat et politique dans le cinéma et l’art contemporain chinois. Il s’intéresse au tournant spéculatif dans la pensée contemporaine ainsi qu’au mode de présence des dieux, spectres et autres esprits dans le cinéma est-asiatique.

Gaëlle Étémé

Le corps comme texte: jugement de goût et hégémonie culturelle

«Lorsqu’on parle, par exemple, des formes de racisme, de logiques de la différence, il y a une dimension extrêmement évidente et qui n’est pourtant pas théorisée dans les canons qu’on nous propose au niveau des lectures analytiques sur ce sujet: la dimension esthétique et la dimension du jugement de goût. Or, dans le rapport à l’Autre, si une chose apparaît de façon qui nous paraît spontanée, c’est d’abord la présence d’un corps, dans sa manifestation esthétique.»

Gaëlle Étémé est doctorante en sociologie à l’UQAM. Ses travaux portent sur la relation entre la formation de la pensée de la différence par les mythes et les idéalités esthétiques normatives.

Audrey Rousseau

Penser le corps «gros»: brève généalogie d’un mouvement de libération (fat liberation movement) à l’institutionnalisation d’un champ académique

«Le fat liberation movement s’est développé principalement aux États-Unis et se déploie dans le monde anglo-saxon (Grande-Bretagne, Australie, Canada) et souligne l’intérêt grandissant pour les questions d’injustices basées sur le poids (weight oppression ou weightism).»

Audrey Rousseau est doctorante au Département de sociologie de l’Université d’Ottawa sur les politiques de mémoire au sein des démocraties libérales, plus précisément au sujet des luttes pour la reconnaissance du travail forcé des femmes dans les buanderies Madeleine en Irlande. Elle compte aussi parmi ses intérêts de recherche les peuples autochtones, les études culturelles et les études de genre.

Chantal Savoie

Des goûts musicaux des jeunes filles à la modernité culturelle des années 1940: variations sur les objets culturels, les publics et les stratégies pour en rendre compte

«Je vous présente aujourd’hui une partie des résultats d’une recherche que je mène depuis un certain temps déjà sur les préférences musicales des lectrices du Bulletin des agriculteurs dans les années 1940. Il s’agit d’une recherche-action qui m’a amenée à suivre une piste singulière, tracée par des sources à la fois riches et lacunaires, et à tenter d’expliquer le rapport à la chanson et, plus largement, à la culture de la communauté bien discrète qu’elles permettent de circonscrire, celle des jeunes filles canadiennes-françaises dans les années 1940.»

Chantal Savoie est professeure au Département d’études littéraires de l’UQAM. Elle est chercheure au centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoise (CRILCQ). Ses travaux portent sur l’histoire littéraire et culturelle des femmes, les pratiques culturelles de grande consommation et la chanson à succès. Elle fait partie depuis 15 ans du collectif La vie littéraire au Québec et codirige le laboratoire de recherche sur la culture de grande consommation et la culture médiatique au Québec à l’UQAM.

Hubert Gendron-Blais

Musique et communauté: résonances politiques

«En lisant autour d’un corpus sur la communauté, j’ai remarqué un vocabulaire musical déployé. On parle de rythme, de tonalité, comme si on essayait de parler d’une certaine musique de cette communauté. Je me suis particulièrement attaché à un terme: résonance

Hubert Gendron-Blais est auteur, musicien et doctorant à l’Université Concordia. Il a, entre autres, contribué activement aux ouvrages collectifs On s’en câlisse: histoire profane de la grève Printemps 2012, Québec (Sabotart / Entremonde, 2013), Tracesdéprises (Sabotart, 2014). Il est détenteur d’une maîtrise en sciences politiques de l’UQAM et doctorant en philosophie. Sa pratique de recherche-création se situe aux confluents de la musique, de l’esthétique et de la pensée politique et se concentre principalement autour des concepts d’affect et/ou de communauté.

Type de contenu:
Ce site fait partie de l'outil Encodage.