Readman Prud'homme, Camille
Le présent article s’inscrit dans une perspective de recherche-création où l’écriture cherche à comprendre comment la visibilité affecte le rapport que le sujet entretient avec son corps. Entre intériorité et extériorité, sensation et image, le corps, lorsqu’il s’éprouve comme représentation, crée des dislocations que l’écriture sait reconnaître.
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Imaginons le temps du voyage comme un temps filmique: un travelling sans caméra où l’écran est la fenêtre, un film sans images enregistrées, produit par un appareil mobile dans lequel nous prenons place (l’avion, ou bien le train, ou bien encore la voiture).
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Édith Dekyndt, née en Belgique en 1960, est une artiste qui vit et travaille entre Tournai et Dublin, mais également dans d’autres lieux au gré de ses expositions et résidences. Ses multiples déplacements fondent pour elle l’occasion de ses expériences plastiques.
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Dans le cadre de la réflexion sur les représentations artistiques et littéraires contemporaines du rapport entre corps et espace, certaines propositions plastiques de performances dessinées activent une relation d'interdépendance, le corps et l'espace agissant de pair, pour faire émerger le graphisme.
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L’artiste français Julien Prévieux porte une attention sensible, critique, et non dénuée d’humour aux moyens usités aujourd’hui de manière généralisée pour enregistrer, analyser et traduire sous forme d’informations le corps dans l’environnement social contemporain.
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L’étude des sciences humaines et sociales renvoie à la question du regard. Nous parlons de l’acte de regarder le monde dans ses processus mentaux et physiques, et aussi métaphysiques. Dans une démarche anthropologique il s’agit d’apprécier, de signifier, des mondes qui sont exposés, prenant des formes conceptualisées, descriptives, narratives. L’écriture est inextricablement reliée au regard sur les environnements naturels et culturels.
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Fruit de débordements et de rencontres souvent impensés, les rapports entre l’art et l’anthropologie sont aujourd’hui interrogés aussi bien par l’actualité d’une discipline universitaire qui a dû s’adapter au redéploiement de son champ de compétence, qui de contextuelle (les territoires, les sociétés) est devenue davantage conceptuelle (un regard, une posture épistémique) et ancrée dans la globalisation (Appadurai, 1996; Augé, 1994), que par la transformation du périmètre artistique lui-même qui épouse de plus en plus les contours du social en s’appropriant ses problèmes et ses questions (Lamoureux et Uhl, 2015).
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Derlon, Brigitte
Jeudy-Ballini, Monique
Depuis les années 1970-1980, des rapprochements entre l’art et l’ethnographie ont conduit les artistes à s’inspirer de méthodes ou de thèmes anthropologiques, et les ethnologues à collaborer à des projets artistiques ou à puiser dans la dimension sensible de l’art pour inventer de nouveaux modes de restitution des données. On se proposera plutôt d’explorer ici la capacité de l’art à alimenter un questionnement anthropologique: celui sur les processus transculturels d’appropriation. Exemple sera pris de trois artistes français dont les œuvres intègrent des artefacts non occidentaux.
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Le dogme universitaire et son corollaire de l’écriture scientifique m’ont amené à m’éloigner d’un format académique pour me concentrer sur des projets anthropo-sensoriels de recherche-co-création. C’est le cas de l’exposition sur l’habitat traditionnel guadeloupéen que j’ai pu réaliser avec un artiste et dans laquelle nous avons pu explorer d’autres voies pour exprimer un contenu ethnographique différemment.
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Je (me) trace à travers toi, installation de dessin participatif, EHESS, Paris, 2018.
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À la réflexion, le titre donné à cette communication, longtemps à l’avance, comme souvent, ne me satisfait pas tout à fait. Le mot risque peut être entendu négativement, comme un synonyme de danger, alors que j’ai plutôt en tête la tentation ou l’aventure de l’écriture fictionnelle. Je vais donc vous parler de la prise de risque d’un recours à la fiction et de ce qu’elle peut nous apporter. Je le ferai en trois parties, qui renvoient à trois étapes successives: la distinction, la tentation, l’exploration.
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Pour les peintres symbolistes de la fin du XIXe siècle, la représentation du corps féminin devient l’enjeu de l’expression de multiples craintes et désirs. Or, ce corps se pare d’attributs vestimentaires variés qui permettent, plus encore que la monstration d’un corps nu, l’expression du fantasme par le caractère insaisissable des membres parés et voilés. De fait, le voile occupe une place de choix dans les représentations, notamment avec l’intérêt renouvelé accordé au mythe de Salomé, cette énigmatique et sensuelle «danseuse aux sept voiles». Au travers des dessins préparatoires de Gustave Moreau, nous pouvons ainsi retracer le jeu fantasmatique et profondément inquiétant de dissimulation qu’offre le voile dans l'imaginaire symboliste de la fin du siècle.
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Éminemment célèbres et énigmatiques, la Joconde et ses traits singuliers ont largement occupé les discours depuis l’époque de Léonard de Vinci. Ainsi, dès le XIXe siècle, ce portrait féminin a été soumis à des reconfigurations qui témoignent des transformations animant les représentations de la sexualité féminine, de même que des imaginaires entourant cette figure insondable et adulée par bon nombre de spectateurs.
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Que ce soit en littérature ou en peinture, la nuque revêt un potentiel fantasmatique exacerbé au XIXe siècle. Lieu de transition entre la tête et le corps, partie du corps où siège l’énergie vitale, et plus encore lieu de désir échappant au contrôle de son ou sa propriétaire, ce fragment corporel donne à lire tout un imaginaire érotique qui transparaît dans bon nombre d’œuvres littéraires et picturales.
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