Cahiers Figura, numéro 27, 2011
Figures et discours critique
Les articles réunis dans ce volume relèvent d’un exercice, d’une expérience visant à réévaluer l’articulation de la figure à la pensée dans la production critique ou théorique. L’usage des figures met-il en danger une analyse dite rigoureuse? Faut-il, au nom d’une certaine objectivité, refuser le jeu de l’imaginaire lorsqu’on désire agir (lire, écrire ou relire pour réécrire) sur le terrain de la théorie? Loin de toute apologie de l’écriture élégante, les auteurs de ces articles interrogent l’impact de la figure, la manière dont la pensée critique travaille avec et par des figures, ouvrant le discours des études littéraires et artistiques, souvent réservé à des lecteurs spécialisés, à un lectorat plus large.
Avec des textes de Mathilde Branthomme, Isabelle Buatois, Valérie Cools, Sylvain David, Christina Jürges, Véronique Labeille, Charles Robert Simard et Mirella Vadean.
Articles de la publication
Avant-propos. La figure, force de l’imaginaire de la pensée
Écrivains, philosophes, cinéastes, musicologues et peintres ont recours à la figure dans leur discours sur l’art, non seulement dans le but d’embellir leur propos, mais aussi dans celui d’atteindre, de transmettre, voire de provoquer une pensée critique.
Critique figure / hâtive
Alors que le concept se veut un principe général, à l’aune duquel il est possible d’évaluer un fait singulier, la figure s’apparente davantage à une forme d’analogie: l’analyse qui fait recours cherche en effet à comprendre un phénomène obscur ou étrange -donc insaisissable- en assimilant celui-ci à la qualité principale, emblématique, d’un élément connu, aux contours et aux caractéristiques bien définis.
Figures. De l’obsession à la séduction et vice versa
Une figure m’obsède. Une figure me hante, une figure porteuse d’inquiétante étrangeté, de «Unheimliche» freudien. Fantôme qui ne demeure pas dans mon inconscient, mais qui vient résider dans mes pensées. Ces pensées qui se voudraient théoriques, rationnelle et logiques, fidèles et claires comme de l’eau de roche.
Le lecteur en théorie. Entre plusieurs modes de pensée
Les théories de la réception, en littérature tout comme en cinéma ou en art, mettent l’accent sur le fait qu’une oeuvre est vue, lue, ou consommée par un public. Il s’agit d’un champ d’étude théorique offrant de multiples possibilités d’approche, car le fait de penser le lecteur présente différentes problématiques, dont certaines sont difficilement conciliables.
Actualité de la «fonction-auteur». Entre disparitions et résurrections successives
L’époque dite et inscrite comme étant «postmoderne» est de nos jours couramment associée, tant pour l’expliciter que pour la critiquer, à une pensée à la fois historico-conceptuelle et culturelle de l’«après», de l’a posteriori, de l’épuisement, de la déception, bref de la succession malheureuse.
Manipulation de figure. Le miroir de la mise en abyme
La figure du miroir pour comprendre la mise en abyme est aujourd’hui si répandue que le concept tend à s’y réduire. Toutefois, l’interrogation sur le terme même de «mise en abîme» et son rapport au miroir, ainsi que la question de son utilisation dans l’analyse universitaire sont régulièrement soulevées depuis que Dällenbach les a théorisées dans son ouvrage «Le récit spéculaire», faisant ainsi suite aux recherches de Gide.
Lieux imaginaires et espaces sémiotiques. Les figures spatiales dans les romans de Marie-Célie Agnant et de Renan Demirkan
L’histoire du Canada est celle d’un pays d’immigration. L’Allemagne, par contre, n’est devenue un pays d’immigration qu’après la Deuxième Guerre mondiale. Même s’il s’agit de deux phénomènes d’immigration différents, on y constate néanmoins un certain nombre de points communs. Les expériences des migrants sont devenues des sujets dans les deux champs littéraires, dans les littératures migrantes tant canadienne qu’allemande.
La figure comme moyen d’une approche critique transdisciplinaire. Exemple de l’image ouverte de Georges Didi-Huberman
Dans l’oeuvre critique du philosophe et historien de l’art Georges Didi-Huberman, l’image ouverte est une figure qui, tout en étant productive de sens, c’est-à-dire en permettant une (ou des) lectures(s) de l’oeuvre d’art, engage le corps en regardant.
La ritournelle comme mode de pensée lié au figural
L’imagination créatrice n’est pas uniquement attribut d’auteur, mais aussi attribut du lecteur. En effet, à travers la lecture, le lecteur donne corps à sa pensée, grâce à des figures qui émergent sans cesse.