Colloque, 26 mars 2015

Renouveau des potentialités de la mise en récit à l’ère médiatique

Malek Garci
Emilie Lamoureux
couverture
Figura-NT2 Concordia / IIIe édition du CLeRM – Le Colloque étudiant en Littérature et Résonances médiatiques 2015, événement organisé par Emilie Lamoureux et Sara-Danielle Gagnon

Plus que jamais, la littérature est envisagée dans ses interactions et ses «résonances» avec d’autres formes d’arts et de pratiques culturelles. Le monde de l’écrit s’étend désormais au-delà des frontières de l’imprimé et des médias traditionnels pour investir l’espace public, les plates-formes artistiques et les écrans numériques.

C’est dans cette perspective que s’est tenue, en février 2015, la troisième édition du colloque étudiant en Littérature et Résonances médiatiques de l’Université Concordia (CLeRM), qui a vu défiler une dizaine de participants se spécialisant dans des domaines de recherche aussi variés que la littérature, les jeux vidéo ou la photographie. Ce dossier est une compilation de quelques articles inspirés des communications présentées lors du colloque par des étudiants-chercheurs qui s’intéressent notamment à l’émergence des nouveaux supports littéraires et à l’interaction entre ces derniers et le «livre», dans l’acception classique du terme.

Mélissa Goulet (UQAM) met en lumière l’actualisation du concept de théâtralité dans L’appât (2011) de José Carlos Somoza. Présentant des «personnes-personnages», ce roman est le fruit du questionnement de l’auteur espagnol sur la place de l’art contemporain, et plus précisément du théâtre, dans notre société moderne. À travers de nombreuses références à l’œuvre de Shakespeare, Somoza explore diverses façons de penser le monde comme un théâtre –de faire du monde un théâtre– en poussant l’expérience jusqu’à inclure le lecteur dans ce processus puisqu’il met à mal le pacte de lecture tacitement établi entre le narrateur et le lecteur.

Fabrice Marcoux (Université de Montréal) nous emmène ensuite dans l’Ouest canadien à travers l’ouvrage autobiographique de Mahigan Lepage. Prolongement du blogue de Lepage, Le dernier des Mahigan relate la traversée du pays de l’auteur. Marcoux questionne le passage du format numérique au format papier en analysant les types de modifications nécessitées par la transposition du récit dans le support traditionnel du livre. Publié d’abord chez Publie.net (2009) et réédité par Mémoire d’encrier (2011), Vers l’Ouest permet au chercheur de s’interroger sur les significations de ces transformations et sur la réception de l’œuvre par son public.

Les techniques numériques vidéoludiques sont mises à l’honneur dans l’étude de la «mise en récit et de la création d’univers fictionnels dans les pratiques culturelles de genre “Fantasy”» où Erwan Geffroy (UdeM-Université de Rennes) s’intéresse à l’évolution de l’importance accordée à la littérature dans les jeux vidéo. Suivant une approche intermédiatique qui englobe le «cycle» romanesque Lord of the Rings, les jeux de rôle papier tels que Dungeons & Dragons et le jeu vidéo à l’instar d’Arche Age, il rend compte de la mutation vécue par la notion de mise en récit –de linéaire à participative– qui permet notamment au joueur d’expérimenter le processus créatif.

Quant à Elizabeth Stuart (Université de Montréal), elle analyse, à travers les Ouvrages d’Annette Messager, le potentiel signifiant du mur en tant que support de l’écriture. Optant pour une problématisation des médias dans une perspective intermédiale, les calligrammes et les photographies en noir et blanc de l’artiste française lui permettent de questionner les réseaux d’objets matériels et le mécanisme d’archivage propre aux médias. Le nouvel acte de lecture qui en découle et les divers lieux de légitimation de la littérature figurent parmi les sujets d’intérêts et de recherche qu’elle met ici à l’œuvre.

Enfin, dans une démarche qui repose sur des interactions multiples, David Berthiaume-Lachance concentre ses investigations autour des champs théoriques de la résistance et du livre-objet. S’inspirant de la figure arthropodique du phasme, son projet –disposer de manière anonyme des cahiers contenant des dessins qui réfèrent à des situations d’injustice sociale– se veut également une invitation à l’échange. Le caractère subversif des messages ainsi délivrés est un appel à la révolte, et ses cahiers, le médium qu’il utilise pour susciter une réaction chez ce destinataire inconnu qu’est l’Autre. La synergie qu’il veut ainsi mettre en place se révèle à forte visée politique et expérimente un nouvel aspect de l’intermédialité à l’œuvre.

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