Cahiers Figura, numéro 18, 2008
Le nouveau territoire: l’exploration géopoétique de l’espace
Le nouveau territoire que l’on se propose de faire découvrir au lecteur de ces pages, c’est celui de la géopoétique, le «champ du grand travail» comme l’appelle Kenneth White, fondateur de l’Institut international de géopoétique, un travail qui nous invite à aller dehors, à l’affût des signes du vent, de la terre, des vagues, de tout ce qui compose notre environnement. La posture critique inséparable de ce mouvement vers le dehors nous conduit à remettre en question la culture dont nous avons hérité, sédentaire pour la grande majorité, et ses postulats les plus profondément enracinés. Se situant d’emblée au confluent des sciences, des arts et de la philosophie, la géopoétique génère des activités de recherche et de création, aussi bien dans le domaine littéraire que dans celui des arts visuels. Les centres et ateliers disséminés un peu partout sur la planète forment l’«archipel géopoétique», un ensemble auquel La Traversée, l’Atelier québécois de géopoétique, a pu s’intégrer très facilement. Ce recueil d’articles ouvre en quelque sorte un nouveau territoire, celui de la géopoétique au Québec, dont les activités sont reliées de près à Figura, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire.
Articles de la publication
Présentation: Le nouveau territoire
Le nouveau territoire que l’on se propose de faire découvrir au lecteur de ces pages, c’est celui de la géopoétique, le «champ du grand travail» comme l’appelle Kenneth White, fondateur du mouvement, un travail qui nous invite à aller dehors, à l’affût des signes du vent, de la terre, des vagues, de tout ce qui compose notre environnement.
À la recherche de l’espace perdu. Approches de la géopoétique
Prenons d’abord les mots « imaginaire » et « fantastique ». Que le fantastique soit très répandu dans notre contexte psychosocial, rien de plus certain. À mon sens, c’est une sorte de soupape dans un espace non seulement borné, surcodé, mais asphyxiant.
L’échappée géopoétique…
À mi-chemin entre le regard et le langage, entre l’inspiration et le savoir, surgit parfois un instant d’illumination qu’on pourrait appeler l’échappée géopoétique. Quelque part du côté du rêve et de la mémoire, au-delà de la course prévue et de la navigation envisagée, comme un voilier d’oies-des-neiges saisi par la dérive des glaces au printemps.
La traversée de Charlevoix en ski
Le désir de la traversée n’exprime rien de moins qu’un besoin profond de modifier son parcours, d’intégrer une ligne brisée dans la carte de son quotidien, car le passage d’un lieu à un autre n’est ni direct ni rassurant.
Utopie et géopoétique. «Stalker», d’Andreï Tarkovski.
Andreï Tarkovski, un des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma, qui s’est toujours «ressenti plus poète que cinéaste», explore, grâce à l’image cinématographique, «les questions fondamentales à notre vie sur terre, et [convie] le spectateur à retrouver les sources enfouies et taries de [son] existence».
L’écriture géopoétique. De la littérature à la littoralité.
Prise dans son ensemble, la littérature de notre époque laisse, pour dire le moins, beaucoup à désirer. Elle offre le spectacle d’un bric-à-brac confus, en partie triviale, en partie innommable. Les librairies accumulent tout, du moins un moment, sur leurs rayons –les bibliothèques font de même, d’une manière plus permanente.
Flâner, observer, écrire
Durant trois années et demie, guidé par l’improvisation des sens, aussi par la curiosité et par le souvenir d’une enfance en ces lieux, et muni de carnets, j’ai erré dans des ruelles montréalaises à la recherche de paysages, de personnages, de scènes propres à me captiver, à m’émouvoir. Il en est résulté un livre intitulé Ruelles, jours ouvrables (2005).
Pour une approche géopoétique de la lecture. Avancées dans l’univers de Victor Segalen
Champ de recherche et de création, la géopoétique vise à concilier deux démarches différentes, l’une orientée vers la connaissance et marquée par la rigueur et la logique, l’autre vers l’écriture ou la pratique artistique et faisant jouer les ressorts de l’intuition et de la sensibilité.
«Rabatteur d’étoiles» de Rachel Leclerc. Essai de lecture géopoétique
Mon objet étant plutôt la dynamique de la lecture que l’acte de création en lui-même, la question qui sous-tend mon analyse est moins de savoir comment la proximité à la terre peut renouveler le langage poétique que de savoir comment Kenneth White, la parole poétique peut transformer notre rapport aux lieux.
Considérations esthétiques sur le Saguenay
«Esthétique» est un mot difficile à manier. Comme tout terme essentiel, il aura été employé dans tant de contextes, la plupart du temps confus, qu’il a besoin d’un travail radical de carénage avant d’être susceptible d’avancer à nouveau dans l’univers du discours et de la découverte.
Paysages du froid. Des référents nordiques à l’expérience géopoétique dans les représentations visuelles.
Il s’agira d’aborder les liens entre la géopoétique et les oeuvres à caractère nordique, afin d’examiner en quoi ces représentations «font émerger un monde». L’objectif est d’établir quels sont les éléments de la nordicité privilégiés dans l’expérience géopoétique.
Vers une architecture géopoétique
Pendant longtemps, une conception fonctionnaliste et puriste a prévalu dans le monde occidental, créant ainsi le dualisme du sensible et de l’intelligible hérité de la philosophie cartésienne et qui se traduit en architecture par l’abolition des liens entre le bâti et l’être humain.