Article d'une publication

«La Petite suite au 11 septembre» d’Henry Bauchau. Une réponse poétique au discours médiatique et à sa «folie d’images»

Isabelle Vanquaethem
couverture
Article paru dans Fictions et images du 11 septembre 2001, sous la responsabilité de Bertrand Gervais et Patrick Tillard (2010)

Dans son journal intitulé, d’après le nom de sa rue, Passage de la Bonne-Graine, l’écrivain belge Henry Bauchau témoigne de ce qu’il a ressenti en regardant les tours de Manhattan s’effondrerle 11 septembre 2001: «Les images sont si fortes, l’événement si brutal que dans un premier temps ils écrasent la pensée et le sentiment», écrit-il le soir des attentats. En cela, le saisissement d’Henry Bauchau converge avec celui d’une majorité des spectateurs devant leur écran: la violence répétitive des images, leur itération stérile, le suspens intentionnel du son pendant la retransmission de l’effondrement des tours —qui empêche la scène d’être médiatisée par une voix qui lui donnerait sens—, ont pour conséquence de provoquer un état de stupeur et d’aphasie collective qui ne permet pas de penser ce qui se déroule sous les yeux de chacun. Sur le moment, le corps politique, frappé de mutisme, laisse la main au discours médiatique qui, répétant son impuissance face aux images qui défilent, souligne les limites de la parole face à l’événement.

Ce site fait partie de l'outil Encodage.