Colloque, 17 juin 2016

La chair monstrueuse pour transgresser les marges du corps féminin social dans «Dirty Plotte» de Julie Doucet

Julie Vincent
couverture
Imaginaires, théories et pratiques de la culture populaire contemporaine, événement organisé par Samuel Archibald, Megan Bédard, Jean-Michel Berthiaume, Fanie Demeule, Antonio Dominguez Leiva, Sarah Grenier-Millette, Mathieu Li-Goyette et Philippe St-Germain

«Julie Doucet, auteure de bande dessinée reconnue sur la scène québécoise et internationale, s’inscrit dans la mouvance underground qui bouleversa l’univers de la bande dessinée autobiographique québécoise à la fin des années 1980. C’est au cours de ses études en arts à l’Université du Québec à Montréal que Doucet se découvre un intérêt pour le neuvième art et amorce la production de sa première œuvre, Dirty Plotte, qu’elle publie de manière autonome sous forme de fanzine mensuel de 1988 à 1990. L’auteure nous propose, dans cette œuvre à l’esthétique trash, des fragments de sa vie quotidienne, de ses rêves et de ses angoisses qu’elle documente en français et en anglais. Plus encore, la page couverture du fanzine propose une inscription frappante qui cimentera le caractère subversif de l’œuvre: “Fanzine Féministe of Bad Taste”.  Très évocatrice, cette étiquette apposée au fanzine nous permet de croire que Doucet ne cherche pas seulement à s’exposer sur la place publique dans un but narcissique ou thérapeutique, mais tente plutôt de se poser en messagère revendiquant un discours contestataire.

Cette communication se propose de voir comment la mise en scène de la chair chez Doucet produit une œuvre intermédiale qui transgresse les discours dominants sur le corps féminin social. Pour ce faire, nous entreprendrons notre réflexion en démontrant que les choix narratifs de l’auteure, ainsi que le mode de diffusion de l’œuvre participent à l’élaboration d’un discours personnel, critique et engagé. Nous verrons ensuite, par l’analyse du titre même de l’œuvre, soit Dirty Plotte, que Doucet récupère une expression connue et connotée négativement pour les femmes pour en faire le matériau subversif de son discours. À la suite de cette double mise en contexte, nous procéderons à l’analyse en profondeur de l’œuvre pour voir comment le traitement du corps permet l’élaboration d’un discours de la chair transgressif. Pour ce faire, nous découperons notre réflexion selon deux angles thématiques. Le premier concerne la mise en scène des fluides à l’intérieur du récit. Nous verrons comment ceux-ci occupent l’espace diégétique et provoquent un renversement de signification. Finalement, nous aborderons la question du corps féminin monstrueux à l’aide de deux procédés utilisés par Doucet dans l’œuvre: la défiguration et la mutilation. Nous chercherons à prouver que ces procédés servent à renégocier les codes sociaux régissant le corps féminin.»

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