Journée d'étude, 20 mai 2022
Être femme et écrire en occitan pendant la Seconde Guerre mondiale: les oubliées des histoires littéraires
Au XXe siècle, de plus en plus d’études sur la place des femmes dans l’histoire littéraire française voient le jour, cependant les critiques littéraires et les historiens de la langue d’oc ne semblent pas encore s’intéresser fermement à ce sujet. La figure féminine, qu’elle soit publique ou anonyme, souffre souvent d’une non-reconnaissance et, si la femme ne se cache pas derrière l’emploi d’un pseudonyme masculin, elle est généralement étouffée. C’est particulièrement le cas au cours de la Seconde Guerre mondiale, où l’on rencontre une surreprésentation de l’homme, l’homme-soldat, l’homme politique, l’homme-héros. L’analyse indexique des deux histoires littéraires majeures de l’espace occitan du XXe siècle (Camproux 1953 et Lafont et Anatole 1970) témoigne de cet effet palimpseste qui invisibilise les écrivaines de langue d’oc au cours de l’histoire, du moyen-âge au XXe siècle, représentées dans ces histoires littéraires à une hauteur inférieure ou égale à 3%. Étudier la place des femmes dans l’espace littéraire amène donc à s’interroger à la fois sur le rôle qu’elles ont pu jouer dans la production et l’institution de langue d’oc pendant la Seconde Guerre mondiale et avant tout, sur l’importance qui leur est accordée dans les histoires littéraires déjà publiées. Enfin, se questionner sur la place des femmes dans la littérature en langue d’oc pendant la Seconde Guerre mondiale revient donc à ancrer la réflexion dans une approche intersectionnelle à trois niveaux. Dans la société française de la première moitié du XXe siècle, plongée dans le second conflit mondial, quelle place est réservée aux femmes qui écrivent dans cette langue d’oc minorisée?