Conférence, 6 juin 2018

Boucles critiques et métalepses stériles: quelle(s) réfléxivité(s) en régime pop?

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Afin de marquer le début du colloque Pop 2018: Genres, recyclages, franchises, fans, Denis Mellier, professeur à l’Université de Poitiers et fervent collaborateur de Pop-en-stock, a offert, le 6 juin 2018 à l’Université du Québec à Montréal, une conférence intitulée «Boucles critiques et métalepses stériles: quelle(s) réfléxivité(s) en régime pop?».

«Si les figures de la métalepse ou de la boucle paradoxale —Ouroboros ou anneau de Moebius— ont pu apparaître surprenantes, sophistiquées ou subversives, si elles ont pu être décrites comme les meilleurs agents d’une conception critique visant des dispositifs et des imaginaires narratifs linéaires et normés, elles sont désormais à élever au rang des stéréotypes culturels majeurs de la culture pop.

Que la culture pop soit devenue intrinsèquement méta, signifie-t-il si assurément le gage de sa maturité critique, cela implique-t-il nécessairement un gain émancipateur rechargeant les formes poétiques de sa production comme de sa réception. On sait que les époques particulièrement réflexives peuvent aussi bien lues comme sommet de la maîtrise d’une forme au plus haut degré de conscience d’elle-même qu’à l’inverse, comme symptôme d’une dévitalisation autotélique coupable: si le régime pop contemporain des fictions peut-être lu comme néo-baroque, il n’évite pas pour autant de retrouver les vieux reproche anti-baroque et de fait, anti-réflexifs.

Toutes les poétiques de la reprise (citation, pastiche, parodie stylistique, formelle ou générique, explicite intertextuel ou transmédiatique, etc.) ouvrent idéalement un scène réflexive qui expose le média lui-même, interroge les conditions de sa production ainsi que les formes de sa réception ou de sa consommation.

En ce sens, une histoire longue de la transtextualité (au sens extensif hérité du modèle genettien) est inséparable d’une pensée de la réflexivité comprise comme discours critique ou dynamique réactive contre des dominantes ou des axiologies qui contrarient les formes de la culture narrative savante tout comme pop. Dans un état de réflexivité généralisée (banalisée?), quand le moindre comics, slasher, ou B movie affiche son discours méta, quelle(s) réflexivité(s) sont encore possible si l’on entend les penser dans la continuité d’une tradition théorique qui l(es)’envisage(nt) comme de procédures critiques de complexification émancipatrice? En a-t-on fini avec ce modèle? Quelles réflexivités sont encore possibles —souhaitables?— dans les médiacultures contemporaines?» (Texte de Denis Mellier)

Denis Mellier est professeur à l’Université de Poitiers où il enseigne la littérature comparée et le cinéma. Il est un des fondateurs du master Bande dessinée à l’Université de Poitiers et à l’Ecole Européenne Supérieure de l’Image. Il est responsable du doctorat création/recherche en bande dessinée créé en 2016. Il a publié des articles et des ouvrages sur le fantastique en littérature et cinéma, sur la fiction policière, sur les formes de la réflexivité dans la culture. Il publie en ce moment particulièrement sur la bande dessinée métafictionnelle et la création de mondes.

© Crédit photo: Megan Bédard
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