Colloque, 23 avril 2014

Conversion du regard et conjonction générique. Portrait du Brésil en tombeau littéraire par Blaise Cendrars et Jean Manzon

David Martens
couverture
L’imaginaire contemporain. Figures, mythes et images, événement organisé par le Centre de recherche sur le texte et l'imaginaire Figura

En 1952, Blaise Cendrars et Jean Manzon signent conjointement le volume consacré au Brésil dans la collection «Escales du monde» (Les Cahiers d’Art – Monaco). La rencontre entre l’écrivain et le photographe n’est pas seulement celle de deux amoureux du pays. Elle est aussi celle d’un auteur fasciné de longue date par la photographie et qui a publié, quelques années auparavant, en collaboration avec Robert Doisneau, La Banlieue de Paris, et celle d’un photographe qui a contribué à fonder Paris-Match et qui a passé une longue partie de sa vie au Brésil.

Ce volume participe d’un genre particulièrement en vogue après la Seconde Guerre mondiale. Le portrait de pays donnera lieu à plusieurs collections d’albums richement pourvus en images, essentiellement photographiques, et faisant fréquemment intervenir des écrivains. Ce type d’ouvrage, qui suppose une interaction entre le textuel et l’iconographique, implique fréquemment d’une interaction entre intervenants. Dès lors, des disparités sont susceptibles d’apparaître, sur le plan générique notamment, et de laisser des traces dans la configuration des ouvrages.

Dans le cas du Brésil de Manzon et Cendrars, si la dimension documentaire des photographies du premier paraît prégnante, le texte du second répond mal aux attentes induites par le genre. Dans ce portrait de pays quelque peu décevant du point de vue informatif, l’essentiel semble se jouer ailleurs, et notamment dans le déplacement de la fonction dévolue au photographique par le texte de Cendrars, qui non seulement préface l’album de photo, selon le principe de la collection, mais qui annote en outre ces images de façon à leur faire servir au tombeau littéraire qu’il conçoit pour son mécène et ami brésilien Paulo Prado, dédicataire de sa préface.

David Martens enseigne la littérature française moderne et contemporaine (XIXe – XXIe siècles) à l’Université de Louvain (KU Leuven). Chercheur au sein du groupe MDRN, il consacre l’essentiel de ses recherches aux figurations de l’écrivain et à ses modes de médiatisation (iconographies de l’écrivain, entretiens, formes du discours critique). Rédacteur en chef de la revue en ligne Interférences littéraires/Literaire interferenties, il a dirigé une dizaine d’ouvrages collectifs. L’un de ses principaux axes de recherche porte sur le recours au pseudonyme en littérature.

Type de contenu:
Ce site fait partie de l'outil Encodage.